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Communautés - Le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a été reçu , samedi, par Nabih Berry et Bahia Hariri Rencontre islamo-chrétienne à haut niveau à Majdelioun(photos)

L’écho rencontré au Liban par la prise de position du pape Jean-Paul II contre la « guerre préventive » des États-Unis contre l’Irak ne cesse de s’amplifier. À mesure que la fausseté des motifs invoqués par Washington à cette guerre devient plus évidente, l’admiration pour l’hostilité du pape se fait plus vive. Cette guerre, comme toutes les guerres, est « une défaite pour l’humanité », avait dit le pape, avant que le monde entier ne le constate sur le petit écran : carnage contre la population, pillage de la mémoire de l’Irak, dénaturation d’un peuple assimilé à une bande de pillards, etc. C’est dans un climat marqué par une vive conscience de ces injustices, un climat où l’indignation le dispute à l’écœurement que l’on doit situer la visite au Liban du président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, Michel Fitzgerald. Venu malgré l’annulation d’un colloque auquel il devait participer, l’évêque a dû se féliciter de n’avoir pas annulé son voyage, en écoutant les éloges sans nuances, dans les cercles politiques musulmans, de la position du Vatican. Samedi, Mgr Fitzgerald a eu l’occasion d’entendre Mme Bahia Hariri, présidente de la commission parlementaire de l’Éducation, dire combien « Libanais et Arabes, musulmans et chrétiens sont redevables au Saint-Père ». C’était à l’occasion d’un déjeuner offert en son honneur à Majdelioun, dans la demeure du Premier ministre. En présence des muftis Kabbani et Kabalan et de nombreux ulémas sunnites, chiites et druzes, du patriarche syrien catholique Ignace Pierre II et de plusieurs évêques, dont le vicaire patriarcal maronite Roland Aboujaoudé et le métropolite Élias Audeh, de ministres et de députés, d’intellectuels et de professeurs d’université ainsi que des membres du Comité national pour le dialogue islamo-chrétien, Mme Hariri a tenu à rappeler, dans une allocution de bienvenue, comment le pape a « accompagné » le Liban durant les années de guerre vers « les retrouvailles et l’union », comment il a publié l’Exhortation apostolique comme charte de la recomposition du tissu social du Liban, comment il a invité les chrétiens à jeûner avec leurs frères musulmans, le dernier jour du ramadan, l’année passée (2002). Mme Hariri a souligné, dans son allocution, la volonté des musulmans de « faire fructifier » ces positions, sans oublier celles que le Vatican – ainsi que le Conseil mondial des Églises – prennent en faveur de la Palestine, « dans la vie commune et la vie nationale » . Pour conclure, au nom de tous les présents, Mme Hariri a demandé au prélat de transmettre ses vœux au pape, à l’occasion de la fête de Pâques. Les conditions de la paix Pour sa part, Mgr Fitzgerald a pu développer, devant ses auditeurs, parmi lesquels figuraient le mufti de la République et le vice-président du Conseil supérieur chiite, ainsi que de hauts dignitaires druzes, la vision authentiquement catholique de la paix mondiale et de ses conditions. Puisant dans le texte de l’allocution qu’il devait prononcer au colloque de l’USJ sur « le dialogue des cultures et la résolution des conflits » et invitant les Libanais à « ne pas garder pour eux » le modèle de convivialité qui leur a permis de survivre à la guerre civile, le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a cité l’encyclique Pacem in Terris du pape Jean XXIII et le message annuel de Jean-Paul II pour la Journée mondiale de la paix 2002. « Pour Jean-Paul II, a-t-il dit, les deux piliers de la paix sont la justice et cette forme particulière de l’amour qui est le pardon. Ces deux piliers ne s’opposent pas. Le pardon s’oppose à la rancune et à la vengeance, non à la justice. La justie humaine, qui est toujours imparfaite, doit être complétée par le pardon. Celui-ci guérit les blessures et rétablit les rapports humains perturbés. Il aide à restaurer la confiance et permet un nouveau départ. Cela vaut non seulement au niveau individuel, mais aussi au plan social. Les familles, les groupes, les États, la communauté internationale elle-même ont besoin de s’ouvrir au pardon pour renouer les liens rompus, pour dépasser les situations stériles de condamnations réciproques, pour vaincre la tentation d’exclure les autres en leur refusant toute possibilité d’appel. La capacité de pardonner est à la base de tout projet d’une société à venir plus juste et plus solidaire. » « Cet enseignement ne trouve-t-il pas d’ailleurs un écho en islam, poursuit le texte. Dieu est proclamé al-rahman al-rahîm, clément et miséricordieux, selon la traduction habituelle. Il est aussi al-ghafûr, Celui qui est toujours enclin à pardonner. Et si l’homme doit se vêtir des attributs de Dieu, ne doit-il pas être prêt à pardonner, même si l’islam n’en fait pas une obligation ? » Il est des événements qui communiquent, et la visite de Mgr Ftizgerald, alors que le Liban commémore le 13 avril 1975, est de ceux-là. Ce que les Libanais vivent au contact des nouvelles de l’Irak pourrait modifier la perception qu’ils ont d’eux-mêmes et faire avancer leur dialogue, a noté l’un des convives présents. Pour sa part, Mohammed Sammak, coprésident du Comité national pour le dialogue islamo-chrétien, qui a l’oreille du mufti et du Premier ministre, parle d’une véritable révolution provoquée par la prise de position du pape dans la perception du christianisme par l’islam. Les fondements éthiques et religieux de la prise de position politique du pape offrent aux rapports entre le christianisme et l’islam une nouvelle base, assure M. Sammak, qui en espère un dialogue plus fructueux, moins méfiant. Par ailleurs, accompagné de Mgr Boulos Matar, archevêque de Beyrouth, le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a rendu visite samedi matin au président de la Chambre, Nabih Berry, à Mseileh. Ce dernier a eu l’occasion d’exprimer devant son hôte l’estime dans laquelle il tient le chef de l’Église catholique, et de fustiger la coalition anglo-américaine qui, selon ses vues, « est un système privé de normes religieuses et de valeurs de civilisations ». « Les prises de position du Vatican , qui recoupent celles de nombreuses instances musulmanes, préparent l’entrée dans le sanctuaire sacré du dialogue », a encore dit M. Berry. En soirée, Mgr Fitzgerald a été reçu par M. Walid Joumblatt. Le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux devait quitter Beyrouth hier soir pour Rome. Fady NOUN
L’écho rencontré au Liban par la prise de position du pape Jean-Paul II contre la « guerre préventive » des États-Unis contre l’Irak ne cesse de s’amplifier. À mesure que la fausseté des motifs invoqués par Washington à cette guerre devient plus évidente, l’admiration pour l’hostilité du pape se fait plus vive. Cette guerre, comme toutes les guerres, est « une...