Écriture vibrante et elle-même chargée de poésie pour cette étude littéraire doublée d’une certaine critique, où se mêlent toutes les notions et les valeurs. Fustigeant la société arabe, tout en donnant une idée de certains cercles intellectuels, Fouad Rafka ne manque pas de virulence quant au colonialisme français (avec une intelligentsia qui ne cache pas ses intentions hégémoniques) dans sa soif absolue de liberté. Un certain esprit de révolte flotte sur ces pages vibrantes où se dresse presque un réquisitoire contre les défaillances et les velléités d’une société arabe en quête de soi. Cet homme lettré, érudit, informé, qui a bien accompagné le mouvement des lettres, dans ce redoutable constat : « Étrange que nous sommes, nous les Arabes ! On parle de tout et nous ne faisons rien. Et pour que la parole devienne action, jusqu’à ce jour, demeure le ver dans le fruit… Et dans notre monde arabe, des blessures. Rarement nous traitons la blessure de la misère par le travail, la blessure de l’ignorance en ouvrant des universités, rarement nous combattons la blessure du confessionnalisme par la laïcité et la perte de la terre par les armes ; tout cela n’est que sédatif en l’absence de la liberté, et cette absence est notre première blessure. » Un petit livre, mais fort et condensé, comme une rasade d’alcool à sec.
E.D.
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