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Commémoration - La messe en mémoire des victimes de l’attentat du 14 septembre 1982 tourne au meeting électoral en faveur de Hikmat Dib « Les conséquences de l’assassinat de Béchir Gemayel se font sentir jusqu’à aujourd’hui », affirme Sfeir dans son message (Photos)

Vers 15 heures 45, samedi 13 septembre, dans la cour de l’église de l’Icône miraculeuse, à Achrafieh, le candidat aouniste au siège maronite de Baabda-Aley, Hikmat Dib, fait une entrée remarquée sous un tonnerre d’applaudissements, à l’ombre d’une marée de drapeaux kataëb et des Forces libanaises, encadrant les portraits du président martyr Béchir Gemayel et du leader des FL, Samir Geagea. M. Dib est entouré de MM. Jean Aziz, représentant des FL au sein du Rassemblement de Kornet Chehwane, et de Me Ibrahim Kanaan, proche des différents courants de l’opposition. Quelques minutes plus tard, ce sera, successivement, au tour du président Amine Gemayel, du leader du PNL Dory Chamoun, de Mme Sethrida Geagea, de Mme Solange Gemayel et, enfin, de M. Nadim Béchir Gemayel d’être, chacun de son côté, ovationnés à leur arrivée par une foule débordant d’enthousiasme, massée à l’extérieur, sur le parvis et à l’intérieur de l’église.
À plus d’un titre, la messe célébrée cette année en mémoire du président martyr Béchir Gemayel et de ses compagnons, tués il y a 21 ans dans l’attentat qui a visé la maison Kataëb d’Achrafieh, a revêtu un aspect exceptionnel. Sur le plan de la forme, elle a, d’abord, été avancée de 24 heures en raison du déroulement du scrutin partiel de Baabda-Aley, fixé par le ministère de l’Intérieur le même jour que la commémoration traditionnelle du 14 septembre. Elle a ensuite été marquée par la prestation politique de M. Nadim Gemayel qui a prononcé pour la première fois (à la place de sa mère, comme c’était le cas les années précédentes) le discours adressé aux milliers de partisans kataëb et FL rassemblés à l’entrée de l’église.
Au plan politique, la commémoration s’est déroulée sur fond de divergences de vues au sein du même camp, concernant la partielle de Baabda-Aley, le président Amine Gemayel et les députés Antoine Ghanem et Pierre Gemayel appuyant ouvertement M. Henry Hélou, alors que M. Nadim Gemayel a pris fait et cause pour le candidat aouniste. La cérémonie s’est d’ailleurs transformée, à l’issue de l’office religieux, en meeting électoral en faveur du candidat aouniste, M. Nadim Gemayel appelant clairement, dans son discours, à un vote massif en faveur de M. Dib. Ce dernier est d’ailleurs sorti de l’église en compagnie de M. Gemayel, et il se tenait à ses côtés lorsque le fils du président martyr a prononcé son allocution. Enfin, et contrairement aux cérémonies de ces dernières années, les trois pôles du pouvoir – le chef de l’État, le président de la Chambre et le Premier ministre – ne se sont pas fait représenter à la messe. Parmi les personnalités présentes, citons notamment les députés Farès Souhaid, Mansour el-Bone, Antoine Ghanem, Pierre Gemayel, Georges Frem, Neematallah Abi Nasr et Atef Majdalani, les anciens députés Osman Dana, Gabriel Murr, Michel Sassine, Pierre Daccache et Jamil Chammas, l’ancien leader du parti Kataëb, Élie Karamé, le président de la Ligue maronite, l’émir Harès Chéhab, le général Nadim Lteif, représentant le Courant patriotique libre du général Michel Aoun, M. Hagop Pakradouni, représentant le parti Tachnak, Mme Gladis Michel Samaha et M. Daoud Sayegh, conseiller du Premier ministre Rafic Hariri. Une délégation des vétérans des FL, conduite par M. Massoud Achkar, a, par ailleurs, fait son entrée sous les applaudissements des partisans rassemblés devant la porte de l’église.
À l’issue de la cérémonie, la famille du président martyr et les milliers de personnes présentes ont organisé une marche le long de l’artère principale d’Achrafieh jusqu’à la place Sassine, en brandissant les drapeaux FL et kataëb ainsi que les portraits du président Béchir Gemayel et de M. Samir Geagea, pour se diriger vers le lieu de l’attentat du 14 septembre 1982 où des gerbes de fleurs ont été déposées devant le monument érigé en mémoire des victimes. Tout au long du trajet, les habitants perchés sur les balcons aspergeaient de riz le convoi. Des haut-parleurs installés dans l’ensemble du quartier jusqu’au siège de la Maison Kataëb d’Achrafieh – où avait eu lieu l’attentat – diffusaient les traditionnels chants partisans à la gloire du président Béchir Gemayel, des FL et des Kataëb.

Le message de Sfeir
Pour en revenir à la cérémonie religieuse, elle a été présidée par Mgr Béchara Raï, représentant le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir.
Le message du cardinal Sfeir, lu par Mgr Raï, a rappelé les principales prises de position nationales adoptées par Béchir Gemayel après son élection à la présidence de la République. Mgr Raï a notamment souligné que le président disparu avait déclaré qu’il avait du respect pour tous les jeunes martyrs, de toutes les communuatés, qui ont sacrifié leur vie pour défendre la cause en laquelle ils croyaient. Dans une allocution qu’il avait prononcée devant une délégation des quartiers sunnites de Basta et de Aïcha Bakkar, il avait souligné, en outre, que les combats internes au Liban ont été provoqués par « les ingérences étrangères dans nos affaires intérieures ». « Nous demandons aux étrangers qui sont la cause de nos malheurs de retourner chez eux afin que nous nous retrouvions entre Libanais et que nous puissions être fidèles à la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour préserver un Liban uni, souverain et indépendant », avait déclaré le président-martyr.
Et Mgr Sfeir d’ajouter dans son message : « Le jour de la fête de la Croix, le président élu Béchir Gemayel a été sacrifié sur la croix du Liban par une décision politique prise pour servir certains États, individus et fractions qui craignaient que l’édification d’un Liban uni ne nuise à leurs intérêts. Le président Béchir Gemayel ne s’était-il pas engagé, le jour de son élection, le 23 août 1982, à tirer un trait entre le passé et le présent pour entamer une nouvelle étape avec toutes les fractions, de manière à dépasser les susceptibilités et les considérations personnelles ? Il avait alors affirmé qu’il tendait la main à tout Libanais sincère, à tout État arabe sincère et à tous nos amis de l’étranger qui désirent nous venir en aide. N’avait-il pas déclaré que le problème ne se pose pas entre chrétiens et musulmans, mais qu’il est dû en réalité à la présence d’armées étrangères qui doivent se retirer du pays ? N’avait-il pas déclaré que lorsqu’une entente sera réalisée entre nous, Libanais, nous obligerons alors l’étranger à quitter notre terre ? »
Et le patriarche maronite de poursuivre: « Tous ceux qui étaient opposés à ces principes définis par le président martyr ont contribué à l’assassinat de ce dernier, dans la pratique ou moralement. Son assassinat a constitué un coup sévère porté au Liban uni, à la souveraineté et à la décision libre du Liban, à la démocratie, à la coexistence et au dialogue des cultures et des religions. Les effets de cet assassinat se font sentir jusqu’à nos jours. Ils ont été évoqués par le quatrième appel de l’assemblée des évêques maronites. Ces effets se manifestent dans tous les domaines, au niveau de l’effondrement socio-économique, financier et politique, au niveau du démembrement des partis, de la politisation de la justice et des atteintes à la souveraineté. »
Et le cardinal Sfeir de conclure : « Demain (hier), les électeurs se dirigeront vers les bureaux de vote à Baabda-Aley. Ils devront se souvenir de ce que le président martyr avait déclaré devant une déclaration druze venue le féliciter pour son élection. Il avait alors dit : “Aujourd’hui est un jour heureux dans l’histoire du Liban nouveau car la montagne a retrouvé son unité, en prélude à la réunification de toutes les régions libanaises et à la réunification de la volonté libanaise” ».

Le discours de Nadim Gemayel
À l’issue de la messe, M. Nadim Gemayel s’est rendu sur le parvis de l’église pour prononcer son discours qu’il a entamé en relevant – comme pour souligner qu’il prenait désormais le flambeau – que les années précédentes, c’était sa mère qui prenait la parole en cette circonstance. Après lui avoir rendu hommage pour l’encadrement qu’elle lui a assuré à lui-même et à sa sœur Youmna après l’assassinat de son père, M. Gemayel a déclaré : « Nous continuerons tous ensemble sur la même voie. »
M. Gemayel a, d’autre part, réaffirmé son appui au candidat aouniste à Baabda-Aley. « Il s’agit d’une bataille entre le candidat de l’opposition et celui du pouvoir, a notamment déclaré M. Gemayel. Que personne n’essaye de camoufler cette réalité. Ils nous ont accusés de susciter des dissensions confessionnelles. L’attachement à la souveraineté constitue-t-il une provocation à caractère confesionnel ? Le fait de réclamer la sauvegarde de la liberté et de la démocratie constitue-t-il un retour à 1975 ? »
Et M. Gemayel d’ajouter: « Nous rejetons la conception qu’a le pouvoir de la souveraineté, de la liberté, de la dignité et de la démocratie. Cette conception est en effet basée sur l’hégémonie et la soumission. Il est grand temps d’édifier une patrie dans toute l’acception du terme, et non pas une ferme. Nous rejetons le principe de citoyenneté de deuxième catégorie et nous refusons le principe de vainqueur et de vaincu. Le chrétien fort est une nécessité pour le musulman et vice versa. Nous disons à tous nos partenaires dans le pays que notre main est tendue à tout le monde. Nous ne désirons défier personne, mais nous refusons que l’on nous défie. »
Et M. Gemayel de conclure: « Peut-on parler de justice lorsque 21 ans après l’assassinat du président Béchir Gemayel, le dossier de cet assassinat traîne toujours dans les tiroirs du Palais de justice ? Peut-on parler de justice lorsque Samir Geagea demeure toujours en prison? Peut-on parler de justice lorsque Michel Aoun n’est pas en mesure de revenir dans le pays ? »
Vers 15 heures 45, samedi 13 septembre, dans la cour de l’église de l’Icône miraculeuse, à Achrafieh, le candidat aouniste au siège maronite de Baabda-Aley, Hikmat Dib, fait une entrée remarquée sous un tonnerre d’applaudissements, à l’ombre d’une marée de drapeaux kataëb et des Forces libanaises, encadrant les portraits du président martyr Béchir Gemayel et du...