Partout où l’homme est vraiment homme, c’est-à-dire humain, il espère, il souhaite, le bien de son prochain. Mais nulle part, s’il est vraiment homme, c’est-à-dire limité, il ne peut prétendre résoudre à sa propre façon un problème qu’il connaît, ou appréhende, sous un angle résolument distinct. Différent.
Ainsi en est-il de notre rapport à la mort provoquée. Tout notre corps social, soignants compris, entoure les cas désespérés de compassion. Et l’acte d’assistance, d’un voile de charitable discrétion. Chez nous il n’y a pas, il ne doit pas y avoir – n’en déplaise aux esprits forts – de débat sur l’euthanasie et les multiples considérations philosophiques, sociales, éthiques, légales, spirituelles, qui s’y rattachent. On ne connaît pas de familles qui n’acceptent ou ne se résignent. On en connaît encore moins qui défient elles-mêmes ce que même les blasés appellent chez nous la volonté du Tout-Puissant. En d’autres termes, le droit exclusivement divin de vie et de mort.
« Je n’ai pas été fâché d’apprendre que ma fille, cancéreuse en phase ultraterminale, jeune mère de famille, avait cessé de souffrir. Par un acte de charité. Comme sa mère, dix mois avant elle. » Raconte Saïd, le coiffeur du quartier. Qui est pourtant un croyant profond, sacristain bénévole de l’église proche.
Tous, ou presque, nous comprenons, nous sommes même soulagés, quand aucun acharnement thérapeutique insensé ne s’exerce. Et quand les médecins, comme pour Vincent Humbert en France, mais sans le crier sur les toits, cessent les traitements actifs. Parfois, sans doute, en les suractivant, par une overdose de morphine. Dans notre douleur, nous croyons savoir alors, nous savons, que l’être cher repose enfin. Au sein de la grâce divine.
J.I.
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