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Débat - Invité par l’Ordre des médecins, le président de la Chambre critique le gouvernement Nabih Berry : La Ligue arabe est finie. Il faut créer une nouvelle institution

Devant un parterre de spécialistes, le président de la Chambre, M. Nabih Berry, a rappelé que le gouvernement actuel est « cliniquement mort ». Invité par l’Ordre des médecins de Beyrouth à un débat ouvert, M. Berry en a profité pour critiquer un Conseil des ministres qui n’est pas, selon lui, à la hauteur de la situation, lancer des pointes à l’adresse du ministre des Finances, saluer l’unité nationale et la position de l’Église, et surtout évoquer la gravité de la situation régionale, précisant que plus la guerre sera longue et plus elle profitera à l’Irak, mais qu’en définitive, ce sont tous les Arabes qui sont visés et qu’il faut désormais trouver une autre formule que la Ligue. La maison du médecin à Tahouita n’avait plus connu une telle affluence depuis les élections de l’Ordre. L’auditorium Rafic Hariri est pratiquement plein. Dans l’assistance, des médecins surtout, le ministre Michel Moussa et quelques députés, dont MM. Samir Azar, Atef Majdalani et Ali Khalil. Après les mots de bienvenue des présidents des Ordres des médecins de Tripoli et de Beyrouth, MM. Ibrahim Jokhadar et Mahmoud Choucair, le président de la Chambre prend la parole, évoquant d’abord, assistance oblige, la nécessité d’établir une politique de la santé pour tous, avant d’aborder la situation régionale et les questions politiques. Berry commence par rendre un vibrant hommage à l’unité nationale, selon lui, le seul moyen d’affronter les graves menaces qui pèsent sur la région. Cette unité qui s’est consolidée grâce à la position de l’Église catholique et du patriarcat maronite. Il demande toutefois aux autorités, et plus particulièrement au chef de l’État, de traduire cette unité à travers les institutions. Au passage, le président de la Chambre, qui a exigé que les questions soient directes pour éviter tout filtrage, critique le gouvernement et son action, affirmant qu’il est, selon lui, cliniquement mort, tout en ajoutant que son hostilité n’est pas une question de représentation au sein de l’équipe gouvernementale, mais un rejet de son inertie et de son absence de cohérence. Il évoque ainsi la question du dernier concours au ministère des Affaires étrangères. « 25 personnes ont réussi, dont 15 chrétiens, et pour cette raison, elles n’ont toujours pas été nommées dans les postes vacants. » Quatre raisons pour une guerre Au sujet de la situation régionale, M. Berry précise que plus la guerre sera longue, plus elle tournera à l’avantage de l’Irak, car à ce moment-là, les États-Unis devront de nouveau faire appel à l’Onu. Selon lui, il ne faut pas se faire d’illusions, il s’agit d’un remodelage de la région, conformément aux intérêts des États-Unis et d’Israël. Pour M. Berry, les vraies raisons de la guerre seraient au nombre de quatre : montrer que seuls les États-Unis possèdent le pouvoir de décision, détruire toute velléité de création d’un nouveau pôle politique, qu’il s’agisse de l’Union européenne, de la Russie ou de la Chine. Enfin, les États-Unis souhaitent mettre la main sur les richesses pétrolières de la région et installer des régimes qui préserveront leurs intérêts. « Qu’on ne nous parle plus donc de démocratie, déclare le président de la Chambre. Ce sont bien les États-Unis qui appuient toutes les dictatures dans le monde et dans la région. C’est pourquoi le meilleur moyen de résister à la vague américaine est justement d’investir dans la démocratie, qui reste le meilleur moyen contre tous les maux, notamment le confessionnalisme. » M. Berry estime ensuite qu’aucun pays arabe n’est à l’abri des conséquences de la guerre contre l’Irak, même si le Liban et la Syrie pourraient être moins touchés que les autres. « Mais nous ne vivons pas sur une île et la question qui se pose reste : à qui le tour après l’Irak ? à l’Arabie saoudite, au Liban et à la Syrie, à l’Iran ? Pour l’instant, je n’ai pas de réponse, mais c’est l’ensemble du monde arabe qui est visé. Malheureusement, les Arabes ne font que réagir au lieu de prendre eux-mêmes l’initiative. » En réponse à une question, M. Berry déclare que la Ligue arabe est finie, « elle était d’ailleurs paralysée dès sa naissance, ajoute-t-il , avec cette clause qui veut que toutes les décisions soient prises à l’unanimité. Il faut désormais trouver autre chose et je crois que le Liban peut jouer un rôle dans ce domaine ». Pour le président de la Chambre, il est temps que les Arabes cessent de subir les décisions des États-Unis, leur fournissant l’argent et le terrain de bataille. « Il faut créer de nouvelles institutions et cesser de prêter l’oreille aux Américains, qui ne cherchent qu’à nous diviser pour nous affaiblir. » C’est dans ce cadre que s’inscrit, selon M. Berry, la phrase du secrétaire d’État américain sur « l’occupation syrienne du Liban ». Mais, toujours selon lui, les Libanais connaissent leurs intérêts et ne se laissent pas prendre au piège. Scarlett HADDAD
Devant un parterre de spécialistes, le président de la Chambre, M. Nabih Berry, a rappelé que le gouvernement actuel est « cliniquement mort ». Invité par l’Ordre des médecins de Beyrouth à un débat ouvert, M. Berry en a profité pour critiquer un Conseil des ministres qui n’est pas, selon lui, à la hauteur de la situation, lancer des pointes à l’adresse du ministre...