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Électricité - Épuisement des crédits alloués pour 2003 L’EDL demande une avance du Trésor de 100 milliards et le relèvement de l’abonnement au compteur(photo)

Pour couvrir les besoins du Liban en électricité jusqu’au nouvel exercice budgétaire, le conseil d’administration de l’EDL va demander au gouvernement une avance du Trésor de 100 milliards de livres et l’augmentation de l’abonnement au compteur, dont les recettes prévues seraient de 45 milliards de LL, révèle un rapport de l’office signé par son PDG, Kamal Hayeck. Une partie de ce montant (75 milliards) sera affectée à la reconstitution des réserves stratégiques du Liban.

Le rapport sera examiné demain au cours du Conseil des ministres extraordinaire consacré à l’office, en présence de M. Hayeck. Ce dernier y révélera que depuis le 1er août, l’EDL ne dispose plus que de 54 jours de réserve en fuel-oil (242 tonnes) et de 53 jours de réserve en diesel (185 tonnes).
En raison de l’augmentation des tarifs des dérivés pétroliers, souligne le rapport, les crédits affectés à l’achat de carburant pour 2003 ont été épuisés aux trois quarts du chemin, et les dépenses du dernier trimestre (octobre-novembre-décembre) ne sont pas couvertes.
Du rapport de l’EDL il ressort clairement qu’à côté des causes techniques du déficit, qui sont claires comme le jour, il existe des causes politiques qui sont tout aussi pertinentes. L’examen du dossier prouve, une fois de plus, qu’une grande responsabilité de l’état actuel des choses repose sur une autorité politique laxiste, sinon vénale. Le rapport de M. Hayeck passe sous silence de nombreux détails que les responsables de l’EDL confient sous le sceau de la discrétion. Ainsi, l’on apprend de source sûre que l’Électricité de France (EDF) agissant comme consultant de l’EDL, a conseillé la publication d’une liste nominative de dix personnalités qui ne paient pas leur consommation du courant électrique. Pour EDF, cette notoriété indésirable suffirait à entraîner une nette amélioration de la perception des factures.
Toujours selon EDF, certaines banlieues sont réputées pour leur résistance à la perception des factures d’électricité, mais ce qui est moins connu, c’est que dans certaines régions nanties comme Jounieh, des hommes d’affaires peu scrupuleux, notamment des propriétaires de centres commerciaux, ne s’acquittent pas de leurs factures.

Douze raisons à l’anarchie
Le rapport de M. Hayeck identifie douze problèmes auxquels l’office est confronté. Nous publions en détail ces douze points dont le rapport réclame le règlement :
L’EDL a fait face et continue de faire face à de gros problèmes qui affectent négativement sa productivité et sa situation financière : les principaux problèmes sont :
1 – L’absence de toute sentence judiciaire à l’encontre des contrevenants et des auteurs de branchements illégaux sur le réseau, conformément à la loi 623 du 23 avril 1997, en dépit de l’établissement par l’office de milliers de procès-verbaux et de la transmission de centaines d’entre eux à la justice. Ceci affecte grandement le prestige de l’institution et l’empêche de réduire de façon permanente, grâce à cette dissuassion légale, le pourcentage de vol de courant (...) Il convient de souligner à cet égard que le vote de la loi 482 le 12 décembre 2002 exemptant les Libanais de tous leurs arriérés jusqu’au 31 décembre 1995 et de toutes les amendes établies en vertu de procès-verbaux jusqu’au 31 décembre 2001 a eu un effet désastreux sur les finances de l’office, son prestige et sa crédibilité.
2 – La persistance de l’augmentation des prix des dérivés pétroliers et le fait que le prix du baril culmine depuis plus d’un an à 30 dollars.
3 – Le refus de la plupart des administrations officielles, établissements publics et offices d’eau de payer leurs dus pour l’année 2003 (...)
4 – Le prélèvement direct par le ministère des Finances de la valeur des arriérés des administrations officielles pour les années passées, considérés comme règlement des avances du Trésor accordées précédemment à l’office, ce qui affecte négativement le flux de liquidités (cash-flow) de celui-ci. Il y a lieu de signaler que l’office a ainsi réglé au cours des années 2002 et 2003 deux avances du Trésor d’une valeur respective de 30 et 15 milliards de LL.
5 – Le non-paiement par les municipalités de leur consommation en éclairage public, le montant de ces factures étant considérées comme un règlement de la taxe municipale pour la période antérieure à 2002, année du remplacement de cette taxe par la TVA, et donc pour une période antérieure à la prise en charge de l’EDL par le présent conseil d’administration, sachant que les arriérés des municipalités pour la seule année 2002 sont de 23 milliards de livres.
6 – Le début du paiement de la TVA à partir de février 2002, en lieu et place de la taxe municipale, ce qui a affecté le flux de liquidités de l’office. Entre le 1er février 2002 et le 30 juin 2003, l’EDL a réglé 83 milliards de livres sous forme de TVA.
7 – La persistance de l’achat du courant électrique par les concessions à des tarifs très réduits, et donc l’abstention de la fixation du tarif que ces concessions doivent pour le kilowatt/ heure.
8 – Le refus de l’Unrwa de régler le prix de l’énergie électrique consommée par les camps palestiniens (...)
9 – Le refus persistant de certains Libanais de régler leurs factures, les branchements illégaux sur le réseau et les agressions contre les contrôleurs, ce qui rend difficile des poursuites à l’encontre d’autres Libanais.
10 – Les dettes contractées à l’égard de la Syrie, jusqu’au mois de juin 2002, date de l’arrêt de l’achat d’énergie par l’office, a atteint 134 milliards de livres. Le Conseil des ministres a décidé en date du 31 mars 2003 de régler ces arriérés grâce à des prêts accordés à l’EDL par le Banque du Liban et garantis par l’État (...)
11 – L’impossibilité d’achever à ce jour l’installation du réseau de 220 kilovolts, en raison de l’obstructionnisme de certains particuliers et municipalités, en particulier sur la ligne Aramoun-Sofar, et ce en dépit de la promulgation des décrets d’expropriation. L’absence du réseau de 220 kilovolts empêche la stabilité de la distribution, en particulier en été et en hiver, et entraîne une augmentation du prix de la production en raison de l’impossibilité de distribuer l’énergie produite par la centrale de Deir Amar vers le Mont-Liban et le Sud. Elle prive le Liban de la souplesse nécessaire pour l’acheminement du courant des États voisins.
12 – La persistance du fonctionnement des centrales de Deir Amar et Zahrani au mazout, au lieu du gaz, sachant que les deux centrales ont été installées expressément pour fonctionner au gaz. Cette situation entraîne un plus grand coût de production, une baisse de la productivité des unités et une usure plus rapide des installations.

50 % de vacance
dans le cadre
Par ailleurs, le rapport indique que la perception des factures est en augmentation de 28 % par rapport à l’année précédente, mais que cet avantage a été aboli par l’augmentation persistante du prix des dérivés pétroliers, de sorte que les crédits affectés au budget pour l’achat de carburant en 2003 ont été épuisés.
Le déficit moyen mensuel de l’EDL, c’est-à-dire l’écart entre les recettes et les dépenses de l’office, est de 18,244 milliards de livres libanaises. Toutefois, le rapport ne dit pas quel pourcentage du montant total des factures est perçu.
En dépit du fait que l’augmentation du prix du fuel est le principal responsable du déficit de l’office, ajoute le rapport, il reste qu’une stratégie à long terme de redressement doit inclure des réponses à des problèmes chroniques, au gaspillage pour des causes non techniques et à une politique de l’emploi au sein de l’office.
Le rapport accorde en particulier une attention particulière au fait qu’en raison d’une politique de suspension de l’embauche dans l’Administration, la moitié du cadre de l’EDL est vacant, que l’âge moyen des employés est aujourd’hui de 58 ans et que beaucoup manquent de compétence et d’expérience.
Cette vacance énorme a obligé l’office à recourir à des employés contractuels pour des taches spécifiques ou additionnelles. Et le rapport d’ajouter que « le climat du travail est malsain », du fait que certaines promesses n’ont pas été tenues. Les employés demandent notamment l’inclusion d’un forfait de 125 000 LL en lieu et place de la suppression de la tarification privilégiée dont ils bénéficiaient, qui était quasi symbolique. Parmi les solutions au gaspillage non technique, que le rapport situe autour de 25 % de l’énergie produite, figurent des projets technologiquement avancés, dont les coûts de faisabilité sont à l’étude. Parmi ces projets, la lecture centralisée des compteurs et les cartes prépayées.
L’office réclame aussi l’embauche de 100 nouveaux contrôleurs de branchement et l’ouverture de l’office à de jeunes cadres motivés.
Quant au gaspillage pour des raisons techniques, il est dû à la vente du kilowatt à un coût inférieur au prix de revient. Sur ce plan, les conclusions du rapport sont plus connues depuis quelques jours.
Ainsi, deux consultants de l’offfice, EDF et la société britannique NERA, recommandent le relèvement de la tarification respectivement de 100 et 80 %. Comme ce relèvement est impossible, pour des raisons sociales évidentes, la société préconise le relèvement des charges fixes, c’est-à-dire de l’abonnement au compteur, qui doit assurer des rentrées de 45 milliards de LL pour le reste de l’année en cours.
Pour couvrir les besoins du Liban en électricité jusqu’au nouvel exercice budgétaire, le conseil d’administration de l’EDL va demander au gouvernement une avance du Trésor de 100 milliards de livres et l’augmentation de l’abonnement au compteur, dont les recettes prévues seraient de 45 milliards de LL, révèle un rapport de l’office signé par son PDG, Kamal Hayeck....