Terrorisme - « Un acte criminel qui ne profite qu’à Israël », affirme Lahoud Vague d’indignation après l’attentat de Dora

Le climat d’antiaméricanisme primaire, soigneusement entretenu par les déclarations outrancières de certains « responsables » politiques, s’est traduit samedi par le double attentat à l’explosif et à la voiture piégée contre le McDonald’s de Dora, un restaurant où « travaillent et mangent des Libanais », pour citer le père de l’une des employées de l’établissement. Pourtant, comme toutes les franchises des sociétés américaines, l’endroit était sévèrement gardé par les forces de l’ordre. Une surveillance qui n’a pas empêché les criminels d’introduire quatre cents grammes de dynamite dans les toilettes du restaurant ni de garer à proximité une voiture bourrée de 55 kilogrammes de TNT. Pour s’assurer que les 55 kilogrammes de TNT détruiraient non seulement le restaurant « ennemi », mais également les immeubles avoisinants, les auteurs de l’attentat avaient pris le soin de relier la charge explosive à des bonbonnes de gaz butane. Hier, le président de la République, le général Émile Lahoud, a donné ses instructions aux services judiciaires et sécuritaires concernés, insistant sur la nécessité de n’épargner aucun effort pour identifier et châtier les responsables de cet « acte criminel qui profite aux ennemis du Liban, ceux-là mêmes qui œuvrent à torpiller la stabilité du pays ». Ceux qui ont planifié et exécuté l’attentat, a ajouté le chef de l’État, « offrent un service gratuit à Israël, car ils savent pertinemment que ces établissements commerciaux sont à cent pour cent libanais, tout comme le sont le personnel et l’écrasante majorité des clients. Ils savent également que les dommages qu’ils leur infligent se répercutent sur l’ensemble de la société libanaise et nuisent à la sécurité et à la stabilité dont jouit le pays ». « La condamnation de l’agression militaire contre l’Irak ne peut se traduire par des actes qui portent atteinte au Liban, à son potentiel et à son rôle, mais par un attachement indéfectible à l’application des résolutions internationales », a poursuivi le président Lahoud. En conclusion, le général Lahoud a assuré que « l’État ne permettra à aucune partie d’exploiter l’agression contre l’Irak pour provoquer un climat d’insécurité et rendre service à ceux qui œuvrent contre l’unité du Liban, sa souveraineté et sa stabilité ». Le cinquième attentat Pour le ministre de la Santé, Sleimane Frangié, « des actes pareils ne nuisent pas aux États-Unis mais à l’investisseur, l’employé et le client libanais. Comme tout le monde le sait, la franchise est vendue à des Libanais qui l’exploitent. Ce sont donc des Libanais qui sont lésés, alors que la société américaine a perçu le prix de la franchise depuis quatre ans déjà ». Le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, a estimé de son côté que l’attentat de Dora vise « une tranche bien définie de la population libanaise » et ses auteurs « ne cherchent qu’à semer la dissension dans le but de porter atteinte à l’union nationale ». Le conseil exécutif du Mouvement de renouveau démocratique que préside le député Nassib Lahoud a invité « les instances politiques libanaises à condamner ces agissements criminels et à leur dénier toute couverture politique ou religieuse ». Dans un communiqué publié hier, le mouvement a mis en garde contre la poursuite des attentats « qui ne servent qu’à infliger des dommages corporels, matériels et moraux au Liban et aux Libanais ». Le chef du parti Kataëb, Karim Pakradouni, a lui aussi dénoncé l’attentat de Dora, « un acte terroriste qui vise à ébranler le climat de stabilité et de sécurité qui règne au Liban et à saper les assises de l’union nationale ». « Le ralliement à la cause irakienne et le boycottage des produits américains ne peuvent en aucun cas justifier des attentats perpétrés contre des établissements dont les propriétaires, le personnel et les clients sont exclusivement libanais sous prétexte qu’ils portent le nom d’une chaîne américaine ». Le président de l’Association des commerçants de Bourj Hammoud, Paul Ayanian, a condamné « le lâche attentat qui vise à terroriser et à tuer les Libanais et leurs enfants sous le prétexte de dénoncer la guerre en Irak ». Le syndicat des restaurateurs a dénoncé l’attentat, « qui est une atteinte aux valeurs humaines et un coup dur porté au tourisme, l’un des piliers de l’économie nationale ». L’attentat commis samedi contre le McDonald’s de Dora est le cinquième, depuis début mars, à viser des établissements de restauration rapide à Beyrouth et dans d’autres villes du Liban. Mais c’est le premier à être commis en plein jour, à une heure de pointe et en plein week-end. Les attentats précédents s’étaient soldés par des dégâts matériels, sans que personne ne soit blessé. Les restaurants McDonald’s poursuivent leurs activités « McDonald’s Liban annonce que ses restaurants poursuivent leurs activités habituelles et accueillent leur clientèle dans un cadre normal grâce aux mesures renforcées des forces de l’ordre pour assurer la sécurité des employés et des clients », a indiqué un communiqué publié samedi par la chaîne de restauration rapide. Le communiqué, qui exprime « l’immense regret » de la direction, précise que « la société qui possède et gère la chaîne de restauration McDonald’s au Liban est exclusivement libanaise et soutient activement l’économie du pays ».