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Congrès - Réunion de la fondation du Comité arabe de bioéthique La procréation médicalement assistée : entre progrès scientifiques et principes sociaux(photo)

Le 25 juillet 1978, la naissance, en Angleterre, de Louisa Brown, premier enfant ayant vu le jour grâce à des techniques de fécondation in vitro, a suscité l’admiration des populations et donné de l’espoir à beaucoup de couples. Une technique qui a également provoqué de nombreuses critiques, selon lesquelles il s’agit d’une méthode qui va à l’encontre des coutumes et des principes religieux. La question qui se pose à ce niveau est celle de savoir si les limites entre les progrès technologiques et scientifiques et les principes des sociétés sont bien tracées. Une question à laquelle ont tenté de répondre des spécialistes lors d’un congrès sur « Les techniques de procréation médicalement assistée et l’éthique », tenu hier à l’hôtel « Le Bristol », dans le cadre de la réunion de fondation du Comité arabe de bioéthique.

Présidée par M. Marwan Hamadé, ministre de l’Économie et du Commerce, président du Comité consultatif national libanais d’éthique (CCNLE) et membre du Comité international de bioéthique-Unesco, la première session a porté sur « Les techniques de procréation médicalement assistée et l’éthique », un sujet développé par le Dr Adnane Mroué, chef du département de gynécologie à l’hôpital de l’Université américaine de Beyrouth (AUH) et vice-président du CCNLE, et le Dr Fathia el-Zoghl, professeur à la faculté de sciences de l’Université de Tunis al-Manar.
La stérilité est un problème qui touche autant d’hommes (50 %) que de femmes (50 %) au monde, estiment des études effectuées dans ce domaine. Ces chiffres mettent en évidence le besoin urgent de recourir aux techniques de procréation assistée pour avoir des enfants, les plus utilisées étant l’insémination artificielle, la fécondation in vitro, le transport dans l’utérus (Fivette) et l’injection cytoplasmique du sperme.
Mais aussi prometteuses qu’elles soient (le taux de réussite a atteint dernièrement les 40 %), ces techniques ne demeurent pas sans complications. En effet, plusieurs femmes ayant eu recours à ces méthodes ont des grossesses multiples (24 % de jumeaux et 5 % de triplés). De plus, certains nouveau-nés pourraient avoir une taille au-dessous de la moyenne ou souffrir de malformations congénitales. En ce qui concerne le taux de mortalité périnatale, il est neuf fois supérieur à celui observé dans les grossesses normales.
Mais le plus gros problème qui se pose à ce niveau demeure celui de l’abus dans le recours à ces méthodes, notamment de la part de parents sains, qui, à travers l’eugénisme, cherchent à définir le sexe de leur enfant ou à donner le jour à des enfants surdoués ou grands de taille, à titre d’exemple.
D’autres problèmes rencontrés sont ceux de la congélation des gamètes pour une période de cinq ans dans certains pays (France), le recours à des mères porteuses, l’examen de l’embryon avant son implantation, la procréation après la mort en préservant le sperme de l’homme décédé, la grossesse après la ménopause, l’adoption de l’embryon et le recours à ces techniques pour effectuer des recherches sur les cellules souches pluripotentes des embryons.
Ces méthodes de procréation médicalement assistée, considérées comme une aubaine, restent toutefois de l’apanage des personnes aisées puisqu’il faut compter entre 6 000 et 10 000 dollars pour pouvoir en bénéficier, sans parler des médicaments à prendre et dont le coût peut atteindre les 2 000 dollars. De même, certaines catégories sociales ne peuvent en tirer profit puisque la loi les en empêche. Il s’agit notamment des couples homosexuels et des vieilles filles.

Dans les universités
Le secrétaire général du CCNLE et ancien président de l’Ordre des médecins, le Dr Fouad Boustany, a présidé la deuxième session qui a porté sur « L’éthique dans le cursus universitaire ».
À l’Université américaine de Beyrouth (AUB), cette matière a été intégrée dans le cursus, en 1993, à l’intention des étudiants de troisième année, explique le Dr Moustapha Khoujali, chef de la section de médecine familiale et président du comité d’éthique du centre hospitalier de l’AUB (AUH), qui ajoute que cela a pour objectif de permettre aux étudiants de faire face aux défis moraux lors de leur internat, leur résidanat ou lors de l’exercice de leur profession. Le Dr Khoujali a, par la suite, rappelé l’historique de la science éthique, notamment dans la médecine, ses principes (autonomie, charité, justice, confidentialité et véracité), les principaux événements éthiques médicaux ainsi que les lois et les chartes promulguées dans ce sens. Et de conclure en présentant les résultats d’un questionnaire effectué auprès de 277 étudiants à la faculté de médecine de l’AUB sur des questions en relation avec l’éthique.
Le Dr Pierre Farah, doyen de la faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph, a indiqué que l’USJ enseigne cette matière depuis plusieurs années déjà, les principes de l’éducation étant sujets, selon les responsables de l’université, aux principes suivants : sensibiliser les étudiants aux problèmes éthiques, les pousser à réfléchir sur les problèmes philosophiques, humanitaires et théologiques, encourager les discussions et les échanges d’expertise entre les collègues et les responsables, respecter la spécificité de chaque patient, être conscient des risques à prendre devant les cas compliqués.
L’application de ces principes, selon le Dr Farah, se traduit par des cours à l’intention des étudiants des première et deuxième années, sur les origines philosophiques de la médecine comme sur les principaux problèmes éthiques rencontrés lors de l’exercice de la profession, notamment l’arrêt du traitement, l’acharnement thérapeutique, la procréation assistée, le traitement de la douleur, l’euthanasie, le clonage, le don d’organes, le handicap, la vieillesse et la mort.
Le Dr Farah clôture son intervention en rappelant qu’un diplôme universitaire sur l’éthique médicale a été instauré en 2002 par l’USJ.
Des intervenants des pays arabes ont pris par la suite la parole. Le Dr Abdallah Abdel Rahman Zayed, de l’Université de Omar el-Mukhtar en Libye, a noté que l’enseignement de l’éthique ne doit pas se limiter aux étudiants de médecine, mais doit s’étendre à toutes les autres facultés. Pour sa part, le Dr Hilmi Abdel-Razzak el-Haddidi, vice-président du comité égyptien d’éthique et ancien ministre de la Santé, a répondu à une série de questions portant sur le sens de l’éthique et des éthiques normatives et appliquées, la possibilité d’enseigner l’éthique et les principes à apprendre aux étudiants. Il a par la suite développé les problèmes de l’éthique médicale, de la bioéthique, de l’éthique technologique, de l’éthique du travail, de l’éthique sexuelle, de l’éthique environnementale et de l’éthique des médias.
Enfin, le Dr Abdallah Saad Hattab, professeur et chef du département de santé publique à la faculté de médecine de l’Université de Aden, au Yémen, a insisté sur les tendances actuelles dans l’enseignement des éthiques médicales.
N.M.

La séance inaugurale

Le congrès sur « Les techniques de procréation assistée et l’éthique » a été inauguré en présence notamment du ministre de l’Économie et du Commerce Marwan Hamadé, représentant le Premier ministre, du ministre des Finances Fouad Siniora, du président de la commission parlementaire de la Santé Atef Majdalani, de la présidente de la commission parlementaire de l’Éducation Bahia Hariri, du député Tammam Salam, du directeur général du ministère de la Santé Walid Ammar, de la directrice générale du ministère des Affaires sociales Neemat Kanaan, du Dr Mahmoud Choucair, président de l’Ordre des médecins, du président de l’Ordre de la presse Mohammed Baalbacki, du président du Conseil exécutif et du directeur des programmes scientifiques à l’Organisation arabe de l’éducation, de la culture et des sciences, respectivement M. Hicham Nachaba et M. al-Bahloul al-Yaacoubi, de la secrétaire générale du comité national libanais de l’Unesco, Salwa Siniora Baassiri, ainsi que des doyens des différentes facultés de médecine de plusieurs universités libanaises et arabes et de personnalités diplomatiques. Rappelons que le congrès est organisé par le comité national libanais de l’Unesco, en collaboration avec l’Association arabe de l’éducation et de la culture, le Comité consultatif national libanais d’éthique (CCNLE) et le Comité international d’al-Daoua al-islamiya.
Le 25 juillet 1978, la naissance, en Angleterre, de Louisa Brown, premier enfant ayant vu le jour grâce à des techniques de fécondation in vitro, a suscité l’admiration des populations et donné de l’espoir à beaucoup de couples. Une technique qui a également provoqué de nombreuses critiques, selon lesquelles il s’agit d’une méthode qui va à l’encontre des coutumes...