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Actualités

Pour ne pas les nommer

Par ordre décroissant d’inimportance :
– Ce brave homme, intègre, a été ministre des Affaires étrangères. Très peu : Rafic Hariri au-dehors, Ghassan Salamé dans les sommets organisés à Beyrouth lui damaient le pion. Très mal : il a réussi à nous brouiller avec les Koweïtiens. Pour un public relations chargé de chouchouter les pays amis ou frères, bienfaiteurs en tête, un tel contre-exploit reste remarquable. Surtout de la part d’un diplomate de carrière, ancien ambassadeur. Son zèle d’arrière de foot, d’âpre défenseur de la ligne nationale téléguidée, lui a cependant valu de retrouver un portefeuille. On lui a, naturellement, confié la Défense. L’autre jour, il reçoit l’ambassadrice de Tunisie, venue traiter un échange technique entre les deux pays. Il lui parle, pendant un long moment, de la « feuille de route », de l’Irak, des Palestiniens, etc. Comme s’il était encore sous les lambris du palais Bustros. C’est ce que l’on appelle de la déformation professionnelle.
– Pour cet autre (nouveau) pilier du régime, sinon du système, il n’est plus question de relever, comme naguère, le flou qui entoure le statut juridique de Chebaa. Plus question de souligner qu’il faut, avec la Syrie, se mettre en règle à ce propos auprès de l’Onu. Non, désormais à ses yeux, les hameaux sont définitivement libanais et il n’est rien de plus légitime que de tenter de les libérer les armes à la main. Parfait, mais au bout du compte, qu’en dira Damas ? À quel tour de passe-passe recourra-t-on pour qu’on lui refile ce fructueux lopin, bien irrigué, une fois exonéré de l’occupation israélienne ?
Sur un tout autre plan, ce même pôle altier rejette le principe des privatisations. Il ne les accepterait que si l’on ne peut faire autrement pour tirer l’État du pétrin. Et même alors, il estime qu’il faut respecter indirectement la nationalisation, en réservant la propriété de ces biens aux Libanais. Aux riches en somme. Comme progrès social, on peut sans doute trouver mieux.
– Dans ce cadre, force est de constater que le grand courant de pensée qui remonte aux Gracque, pour traverser ensuite Marat, Marx et Mao, n’est pas mort dans les décombres du mur de Berlin et de la tour URSS. Il se renie mais renaît. De Chateaubriand. Sur un mode bizarrement romantique. Adios, comme dit Carlos, l’homme nouveau, la lutte des classes et le progrès. Vive le conservatisme tout crin pour l’environnement, l’archéologie, l’intermondialisation et les retraites. Vive la paix verte par la guerre subversive, les sabotages, les attaques en mer, les casseurs en ville. Le vieil équilibre de la terreur est ainsi rétabli. Juste pour que le droit de rouspéter ne tombe pas dans l’oubli.
– Un petit pays européen, qui nous ressemble par certains côtés et qui, un peu comme nous, cultive l’originalité déraisonnable. En s’arrogeant le droit de juger le monde entier, à travers une loi dite de compétence universelle. Les juristes, les diplomates, les hommes d’État en attrapent le hoquet. Pour eux, il est incroyable que l’on puisse oublier que le droit international est un faisceau de méridiens nécessairement tracé par des conventions. Si chacun des quelque deux cents pays de cette planète, disent-ils, en faisait autant, combien de guerres seraient déclenchées. Certes, mais c’est si amusant d’imaginer le Groenland jugeant Cuba, ou la Birmanie l’assassinat de... Lumumba.
J.I.
Par ordre décroissant d’inimportance :– Ce brave homme, intègre, a été ministre des Affaires étrangères. Très peu : Rafic Hariri au-dehors, Ghassan Salamé dans les sommets organisés à Beyrouth lui damaient le pion. Très mal : il a réussi à nous brouiller avec les Koweïtiens. Pour un public relations chargé de chouchouter les pays amis ou frères, bienfaiteurs en...