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Messe traditionnelle à l’intention de la France « En Irak, la voix de la vengeance et les intérêts de certains pays ont été les plus forts »(photos)

Le patriarche maronite a saisi l’occasion de la messe traditionnelle du lundi de Pâques aux intentions de la France, pour dire clairement sa pensée au sujet de la guerre contre l’Irak. « La voix de la vengeance et les intérêts de certains pays ont été les plus forts », a-t-il affirmé au sujet d’une guerre que les États-Unis affirment avoir menée tantôt pour détruire l’arsenal – introuvable – d’armes de destruction massive de l’Irak et tantôt pour libérer la population irakienne du despotisme de Saddam Hussein. Par ailleurs, s’exprimant devant l’ambassadeur Philippe Lecourtier, de son épouse et du personnel diplomatique et administratif de l’ambassade de France, le chef de l’Église maronite a rendu un vibrant hommage au « discours magistral » du ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, au Caire. « Le choc des religions et des civilisations est, pensons-nous, un leurre, a-t-il affirmé, citant ce dernier, l’intégrisme est le produit d’une rencontre manquée entre deux mondes. Il se nourrit de l’injustice et de l’ignorance, non de la religion ». Voici de larges extraits de l’homélie prononcée par le patriarche maronite au cours de la messe : « Monsieur l’ambassadeur, comme tous les ans, en ce lundi de Pâques, vous avez voulu participer à cette cérémonie, et par votre présence vous perpétuez une longue tradition de relations séculaires entre votre pays et le patriarcat maronite. C’est avec joie que nous vous accueillons ce matin et offrons cette messe à l’intention de la France, de ses responsables, de son peuple avec lequel nous partageons beaucoup de valeurs et d’idéaux communs. « L’un de ces idéaux les plus importants que nous partageons est la conviction de la dignité fondamentale de tout être humain, et son aspiration profonde à la paix. « (...) De cette dignité découle l’aspiration de l’homme à la paix, et son droit à exiger cette paix de la société locale, nationale et internationale. « Mais si nous jetons un regard sur le monde autour de nous, nous constatons, malheureusement, que ni la dignité de l’homme ni son aspiration à la paix ne sont respectées. Bien au contraire, les images des guerres, de violence, de catastrophes, du terrorisme envahissent tous les moyens de communications sociales. « C’est ce qui nous a poussés à poser, dans notre message pascal, les questions suivantes concernant notre région du Moyen-Orient : – « Que ne se désole pas profondément au spectacle de la mort, de l’exode et des destructions que provoquent les armes destructrices dans les rangs d’êtres humains créés par Dieu pour vivre dans la dignité, la tranquillité d’esprit et la paix ? – Qui ne souffre pas parmi nous de voir sur le petit écran des enfants aux membres amputés par des bombes incendiaires, condamnés à vivre handicapés le reste de leur existence, pleins de rancune contre la société qui n’a pas su leur assurer une vie heureuse ? – Quel être humain n’est pas encore convaincu que la violence n’engendre que la violence, et que la guerre n’entraîne que la guerre... » Le primat de la loi morale « Nous savons, Monsieur l’ambassadeur, et nous apprécions tous les efforts déployés par la France et d’autres pays d’Europe et d’ailleurs pour empêcher la guerre en Irak. Malheureusement, la voix de la vengeance et des intérêts de certains pays a été plus forte. Mais cela ne doit pas décourager les responsables et tous les hommes de bonne volonté de poursuivre leur lutte pour faire prévaloir les intérêts de la paix. Or, celle-ci n’est possible que si tout le monde reconnaît le primat de la loi morale, et que les “communautés politiques harmonisent leurs relations selon la vérité et la justice en esprit d’active solidarité et dans la liberté”. « Si toutes les relations entre les hommes, individus, communautés, États ne sont pas basées sur ces quatre piliers définis par Jean XXIII, la construction d’une véritable paix s’avère impossible. « Mais cette tâche immense qui incombe “à tous les hommes de bonne volonté” dépasse les seules forces humaines. C’est pourquoi, avec le bienheureux Jean XXIII nous élevons nos prières vers le “Prince de la paix” qui, par son sang, a réconcilié le genre humain avec Son Père, “qu’Il bannisse des âmes tout ce qui peut mettre la paix en danger, qu’Il transforme tous les hommes en témoins de vérité, de justice et d’amour fraternel, qu’Il éclaire ceux qui président aux destinées des peuples afin qu’ils assurent le maintien de l’inestimable bienfait de la paix” Amen. » À la table du patriarche À l’issue de l’office religieux, le patriarche a retenu ses hôtes français à déjeuner. Levant son verre au succès de la mission de son hôte, il a déclaré : « Monsieur l’ambassadeur, « Mes chers amis, « Comme chaque année, en ce lundi de Pâques, je suis heureux avec mes vénérables collaborateurs, les évêques et les pères du siège patriarcal, de vous accueillir, Monsieur l’ambassadeur avec vos collaborateurs, sous le toit de ce patriarcat. L’occasion est certes religieuse ; mais la religion n’a jamais éloigné les hommes les uns des autres. Encore moins, les a-t-elle dressés les uns contre les autres. Et le choc des civilisations et des religions est, pensons-nous, un leurre. C’est ce qu’a affirmé d’ailleurs en Égypte, il y a quelques jours, à l’occasion de sa dernière tournée moyen-orientale, M. Dominique de Villepin, ministre français des Affaires étrangères. Parlant de l’intégrisme et de ses causes, il dit dans un discours magistral : “L’intégrisme est le produit d’une rencontre manquée entre deux mondes. Il se nourrit de l’injustice et de l’ignorance, non de la religion”. « Nous vivons dans un pays qui se caractérise par la multiplicité de ses communautés religieuses. Nous y vivons ensemble dès l’aube de l’islam. Ce serait s’aveugler que de dire qu’il n’y a jamais eu de conflits meurtriers entre nous. Mais à tout prendre, nous sommes convaincus que dans ce pays où Dieu a voulu nous placer, nous avons une mission. Puissions-nous l’accomplir comme elle devrait l’être. « Par ailleurs, dans sa lettre du 21 mars dernier à Sa Sainteté, le pape Jean-Paul II, à la suite du déclenchement des hostilités en Irak, M. Jacques Chirac, président de la République française, tout en déplorant qu’un règlement pacifique n’ait pas pu être obtenu en Irak, n’a pas manqué de souligner le souci du Saint-Père à l’égard des chrétiens de cette région. Avant même son ministre des Affaires étrangères. Il avait fait état de ses appréhensions de voir la guerre en Irak “conduire à alimenter l’antagonisme des civilisations et des religions”. « Maintenant que l’inéluctable est arrivé, nous prions pour que cette guerre n’ait pas de retombées malheureuses sur le monde, sur les Nations unies et surtout sur les pays de notre région. « En vous remerciant de votre fidélité à ce qui peut être déjà appelé comme une tradition, je tiens à saluer respectueusement M. Jacques Chirac, président de la République française, pour sa position courageuse concernant le conflit irakien, position qui d’ailleurs rejoint celle des églises dans le monde, et particulièrement celle de l’Église catholique. « Prions Dieu pour que cette guerre n’ait pas des conséquences désastreuses sur les pays de la région. On craint fort que le nôtre ne soit pas totalement à l’abri, comme si ce qu’il a enduré et ne cesse de le faire, ne suffisait pas. En tout cas, quoi qu’il arrive, nous avons confiance qu’il y a une providence qui veille sur les oiseaux du ciel et les fleurs des champs ; encore plus sur les pays et les hommes. « En vous réitérant mes remerciements, je lève mon verre au succès de votre mission Monsieur l’ambassadeur et celle de vos collaborateurs, à la prospérité de la France et à votre santé. »
Le patriarche maronite a saisi l’occasion de la messe traditionnelle du lundi de Pâques aux intentions de la France, pour dire clairement sa pensée au sujet de la guerre contre l’Irak. « La voix de la vengeance et les intérêts de certains pays ont été les plus forts », a-t-il affirmé au sujet d’une guerre que les États-Unis affirment avoir menée tantôt pour détruire...