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Exécutif - Entretenu par un tapage médiatique, le malaise social s’amplifie Le Conseil des ministres planchera ce matin sur les dossiers des carrières et de l’EDL

Le président Émile Lahoud soulignait lundi dernier devant une délégation d’hommes d’affaires libanais qu’« il est temps de s’occuper des problèmes socio-économiques ». Ce n’est peut-être qu’une coïncidence, mais cette petite phrase du chef de l’État intervient alors que, précisément, tous les problèmes socio-économiques (ou du moins une bonne partie d’entre eux) sont subitement remis sur le tapis de façon concomitante.
Depuis plusieurs jours, l’on assiste en effet à un véritable tapage médiatique, entretenu par un débalage verbal dans les milieux politiques, concernant la cascade de problèmes socio-économiques auxquels est confronté le gouvernement. Et comme dans un jeu de poupées russes, chaque problème en cache un autre. Du dossier conflictuel des carrières à la question du déficit financier de l’Électricité du Liban, en passant par les trous budgétaires à la Caisse nationale de Sécurité sociale ou la grogne croissante des organisations syndicales, le malaise social se manifeste au grand jour à tous les niveaux et dans plus d’un secteur en s’amplifiant.
La crise est, certes, réelle et pèse de tout son poids sur la vie quotidienne du Libanais moyen. Mais il est permis de s’interroger sur les tenants et les aboutissants du tapage médiatique auquel nous assistons. Est-il uniquement le reflet du marasme généralisé qui frappe toutes les couches de la population ou est-il, aussi, orchestré par des sphères influentes pour servir des intérêts politiciens ou bassement matériels et mercantiles ? À titre d’exemple, il se dégage, à l’évidence, des relents de scandales dans l’affaire des carrières, sous l’angle de l’approvisionnement du pays en gravier qui pourrait être importé par des personnalités de haut rang. De telles magouilles économico-financières ne se limitent d’ailleurs pas au seul dossier des carrières et, dans un tel contexte, il reste difficile de séparer le bon grain de l’ivraie pour déterminer si les prises de position qui pullulent ici et là sont sincères ou cachent, dans certains cas, des intérêts inavoués (et inavouables).
En tout état de cause, le Conseil des ministres qui se tiendra ce matin sous la présidence du président Lahoud planchera essentiellement sur les deux principaux dossiers qui occupent le devant de la scène médiatique depuis plusieurs jours, à savoir : l’affaire de la fermeture des carrières et la décision du conseil d’administration de l’Électricité du Liban d’augmenter les frais de branchement (ou d’abonnement) au réseau électrique. Pour ce qui a trait au premier point, le président Lahoud s’oppose toujours à toute réouverture des carrières. Le Conseil des ministres devrait réaffirmer cette position aujourd’hui, tout comme il devrait prendre acte du résultat de la mission effectuée hier à Damas par le ministre du Transport, Négib Mikati, qui a examiné avec son homologue syrien les modalités de l’exportation de gravier syrien vers le Liban (voir page 3).
Quant au problème de l’EDL, il a été au centre de la réunion hebdomadaire que le général Lahoud a tenue hier matin avec le président de la Chambre, Nabih Berry. Au terme de l’entretien, M. Berry devait faire état d’une convergence de vues entre le président Lahoud et lui-même au sujet de la nécessité pour l’Exécutif de se pencher sur l’ensemble de la situation dans laquelle se débat l’EDL. Annonçant la couleur à la veille du Conseil des ministres, M. Berry a indiqué qu’il avait été convenu lors de son entrevue avec le président Lahoud que la décision d’augmenter le coût de l’abonnement à l’électricité devrait être annulée.
Les sources proches de Baabda précisent dans ce cadre que le président Lahoud insiste pour que la direction de l’EDL fournisse des rapports détaillés sur l’évolution de la perception des factures d’électricité dans les différentes régions afin de déterminer dans quelle mesure les branchements illicites ont été abolis. Le chef de l’État serait favorable sur ce plan à une augmentation, non pas des frais d’abonnement, mais plutôt des tarifs touchant les foyers qualifiés d’« aisés ». Pour le président Lahoud, une telle augmentation devrait s’accompagner d’une réduction des tarifs imposés aux couches défavorisées de la population. Reste à savoir dans quelle mesure une telle approche pour équilibrer le budget de l’EDL ne risque pas de déboucher, dans la pratique, sur une nouvelle inéquité dans le paiement des taxes et des impôts perçus par l’État.

Michel TOUMA
Le président Émile Lahoud soulignait lundi dernier devant une délégation d’hommes d’affaires libanais qu’« il est temps de s’occuper des problèmes socio-économiques ». Ce n’est peut-être qu’une coïncidence, mais cette petite phrase du chef de l’État intervient alors que, précisément, tous les problèmes socio-économiques (ou du moins une bonne partie...