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La grogne sociale suscite des échos au Parlement

Le 22, rentrée pédagogique générale. Mais pour les parents, c’est aujourd’hui la facture. Et la fracture budgétaire. Les termes se faufilent vers des cimes astronomiques. En douce, hypocritement, pour ainsi dire. Car pour faire avaler la pilule, amortir le choc, beaucoup d’établissements adoptent un système varié d’échelonnement et de crédit. Mais un sou est un sou, et un sou plus un sou, cela fait toujours deux sous, que l’on paie « dans un mois, dans un an », comme dit Sagan. Les Libanais, contraints et forcés, ont appris à compter. Et savent donc, au sou près, ce que chaque année leur apporte comme excédent. De dépenses. Et de crans à serre côté ceinture.
Donc, les cartables pèsent plus lourd que jamais en cette fin d’été. La récession courante, ajoutée aux tracas d’un quotidien peu « sécurisé », provoque des murmures qui risquent de tourner à la grogne organisée. Le bon peuple désigne du doigt la corruption et l’incurie des responsables. Ce qui redonne du poil de la bête à des syndicats que l’on a voulu étouffer. Et qui s’apprêtent, aux dires de leurs cadres, à agir au niveau de la rue, à tout moment.
Du côté des parlementaires, soucieux par fonction des préoccupations du peuple (voire, pour certains, carrément démagogues), on retrousse également les manches. En prévision du débat-clé sur le budget de l’an prochain. Les députés contestataires, parmi lesquels on compte étrangement quelques loyalistes, reprochent à l’Exécutif de ne songer qu’à protéger la stabilité monétaire, sans un seul regard pour les épreuves de la population. Ces professionnels se demandent, au passage, si le mouvement de réforme voulu par le régime va vraiment démarrer. Et, en cas de réponse positive, comment l’État compte procéder pour mettre effectivement la main sur des ressources perdues, ou pour récupérer des fonds détournés. Par quels moyens faire rendre gorge aux puissants qui se sont rempli les poches à coups de magouilles, de contrats publics tronqués, de courtages et de commissions occultes.
Selon un ancien ministre, il faudrait prendre l’électricité pour point de départ de l’épuration. La population ne comprendrait pas qu’il en aille autrement, au moment où l’EDL met en garde contre une pénurie définitive dans deux petites semaines, faute de fuel. Pour cette personnalité, au lieu de déférer le dossier des dérapages à la justice, qui a forcément ses lenteurs, le pouvoir aurait dû procéder lui-même à une enquête technique serrée. Pour remonter toutes les filières du gaspillage et des abus, jusqu’à 1992.
Pour sa part, cheikh Soubhi Toufayli, enterrant récemment son père, a prononcé (sans que personne ne cherche à l’en empêcher et encore moins à interpeller ce « repris de justice ») un discours extrêmement violent. Il s’en est pris à l’Iran, à la résistance et au pouvoir. Pour affirmer que s’il ne tenait qu’à lui, il ramènerait les voleurs par la peau du cou, pour leur reprendre tous les fonds qu’ils ont détournés.
Une méthode radicale, mais peu plausible en l’état actuel des donnes. Car, tout compte fait, comme le souligne un autre ancien ministre, « nous sommes passés du règne, à visage découvert, des milices armées, à celui des gangs masqués de l’argent. Rien n’est conforme aux préceptes des lois, ni à la raison d’État, dans les pratiques du pouvoir. Les pôles d’influence ne songent qu’à préserver leurs miniroyaumes respectifs, comme des mafiosi jaloux de leurs territoires. Ils ne veulent rien céder et n’hésiteraient pas à provoquer des crises très graves si l’on touchait à des miettes de leur pouvoir. Aucun d’entre eux ne consent à lâcher ne serait-ce qu’une partie des fonctionnaires des parasites, qu’il a fait nommer. Et aucun d’entre eux n’accepte de renoncer à des crédits alloués à son département propre. De même, aucun n’admet que l’on gomme la caisse ou le conseil départemental qui relève de sa sphère. Alors quand on nous parle de rééquilibrer le budget, à l’horizon 2006, permettez-nous de ricaner un tantinet sous cape ».
Fouad Siniora, quant à lui, rit jaune. Il dénonce un gaspillage continuel, mais accuse aussi les Libanais de ne pas produire assez. Le ministre assure que les Finances ne veulent pas augmenter les impôts, mais s’efforcer de corriger l’exercice des dépenses, c’est-à-dire de fermer les robinets.
Pour l’aider dans cette tâche, il devra disposer d’une motion de parlementaires, qui ont l’intention de réclamer la fermeture de nombre de caisses et de conseils excessivement dépensiers. Et parfaitement inutiles.

Philippe ABI-AKL
Le 22, rentrée pédagogique générale. Mais pour les parents, c’est aujourd’hui la facture. Et la fracture budgétaire. Les termes se faufilent vers des cimes astronomiques. En douce, hypocritement, pour ainsi dire. Car pour faire avaler la pilule, amortir le choc, beaucoup d’établissements adoptent un système varié d’échelonnement et de crédit. Mais un sou est un sou,...