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ENSEIGNEMENT - De 275 à 625 auditeurs en l’espace de sept ans L’Université pour tous, dans la convivialité et la rigueur (photos)

Septième rentrée à l’Université pour tous en novembre prochain. Il suffit de maîtriser la langue française et d’avoir plus de 21 ans pour suivre des cours dans les plus anciens bâtiments de l’Université Saint-Joseph, joliment restaurés il y a tous juste trois ans, spécialement pour accueillir les auditeurs, de plus en plus nombreux Il s’agit d’une institution créée pour répondre à un véritable besoin, celui des personnes qui ont dépassé l’âge d’être sur les bancs de l’université mais qui ont toujours envie d’apprendre.
Mais ce n’est pas uniquement une question d’âge, car l’Université pour tous est ouverte aussi bien aux jeunes qu’aux moins jeunes. C’est le système, unique au Moyen-Orient, qui attire les auditeurs. Ils étaient 275 en 1998, puis 625 il y a quelques années.
Dix-huit matières sont données l’avant ou l’après-midi, réparties sur six cours. Les auditeurs peuvent choisir les sujets qui les intéressent. Et les UV étalées sur 20 cours de deux heures chacun ne sont pas sanctionnées par des examens. L’auditeur assidu (il devrait avoir moins de cinq absences tout au long de l’année) recevra au terme du ou des cours qu’il aurait choisi de suivre une attestation.
L’Université pour tous a vu le jour en 1998, sur proposition du vice-recteur à la recherche de l’Université Saint-Joseph, Mounir Chamoun, qui est également le directeur responsable académique de l’institution ouverte aux auditeurs de tous les âges et les horizons.
Le professeur Chamoun avait remarqué, durant ses divers séjours dans différentes villes de France, des cours dispensés dans les milieux universitaires aux personnes du troisième âge. Pourquoi donc, s’était-il dit, ne pas adapter cette idée au Liban et pourquoi toucher uniquement ceux qui ont atteint l’âge de la retraite ?
Dès le début, l’Université pour tous a répondu à un besoin, essentiellement parmi des personnes qui se sont éloignées de la vie estudiantine mais qui ont toujours envie d’apprendre.
« Les auditeurs de l’Université pour tous ont pour la plupart suivi des études supérieures. Ils fréquentent l’institution pour élargir leurs horizons en choisissant des matières qu’ils n’ont jamais étudiées ou bien pour se recycler, sélectionnant des cours qui leur sont familiers mais qui ont changé au fil des ans », indique Mme Viviane Moretti, directrice administrative de l’Université pour tous.

Moyenne d’âge : 42 ans
Quel est le profil des auditeurs qui fréquentent l’institution ? La moyenne d’âge est de 42 ans, et la majorité des auditeurs appartient au sexe féminin. Mais que l’on se rassure : ce ne sont pas des femmes désemparées qui sont là pour tuer le temps. « Les rangs se sont éclaircis d’eux-mêmes dès le début, et celles qui venaient parce qu’elles n’avaient rien d’autre à faire ont vite choisi d’elles-mêmes de partir », relève Mme Moretti, soulignant que l’institution mise certes sur la convivialité mais que la rigueur dans l’enseignement des différentes matières est préservée.
Et ce n’est pas toujours très facile pour un professeur d’université, habitué à faire face à un groupe d’étudiants homogènes, de donner des cours à des auditeurs qui n’ont pas le même âge et qui viennent d’horizons différents. « Il faut être à la portée de tous et intéresser la classe formée d’auditeurs qui ont des niveaux différents d’éducation », relève le professeur Chamoun. De plus, les cours dispensés changent de thème et de contenu chaque année. L’enseignant se doit donc, à chaque rentrée, de préparer à nouveau sa matière.
Au fil des ans, l’Université pour tous s’est constitué un noyau de fidèles auditeurs. Chaque année, 49 à 52 % d’entre eux reviennent suivre les mêmes cours qui traitent des thèmes différents ou encore s’inscrire à d’autres UV. Souvent, beaucoup d’auditeurs jonglent avec leurs horaires pour pouvoir assister à un ou deux cours.
Pourquoi ces personnes tiennent-elles à suivre les cours données à l’Université pour tous ? Ne peut-on pas remplacer une matière sur un thème donné par un livre ? « La question se posera à tous les étudiants du monde, et pas uniquement aux auditeurs de l’Université pour tous. Pour l’apprentissage, rien ne peut remplacer le contact avec un enseignant », indique le professeur Chamoun.
Il y a sept ans, les cours débutaient dans les anciens bâtiments de l’Université Saint-Joseph. L’Université pour tous disposait d’une seule salle et d’un immense couloir. Tout a changé à la rentrée 2000 : une aile des anciens bâtiments a été octroyée à l’Université pour tous. Et l’espace intérieur a pu être aménagé selon les besoins de l’institution.
Des pans de mur ont été abattus, de veilles pierres ont été mises en valeur, des meubles ont été récupérés, notamment les anciens bancs de la chapelle de l’université…
L’espace est élégant et ensoleillé, avec ses 22 grandes fenêtres. Tout a été prévu pour rendre l’Université pour tous un endroit convivial avec notamment une cafétéria qui s’ouvre sur une grande terrasse quand il fait beau, et un espace de loisirs à l’intérieur, qui fait souvent office de bibliothèque, ainsi que trois salles de cours. L’Université pour tous s’est dotée de trois salles de cours, l’une ayant une capacité de 100 places, la deuxième de 55 places et la troisième de 30 places. L’avant-midi, les cours sont souvent donnés simultanément dans les trois salles.
Selon les statistiques, c’est le cours de psychologie du professeur Chamoun qui a la cote, rassemblant l’année dernière 115 auditeurs. Les matières relatives au mysticisme et à la religion intéressent également beaucoup d’auditeurs, notamment des étrangers.
L’art n’a pas été oublié et des cours d’architecture et de dessin sont dispensés. L’année dernière, grâce à l’apport de l’architecte Jean-Louis Mainguy, une exposition a été organisée en plein air. Plusieurs auditeurs ont présenté leurs œuvres et leurs travaux manuels. L’opération pourrait se répéter cette année.
La rentrée de l’Université pour tous est programmée pour le 3 novembre.
Les auditeurs peuvent choisir entre un ou plusieurs cours dispensés l’avant ou l’après-midi. Pour les inscriptions qui se font tout au long du mois d’octobre, point n’est besoin de prévoir un CV ou un dossier de diplômes universitaires mais juste deux photos passeport. Les cours sont dispensés de 11 à 13 heures et de 18 à 20 heures.
Parmi les matières enseignées, citons l’actualité politique (donnée par Samir Frangié, Marwan Hamadé, Abbas Halabi et Abdallah Farhat) l’archéologie (Maryse Maïla de Pico, Hassan Salamé Sarkis et Lévon Nordiguian), la psychologie (Mounir Chamoun), la philosophie (Jad Hatem), le droit (Ibrahim Najjar, Joe Issa el-Khoury, Sélim Jreissati et Roger Assi), le dessin (Gaby Maamary) et l’histoire (Ahyaf Sinno, Philippe Élian et Anne Troadec).
Pour plus d’informations, contacter le 01/326469.

Patricia KHODER
Septième rentrée à l’Université pour tous en novembre prochain. Il suffit de maîtriser la langue française et d’avoir plus de 21 ans pour suivre des cours dans les plus anciens bâtiments de l’Université Saint-Joseph, joliment restaurés il y a tous juste trois ans, spécialement pour accueillir les auditeurs, de plus en plus nombreux Il s’agit d’une institution...