Rechercher
Rechercher

Actualités

De Villepin demande le respect de la souveraineté... au nom du Traité de fraternité libano-syrien Sfeir : La France fera encore beaucoup pour aider le Liban

Nouvelle journée officielle, hier, pour le patriarche maronite, en visite officielle et pastorale en France depuis une semaine. C’est à l’hôtel de ville, cette fois, que le patriarche Sfeir a été reçu. Réception officielle au cours de laquelle le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et le patriarche Sfeir ont prononcé des allocutions qui, d’une certaine manière, décrivent le Liban tel que le veut le patriarche, et que le souhaite la France. La veille, les contours de ce Liban s’étaient dessinés encore plus précisément, et le ministre français des AE, Dominique de Villepin, avait demandé tout à la fois le respect des échéances constitutionnelles, celui des engagements à la privatisation pris au cours du forum de Paris II et celui du Traité de fraternité, de coopération et de coordination entre le Liban et la Syrie, de 1991. Pour sa part, le patriarche Sfeir avait affirmé que la France fera encore beaucoup pour aider le Liban à retrouver sa place dans la communauté des nations souveraines.
À l’hôtel de ville, siège de la mairie de Paris, M. Delanoë a rendu hommage « au pluralisme culturel et religieux au Liban » et exprimé son admiration pour la figure du patriarche qui « agit avec sagesse et courage pour défendre le Liban et répandre le message de l’amour et de la fraternité ». Le patriarche, pour sa part, a commencé par remercier le maire de Paris pour l’aide qu’il apporte aux Libanais en général et en particulier au Foyer franco-libanais, permettant ainsi aux Libanais d’effectuer leur séjour d’études à Paris dans les meilleures conditions. « Comme chacun sait, a enchaîné le patriarche Sfeir, le Liban se trouve être dans une région dont le général De Gaulle avait dit : “Je suis venu dans cet Orient compliqué avec des idées simples”. Malheureusement, de nos jours, cet Orient semble de plus en plus compliqué, par le fait d’événements douloureux dont il est le théâtre, depuis plus d’un demi-siècle. Récemment, la situation dans cette région vient de se compliquer encore davantage. Sans vouloir entrer dans les détails, on se rend compte que la guerre, loin de trouver des solutions à nos problèmes, ne fait que les rendre encore plus insolubles. Nous le savons pertinemment pour l’avoir payé très cher. Il est facile de déclencher des hostilités, mais il est difficile de trouver la voie pour en sortir. C’est le cas de notre pays ; c’est aussi le cas de notre région ».
« Notre pays se caractérise par ce qu’il est convenu d’appeler la convivialité islamo-chrétienne, a poursuivi le patriarche (...) Les communautés libanaises ont connu, dans leur histoire, des conflits assez graves surtout sous l’effet des ingérences extérieures. Mais à chaque fois, ces communautés retrouvaient le ressort pour reconstituer leur unité ». Pour le patriarche, « le secret de ce ressort se trouve dans la foi en Dieu et dans la cohésion de la famille, fondation de la stabilité sociale ». « Paradoxalement, a-t-il enchaîné, l’émigration a été et reste un élément de base de la cohésion de la famille libanaise, car il n’y a pratiquement pas une famille au Liban qui n’ait quelques membres à l’étranger qui cherchent à faire quelques économies, au prix de grands sacrifices, consentis librement, pour aider leurs parents et leurs frères et sœurs demeurés dans la mère patrie ». C’est, notamment, « ce qui donne l’espoir de voir la patrie libanaise se relever et retrouver la place qui lui revient dans la société des nations ; certes, à condition qu’elle puisse recouvrer sa souveraineté et sa libre décision en assumant sa responsabilité à l’égard d’elle-même », a conclu le patriarche Sfeir.
Parmi les convives présents, on notait la présence de Carlos Eddé, Amid du Bloc national, des anciens ministres Henri Eddé et Sélim Jahel, du cardinal Jean-Marie Lustiger, du prince Édouard de Lobkowicz, de Mme Maha Khalil el-Chalabi et de représentants de plusieurs partis français et libanais.
En soirée, le patriarche a assisté à un dîner offert en son honneur par l’ambassadrice du Liban à l’Unesco, Samira Daher.

Respect des échéances constitutionnelles
La veille, au Quai d’Orsay, le patriarche avait entendu, de la bouche du ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, des propos d’une extrême sobriété. Revenant sur les deux visites précédentes effectuées par le patriarche Sfeir en France, en 1986 et 1994, le chef de la diplomatie française avait évoqué la visite patriarcale au Chouf, en 2001, et le synode patriarcal maronite, qui a jeté et consolidé « les bases de la rencontre, de la réconciliation et du dialogue » au Liban, pour se féliciter de ce que le Liban « soit parvenu à renouer avec sa tradition démocratique en insufflant une nouvelle vie à ses institutions ».
« Cette démocratie, a-t-il ajouté, est à la fois le résultat et le garant de la coexistence pacifique et constructive entre les religions. La poursuite de cette ouverture et la consolidation de l’État de droit doit permettre à toutes les tendances d’être représentées et de s’exprimer librement. Les échéances électorales, présidentielle fin 2004 et législative, au printemps 2005, seront l’occasion pour le Liban de dire au monde qu’il est fidèle aux idéaux dans lesquels il croit et qu’il respectera totalement les principes constitutionnels et démocratiques ». Insistant sur « l’appui total de la France » aux efforts de réforme financière au Liban, Dominique de Villepin avait enchaîné en demandant au Liban de respecter les engagements qu’il a pris lors du forum de Paris II, notamment les privatisations, « importantes pour la crédibilité du Liban aux yeux de la communauté internationale et pour écarter la menace d’une crise économique et financière ».
Sur les relations libano-syriennes, M. de Villepin devait déclarer : « La force et l’ancienneté des relations historiques, culturelles, économiques et humaines entre le Liban et la Syrie justifient des relations privilégiées entre le Liban et la Syrie, mais ceci doit se manifester dans le respect total de la souveraineté et de l’indépendance de chacun des deux États, comme le prévoit le Traité de fraternité, de coopération et de coordination conclu en 1991 entre les deux États. Il faut poursuivre la redéfinition des rapports entre les deux États conformément à l’accord de Taëf et à la loi internationale ».

La France fera encore
beaucoup
Pour sa part, dans sa réponse, le patriarche avait déclaré : « En pensant au liban, nous ne pouvons pas oublier qu’il se situe dans une région qui n’a pas connu la paix depuis plus d’un demi-siècle (...) Là, je me contente de citer le Bienheureux pape Jean XXIII, qui était nonce à Paris, dans son encyclique Pacem in Terris. Il écrit à ce propos : “Des communautés politiques ayant entre elles des droits et des devoirs réciproques doivent donc harmoniser leurs relations selon la vérité, la justice, en esprit d’active solidarité et dans la liberté. La même morale qui régit la vie des hommes doit régler aussi les rapports entre les États. Il ne saurait y avoir de paix dans le monde sans ces conditions” ». « Jean XXIII dit aussi, et cela s’applique à mon pays, a enchaîné le patriarche, “que l’organisation internationale doit respecter la liberté. Ce principe interdit aux nations toute ingérence dans les affaires internes des autres comme toute action oppressive à leur égard (...)” Si le Liban était libéré de toute immixtion dans ses affaires intérieures, il ne serait pas endetté de trente-cinq milliards de dollars, ses jeunes seraient restés dans son sein, et se dispenseraient de dépenser toute leur énergie à résoudre les problèmes de la vie quotidienne ; ce qui leur interdit de prendre leur essor. »
Nouvelle journée officielle, hier, pour le patriarche maronite, en visite officielle et pastorale en France depuis une semaine. C’est à l’hôtel de ville, cette fois, que le patriarche Sfeir a été reçu. Réception officielle au cours de laquelle le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et le patriarche Sfeir ont prononcé des allocutions qui, d’une certaine manière, décrivent...