Rechercher
Rechercher

Actualités

Sud - L’État hébreu privilégie la diplomatie sans écarter des « ripostes ponctuelles » Campagne du Liban pour contrecarrer la plainte israélienne à l’Onu

Le Liban a lancé hier une campagne diplomatique pour contrer les plaintes d’Israël auprès du Conseil de sécurité, à la suite de l’escalade survenue au cours du week-end à la frontière entre les deux pays et qui a coûté la vie à un Israélien. L’État hébreu, de son côté, affirme vouloir pour l’instant privilégier les moyens diplomatiques pour contrer le Hezbollah, tout en n’écartant pas d’éventuelles « ripostes ponctuelles » qui seraient dirigées contre des positions syriennes au Liban, les dirigeants israéliens s’accordant à rendre Damas, plus que Beyrouth, responsable des initiatives du Hezbollah.
Au Liban, après la lettre de protestation adressée dimanche aux Nations unies, on est encore à étudier la possibilité d’une plainte en bonne et due forme auprès du Conseil de sécurité, pour amener ce dernier à se prononcer, notamment sur les violations répétées par l’aviation israélienne de l’espace aérien libanais. C’est ce qu’a annoncé hier le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, lors d’une conférence de presse au Palais Bustros. M. Obeid avait auparavant reçu les représentants à Beyrouth des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu, à qui il a demandé d’intervenir « pour mettre un terme aux menaces israéliennes et empêcher l’État hébreu d’effectuer des bombardements aériens contre le territoire libanais ».
Israël avait déposé samedi une plainte contre le Liban auprès de l’Onu à la suite des tirs effectués la veille par le Hezbollah dans le secteur occupé des fermes de Chebaa.
Dans sa conférence de presse, M. Obeid a déploré que ce soit « l’agresseur, Israël, qui porte plainte contre la victime, le Liban ». Le chef de la diplomatie a expliqué, en substance, que l’État hébreu est responsable de l’escalade actuelle, d’abord parce qu’il occupe les fermes de Chebaa et refuse de les rétrocéder avant une solution globale, « qu’il est en mesure de retarder à l’infini ». Ensuite, parce qu’il multiplie les violations de la ligne bleue et enfin du fait de son implication dans le meurtre de Ali Saleh, le cadre du Hezbollah tué dans un attentat à la voiture piégée, le 2 août dans la banlieue-sud de Beyrouth.
M. Obeid s’est en effet aligné sur la position du Hezbollah en affirmant que ce sont « les services de renseignements israéliens qui ont commandité l’attentat à la voiture piégée » à bord de laquelle Saleh a trouvé la mort.
Le Hezbollah, estimant qu’Israël avait, par cet assassinat « qui s’assimile aux meurtres ciblés de cadres du Hamas et du Jihad islamique (palestiniens), rompu la trêve de facto », s’est arrogé le droit de riposter.
Israël s’est abstenu de répondre aux accusations l’impliquant dans cet assassinat. Mais de source des services de sécurité israéliens, on indique que Saleh « servait de liaison entre l’Iran et des groupes terroristes palestiniens ».

Les critiques de l’Onu
Plus tôt dans la journée, M. Obeid avait entamé sa campagne diplomatique en recevant le chargé d’affaires chinois, Huang Changaing, puis l’ambassadeur des États-Unis, Vincent Battle, qui s’est abstenu de toute déclaration.
Le ministre s’est entretenu par la suite avec l’ambassadeur de Grande-Bretagne, Richard Kinchen. Interrogé par la presse, ce dernier a fait part de sa « grande inquiétude » à l’égard de toute escalade à la frontière libano-israélienne.
« Nous appelons toutes les parties à prendre en compte les objectifs stratégiques de la paix et, à cet effet, de faire preuve d’un maximum de retenue et de respect de la ligne bleue », a déclaré M. Kinchen.
Le ministre des Affaires étrangères a rencontré ultérieurement le chargé d’affaires de France, Christian Testot, puis l’ambassadeur de Russie, Boris Bolotine, qui a également exprimé son « inquiétude » face à l’escalade survenue au Liban-Sud et demandé que tous les protagonistes observent la plus grande retenue.
Mais ce sont les déclarations du représentant personnel du secrétaire général de l’Onu au Liban-Sud, Staffan de Mistura, également reçu par M. Obeid, qui devaient susciter le plus d’intérêt et d’émoi, dans la mesure où le diplomate onusien a clairement laissé entendre que la responsabilité de cette dernière escalade incombait au Hezbollah plus qu’à l’État hébreu.
M. de Mistura s’est lancé dans de longues explications sur ce qui s’est passé à la frontière depuis vendredi pour aboutir à la conclusion suivante : les survols israéliens du territoire libanais sont nuisibles, ils constituent des « violations », des « fautes » inacceptables, ... mais « ils ne font pas de victime ». Tel n’est pas le cas des tirs de DCA du Hezbollah qui, cette fois-ci, ont fait un tué civil dans la localité de Shlomi. Au passage, M. de Mistura a fait remarquer que la riposte du Hezbollah est toujours orientée en direction de cette localité, quel que soit le secteur survolé par l’aviation israélienne.
En Israël, le vice-ministre israélien de la Défense, Zeev Boïm, a indiqué que son pays entendait jouer la carte diplomatique en réponse aux tirs du Hezbollah, mais il a ajouté qu’il n’écartait pas l’option militaire contre des « objectifs syriens » au Liban en cas de nouvelles attaques de la part du parti chiite.
« Nous avons choisi de réagir aux attaques du Hezbollah en mettant l’accent sur l’action diplomatique tout en ripostant sur le terrain », a déclaré M. Boïm.

Riposte « ponctuelle »
Le Hezbollah avait revendiqué des tirs de DCA contre des avions israéliens survolant le territoire libanais, alors qu’Israël affirmait qu’il s’agissait de tirs d’artillerie délibérés contre des localités israéliennes.
L’aviation israélienne avait riposté en bombardant une base armée du Hezbollah à Tayr Harfa (caza de Tyr), à moins de 5 km de la frontière libano-israélienne.
Des avions israéliens ont franchi le mur du son à très basse altitude dans la nuit de dimanche à lundi au-dessus de Beyrouth, provoquant un puissant double bang qui a réveillé les habitants de la capitale et de ses lointaines banlieues.
« Si le Hezbollah choisit l’escalade, Israël devra réagir avec force et il est possible que des objectifs syriens soient visés », a averti M. Boïm, membre du Likoud (droite) du Premier ministre Ariel Sharon.
Il a clairement laissé entendre que les survols aériens israéliens du Liban allaient se poursuivre.
Ces survols sont, selon lui, « uniquement des vols d’observation rendus nécessaires par le déploiement des forces du Hezbollah le long de la frontière », a-t-il ajouté.
D’autres responsables ont indiqué qu’Israël misait à ce stade sur des pressions américaines sur Damas pour freiner le Hezbollah.
M. Sharon avait évoqué cette question lors d’une rencontre dimanche avec l’ambassadeur des États-Unis à Tel-Aviv, Dan Kutzer, axée sur le volet palestinien, selon une source proche de la présidence du Conseil israélien, citée par l’AFP.
Le Premier ministre israélien a examiné par ailleurs avec le chef d’état-major, Moshé Yaalon, et d’autres responsables militaires un « éventail de ripostes israéliennes » possibles à des attaques du Hezbollah et il a été décidé d’autoriser en principe l’armée de l’air à riposter, mais de « façon ponctuelle », en évitant autant que possible une escalade. Selon les médias israéliens, M. Sharon a opté pour la « retenue » à ce stade, ce qui lui a valu le soutien de l’opposition travailliste alors que l’extrême droite de son gouvernement réclamait au contraire une réponse beaucoup plus musclée.
Israël avait déjà adressé dimanche une sévère mise en garde à la Syrie, accusée de soutenir le Hezbollah, et au Liban, à la suite du bombardement, vendredi, par le Hezbollah des positions israéliennes dans le secteur des fermes de Chebaa, occupé par l’État hébreu.
Le Liban a lancé hier une campagne diplomatique pour contrer les plaintes d’Israël auprès du Conseil de sécurité, à la suite de l’escalade survenue au cours du week-end à la frontière entre les deux pays et qui a coûté la vie à un Israélien. L’État hébreu, de son côté, affirme vouloir pour l’instant privilégier les moyens diplomatiques pour contrer le...