Switch*

Un plan. Comique. Simple. Double. Machiavélique. Transcontinental.
Un politicien sort de scène. Il est aussitôt remplacé par un comédien !
Mais, pendant ce temps, qui va jouer le rôle de l’acteur ? Pourquoi pas le politicien ? Ça lui éviterait le chômage. Et la représentation politique resterait assurée. Tout en se poursuivant sur les planches.
Hardy Laurel ! Hardi, Darrell ! C’est Darrell Issa, le tireur de ficelles. (Rassurez-vous, rien à voir avec notre auguste et noble famille, comme persiflait ce vieux farceur d’oncle Jean). Ce congressman d’origine libanaise évince le gouverneur de Californie, Gray Davis. Pour ouvrir la voie à Schwarzie. Qui mettrait ses pas dans ceux de Ronald Reagan. Sauf que Terminator, Autrichien de naissance, ne pourra pas briguer la Maison-Blanche. Il devrait, sans doute, continuer à se faire des sous au cinéma. Difficile cependant de mener deux carrières de front : Eastwood, un moment maire de Carmel, toujours en Californie, n’y est pas parvenu.
Retour à Darrell Issa. Il y a quelques mois, s’en souvient-on, il est venu. Il a vu. Il a vaincu les réticences du département d’État. Pour rencontrer Kornet Chehwane.
Troublante coïncidence, c’est juste après le passage du décapsuleur libano-américain que le front opposant s’est mis à réclamer le départ des dirigeants locaux. Plutôt que celui des Syriens. Seulement, comme on n’a rien pour rien, pour espérer prendre la place du calife, il faut lui trouver un emploi de rechange. Le recycler, comme un vélo usagé. Or le théâtre d’ici est bien trop exigu, le cinéma y est rachitique et le marché du spectacle fortement concurrencé... par la politique ! Et puis personne, parmi les contestataires de l’Est, ne peut engager, contre les milliardaires en place, une assez forte mise.
Alors la seconde partie, en sa seconde patrie, du plan Darrell, paraît pour le moins. Compromise.
J.I.

*Swtich, une farce en forme de mouvement tournant de Blake Edwards, 1990.