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Des chiffres et des lettres

Tout aussi éloquents que les mots, sinon plus : les chiffres d’hier.
23,8 d’abord. Pour cent. Un taux de participation simplement hallucinant, et récupéré avec une outrance magistrale par le ministre de l’Intérieur lors de sa conférence de presse. Pour Élias Murr, les 80 % ou presque d’abstentionnistes s’intéressent beaucoup plus à leur quotidien et... « à la réforme du président Lahoud ». S’il le dit ! Il n’empêche, au-delà du réel ras-le-bol que les électeurs ont ostentatoirement manifesté hier, leur désintérêt pour la chose publique ressemble aussi, de près, à une sérieuse sanction, doublée d’un véritable pied de nez à l’adresse du régime et de son tuteur syrien, absent, il est vrai, de la bataille, mais ses lieutenants faisaient le travail pour deux... Comme à l’adresse de leurs leaders (Walid Joumblatt en tête, dont les maladresses frôlent le suicide politique) et de l’opposition chrétienne dans son ensemble, qui a, encore une fois, fait un désolant étalage de sa totale absence de lucidité, d’intelligence et de capacité à s’unir et à servir les Libanais.
25 291, ensuite. C’est le nombre de voix à peu près définitif que Michel Aoun, par Hikmat Dib interposé, a réussi à obtenir dans sa circonscription. Force est de constater, indépendamment du fait que le Liban en général, et les chrétiens en particulier, ont bien plus besoin de jeunes (et parfois brillants) cadres aouniens du CPL que du aouniste en chef – qui a fait, lui, ses lamentables preuves et qui sait très bien que l’histoire, gueuse qu’elle est, ne repasse pas deux fois le même plat –, force est de constater donc cet impressionnant chiffre que le général en exil a réussi à obtenir, plus de treize ans après ses méfaits. Sauf qu’en même temps, ce chiffre a montré, sans ambiguïtés, les limites de ce général. Puisqu’il n’a réussi à mobiliser que près de 12 % des électeurs de la circonscription. Certes, la législative n’est que partielle, mais ce qui est sûr, c’est que l’électeur aouniste n’aurait pas raté, pour tout l’or du monde, l’occasion qui lui a été donnée hier de faire entendre sa voix. Contrairement à ses concitoyens chiite et, surtout, druze, qui en ont profité pour sanctionner, ou alors s’en moquer.
Maintenant que les jeux sont bel et bien faits, reste au pouvoir, emmené par sa triste troïka, de prendre bonne note, s’il en est capable, du message qu’une partie des Libanais, druzes, chrétiens et chiites en tête, lui ont adressé. Reste à Walid Joumblatt de s’employer, s’il le veut bien, à faire oublier sa bien triste performance, indigne des galons de leader national qu’il a su acquérir en l’an 2000, et qu’il semble vouloir, à tout prix, perdre. Reste à Henri Hélou de faire mieux que son père et de ne plus séparer Émile Lahoud de Rafic Hariri. Reste surtout à l’opposition, toute l’opposition – CPL inclus – de s’unir, une fois pour toutes, comme au Metn. Qu’elle ait l’intelligence de fonctionner en direction collégiale, incapable qu’elle est d’avoir un leader. D’ailleurs, n’importe quel leader, au vu des mœurs du pouvoir en place, aurait été dynamité.
Reste enfin à toutes les bonnes volontés de concourir à l’adoption d’une loi électorale saine, débarrassée de la cancérigène tutelle syrienne. Une loi à quatre lettres : caza.
Ziyad MAKHOUL
Tout aussi éloquents que les mots, sinon plus : les chiffres d’hier.23,8 d’abord. Pour cent. Un taux de participation simplement hallucinant, et récupéré avec une outrance magistrale par le ministre de l’Intérieur lors de sa conférence de presse. Pour Élias Murr, les 80 % ou presque d’abstentionnistes s’intéressent beaucoup plus à leur quotidien et... « à la...