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La faillite n’est pas dans la présence militaire syrienne mais dans le non-respect de la souveraineté

Ghassan Tuéni se penche dans le Nahar, puisqu’on en reparle, sur le texte de la fameuse résolution numéro 520. Le Conseil de sécurité y « réitère son appel au respect total de la souveraineté du Liban, de son intégrité territoriale, de son unité, de son indépendance politique, à l’ombre de ses seules autorités, sans autres, par le biais du déploiement de l’armée libanaise dans tout le pays. » Pour le penseur, la faille n’est pas dans la présence de l’armée syrienne, mais dans le non-respect de la souveraineté nationale. Il redit que des troupes US sont toujours basées en Allemagne, ce qui n’empêche pas ce pays de s’opposer aux États-Unis. Les électeurs allemands ont ainsi choisi une direction, plus précisément un chancelier et son ministre des Affaires étrangères, opposée à l’Amérique. Car en Allemagne, comme du reste au Japon, on place, le cas échéant, la souveraineté et l’indépendance bien au-dessus de l’autorité ou du charisme militaire d’autrui. Et même de la loyauté fraternelle ! Ces remarques pertinentes remettent en perspective, selon nombre de politiciens, la question des relations libano-syriennes. Elles fixent l’angle sous lequel il convient d’appréhender ces rapports pour qu’ils deviennent vraiment privilégiés. Sans ces défauts dont les dirigeants des deux pays reconnaissent eux-mêmes l’existence. Sans qu’aucune des deux parties ne tente de la corriger, pour donner à la souveraineté comme l’indépendance une place dominante. Dans cette optique, les politiciens cités conviennent avec Tuéni que le vrai problème ne réside pas tant dans la présence de l’armée syrienne. Qui peut, de fait, épauler les autorités locales dans le maintien de l’ordre, comme dans la prévention des débordements orchestrés par des fauteurs de troubles. De plus, l’armée syrienne présente au Liban se trouve mieux en mesure de défendre, sur le plan stratégique technique, le flanc de la Syrie contre les visées d’Israël. Taëf, de son côté, indique ce qui suit : – « Les parties libanaises s’étant entendues sur la mise en place d’un État fort sur base d’une entente nationale, le gouvernement de l’entente nationale doit élaborer un plan de sécurité détaillé, étalé sur un an. Pour établir progressivement l’autorité de l’État libanais à l’ensemble du territoire national par le truchement de ses forces propres. » Les grandes lignes de ce plan se résument comme suit : – Dissolution de toutes les milices, libanaises ou non libanaises. Leur arsenal sera remis à l’État libanais dans un délai de six mois courant après l’approbation du document de l’entente nationale, de l’élection d’un nouveau président de la République, de la formation du gouvernement de l’entente et de la promulgation des réformes politiques constitutionnelles. – Renforcement des Forces de sécurité intérieure. – Consolidation des forces armées. Ce qui signifie qu’il faut mettre à profit la présence de l’armée syrienne pour contrôler l’ordre après la dissolution des milices, en attendant que la réhabilitation des forces régulières libanaises soit parachevée. Mais les milices n’ont pas été toutes dissoutes ni toutes désarmées, notamment du côté des camps palestiniens. De même et comme l’État libanais fort fondé sur l’entente, évoqué dans Taëf, reste un vœu pieux. De ce fait, le concours sécuritaire des forces syriennes a été considéré comme toujours nécessaire par les gouvernements locaux successifs. En outre, certains responsables ou politiciens n’hésitent pas à affirmer, sans honte, que le retrait syrien pourrait provoquer une reprise de la guerre domestique. Comme si les 25 ans qui se sont écoulés depuis l’entrée des Syriens n’avaient pas suffi pour faire du Liban un État à part entière. En ce qui concerne le volet stratégique pur, Taëf dit : « Le gouvernement syrien et le gouvernement de l’entente libanais décideront du redéploiement des forces syriennes sur la Békaa et à l’entrée ouest de cette plaine à hauteur de Dahr el Baidar jusqu’à l’axe Hammana-Mdeirej-Aïn Dara. Ainsi qu’en d’autres points, déterminés par une commission militaire mixte, si le besoin s’en fait sentir. Les deux gouvernements se mettront d’accord sur le volume et la durée de présence des forces syriennes, ainsi que sur leurs rapports avec les autorités libanaises. » Des redéploiements ont eu lieu, à diverses occasions. Mais il n’y a eu aucun accord sur le volume, sur la durée ou sur les rapports des forces syriennes avec les pouvoirs libanais. Auparavant la normalisation était liée à la 425. Taëf y faisait d’ailleurs allusion. Par contre, ce texte n’évoquait pas du tout la condition, actuellement rajoutée en pratique, de la récupération du Golan par la Syrie. Quoi qu’il en soit, la présence syrienne doit être, conformément à l’esprit de Taëf et à l’instar de la présence de troupes US en Allemagne ou ailleurs, d’ordre purement militaire et sécuritaire. Sans interférence dans des questions politiques intérieures comme les élections ou la formation des gouvernements. C’est là le point essentiel. Ainsi, Fouad Boutros, au cours de la mission qu’il a développée à la demande de Damas, avait mis la présence purement militaire au bas de sa liste car c’est ailleurs que le bât blesse vraiment. Les relations sont en effet affectées par des immixtions quotidiennes d’ordre politique. Pour être assainies, elles doivent se fonder sur une coordination étroite en matière de défense et de politique étrangère, à l’exclusion donc des questions intérieures. Qui cristallisent la vraie souveraineté nationale. Émile KHOURY
Ghassan Tuéni se penche dans le Nahar, puisqu’on en reparle, sur le texte de la fameuse résolution numéro 520. Le Conseil de sécurité y « réitère son appel au respect total de la souveraineté du Liban, de son intégrité territoriale, de son unité, de son indépendance politique, à l’ombre de ses seules autorités, sans autres, par le biais du déploiement de l’armée...