Vagues écumes

Brasser des affaires à brasse coulée en piscine, le portable sur le gonflable. Et bientôt deux ou trois semaines de détente en Sardaigne, aux Baléares, aux îles Caïmans ou à Saint-Trop. Discrets, puissants, les écumeurs, dont tout l’art consiste à ne pas faire d’écumes, ne s’en font pas trop. Ils attendent douillettement les vacances. De postes ou de pouvoir. Politiciens, requins des finances, magouilleurs en tout genre baissent un peu le rythme, lèvent légèrement le pied, avant de lever la jambe pour des horizons de rêve. Encore un dernier pétard mouillé, mardi prochain à la Chambre, et le pays pourra un peu souffler. La tension, l’attention retomberont comme un gratin raté, une fois le gratin parti. On reprendra à la rentrée, entre lahoudistes, berriyistes et haririens, la sinistre blague de je-te-tiens-tu-me-tiens par la barbichette. Avec un avantage pour tous : le brûlot de la corruption, si malencontreusement allumé par les rapports de la Cour des comptes, de l’Inspection centrale et du Conseil de la Fonction publique, aura été éteint par les embruns des mers d’été. Sans grossier jeu de mots. Mais ce n’est pas parce qu’on n’en parlera plus que le mal aura disparu du tour de table. Comme le monde aux yeux de l’autruche qui fourre, pauvre bête, son nez dans le sable.
J.I.