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confÉrence de presse - Le leader du PSP tire à boulets rouges sur le gouvernement, sans retirer « ses » ministres Joumblatt : Non à la création de trois circonscriptions électorales au Mont-Liban(photo)

Le ton est explosif, le contenu aussi, mais Walid Joumblatt ne dépasse pas les limites qu’il s’est fixées. Si ses propos tenus hier, au cours d’une conférence de presse largement annoncée, et après une visite programmée à Damas, étaient sans doute très durs, le leader du PSP n’a pas annoncé sa volonté de retirer « ses » ministres du gouvernement, « pour l’instant du moins », se contentant d’un message très fort au président du Conseil et à tous ceux qui songeraient à le marginaliser à travers un découpage électoral qui réduirait son influence au Mont-Liban. Si ce point a été abordé en dernier, il serait en fait le cœur du problème, les ordures, les carrières, l’écoulement de la récolte d’huile d’olive et l’éternelle question des déplacés lui servant de support.

La faible brise de ce mois de juillet ne parvient pas à rafraîchir l’atmosphère. Mais Walid Joumblatt ne souffre apparemment pas de la chaleur. Avec une énergie débordante et dix minutes d’avance sur le rendez-vous initial, il tire à boulets rouges sur tout ce qui bouge (ou ne bouge pas) au gouvernement.
Enchaînant les boutades sarcastiques, les formules qui tuent et les chiffres, il aborde les sujets d’actualité et, comme à chaque fois, réussit à occuper le devant de la scène, occultant la séance du Conseil des ministres qui se tient en même temps.
Les ordures. Joumblatt développe le thème du coût exorbitant de leur ramassage : « Une tonne à Beyrouth et au Mont-Liban coûte 125 dollars, alors que les 20 litres d’huile d’olive, le gagne-pain des pauvres, coûtent 60 dollars, un prix obtenu de haute lutte, comme si le gouvernement faisait la charité à ceux qui en vendent. » Au sujet du dépotoir de Naamé, Joumblatt rappelle que le président du Conseil s’était engagé à le fermer, sur une recommandation du CDR, mais « apparemment, M. Mayssara Succar (PDG de Sukleen) est plus puissant… ».
Les carrières. « Derrière chaque député ou chaque ministre, il y a malheureusement le propriétaire d’une carrière. Ils veulent apparemment en finir avec ce qui reste du Liban vert. Même si l’importation de cailloux et autres est moins coûteuse sur le plan écologique. » Le leader du PSP lance des piques contre M. Nicolas Fattouche, lui demandant si la carrière qu’il protège paye ses taxes. « D’ailleurs, la plupart des carrières, du Nord au Sud, ne le font pas. L’Inspection financière en sait quelque chose. »
L’huile d’olive. « Cette question peut paraître accessoire, mais elle concerne en fait plusieurs régions du Liban. Nous demandons que le prix des 20 litres soit fixé à 100 000 LL et que cela soit introduit dans le budget au lieu d’être laissé à la bonne volonté du Haut comité de secours. D’autant que cela ne coûterait que 6 millions et 600 000 dollars en tout à l’État. Alors que la location du bâtiment de l’Escwa coûte entre 12 et 14 millions de dollars par an… ».
Le découpage électoral. « Nous avons réclamé d’abord la décentralisation administrative et ensuite le découpage électoral. Eux ont choisi de transformer deux cazas en mohafazats. Sur le plan du développement, cela ne signifie rien. Nous demandons qu’au Mont-Liban, chaque caza devienne aussi un mohafazat. Ils prétendent que le patriarche maronite tient absolument à ce que Kesrouan et Jbeil constituent une même circonscription électorale. Mais je crois plutôt que sa revendication initiale était un découpage équilibré pour toutes les régions. Nous ne voyons aucun inconvénient à ce que chaque caza devienne un mohafazat, mais nous n’accepterons pas trois circonscriptions administratives et électorales au Mont-Liban (selon l’idée développée par le ministre de l’Intérieur dans une interview, il y a deux jours). »
Les déplacés. « Le ministre actuel est dans l’impasse. En dix ans, un milliard et demi de dollars ont été dépensés sur ce dossier (en excluant le centre-ville où les fonds ont été payés par Solidere). C’est la somme payée pour l’AIB, qui est d’une laideur. On dirait un cercueil. C’est sans doute Dar al-Handassa qui a dû nous vendre un vieux projet… ».
Les cellulaires. « Lorsque nous disons être contre la privatisation, nous refusons en fait que le service public soit vendu à des sociétés nées du jour au lendemain. Mais nous n’avons rien contre le fait de confier le fonctionnement du secteur à un opérateur international reconnu. Le secteur aurait dû revenir à l’État le 15/2/2002. Mais ce transfert n’a eu lieu que le 31/8/2002. En six mois, les sociétés ont gagné 122 millions de dollars… De toute façon, si on continue comme cela, bientôt on décidera de privatiser l’armée, puisqu’elle coûte de l’argent. Et on multipliera les sociétés de sécurité privées… ».
Demandera-t-il au gouvernement de poser la question de confiance, au cours de la séance parlementaire de mardi prochain ? Joumblatt reste dans le flou. « Nous avons trois représentants au gouvernement. Jusqu’à quand continuera-t-on à les insulter en ne donnant pas des réponses claires aux questions que nous posons ?»
Compte-t-il retirer ses ministres du gouvernement ? « En fin de compte, il faudra le faire. Nous ne pouvons pas continuer ainsi, alors que les projets passent et que l’argent du peuple est volé. » Toutefois, Joumblatt reste vague sur les échéances, affirmant qu’avant de prendre une décision, il faudra une réunion de concertation avec la Rencontre démocratique (son bloc parlementaire) et le PSP. « Pour être clair, j’avais demandé au ministre Hamadé de régler l’affaire des ordures. En vain et en dépit de plusieurs réunions avec le président du Conseil. Le ministre Aridi était chargé de l’affaire de l’huile d’olive. Et là aussi, nous n’avons pas obtenu satisfaction. Le ministre Farhat était, lui, chargé des déplacés. Si M. Hariri veut faire des rencontres à Hammana avec les Beyrouthins, grand bien lui fasse. Mais on m’a rapporté qu’il aurait dit à l’un d’entre eux : On fera taire Joumblatt avec un peu d’argent. J’espère que ces propos sont faux… » Joumblatt précise toutefois qu’il n’y a pas de conflit personnel entre lui et le président du Conseil ou les autres responsables. Il ajoute qu’au cours de sa visite à Damas, il n’a pas évoqué la situation interne libanaise. « Il y a des thèmes plus importants à aborder maintenant, là-bas. »

Scarlett HADDAD
Le ton est explosif, le contenu aussi, mais Walid Joumblatt ne dépasse pas les limites qu’il s’est fixées. Si ses propos tenus hier, au cours d’une conférence de presse largement annoncée, et après une visite programmée à Damas, étaient sans doute très durs, le leader du PSP n’a pas annoncé sa volonté de retirer « ses » ministres du gouvernement, « pour...