Rechercher
Rechercher

Actualités

Opinion Bravo l’Église, bravo la France !

Par Georges KHADIGE Au moment où je rédigeais ces quelques lignes, je pressentais qu’il était peut-être déjà trop tard. Maintenant que la machine infernale américaine est déjà en marche, flanquée de ses deux acolytes de fortune, « la perfide Albion » et « la naufragée armada », il est certainement trop tard. Mais je rédige quand même et je publie pour la gloire, pour la vérité, pour l’histoire, même si je dois me mettre à l’école de Cambronne. Quelle tristesse, en effet, que de voir toute cette mascarade conduite par un homme, qui se prend pour le messager de Dieu, alors que Dieu, j’en suis sûr, s’en lave les mains. Devant cette tragi-comédie me revient à l’esprit une image biblique, celle de Caïn : « échevelé livide au milieu des tempêtes... », qui, après avoir assassiné son frère Abel, ne trouvera plus jamais le repos ni un endroit pour se cacher et fuir l’œil de Dieu, qui le poursuivra même dans la tombe : « L’œil était dans la tombe et regardait Caïn. » (V. Hugo – Les Châtiments). L’agression contre l’Irak, qui fait fi de toute légitimité internationale ou légitimité tout court, pourra devenir pour ses auteurs le 18 Brumaire de Napoléon et ramener à l’esprit ces vers éternels de Victor Hugo dans le même recueil : « Qui sait de quoi demain sera-t-il fait ? L’homme aujourd’hui sème la cause, demain Dieu fait mûrir l’effet. Demain c’est le cheval qui s’abat blanc d’écume... demain c’est Waterloo, demain c’est Sainte-Hélène, demain c’est le tombeau. » George Bush n’est certes lui-même ni un tueur ni un étrangleur, mais son armée, et sur ses ordres, tue aujourd’hui en Irak des femmes, des enfants et des innocents sans doute pour mettre la main sur toutes les richesses des Arabes, pétrole en tête, même au prix, hors de prix, de milliers de vies humaines et de dignités bafouées. Décidément il est obsédé ! Obsédé comme Caton, qui répétait inlassablement « Delenda est Carthago », « Il faut détruire Carthage ». Il veut détruire, sous prétexte qu’on lui a détruit deux tours. Paris vaut bien une messe, disait Henri IV, la domination du monde, la mainmise sur le pétrole, l’asservissement des Arabes et de l’islam constituent, semble-t-il, aux yeux de Bush, un juste prix pour les deux tours et un peu de Pentagone, avec, en prime, l’occasion de se libérer du syndrome Saddam Hussein dont les initiales semblent avoir été collées par la fatalité au nom même des BuSH. Mais inutile d’en rajouter. Dans cette abomination de la désolation, une bouffée d’oxygène nous vient quand même de l’Église et de la France : « Espoirs suprêmes et suprêmes pensées », et comment ne pas se remémorer cette pensée lyrique arabe, pleine de profondeur et de sagesse : « Dans la nuit obscure on éprouve le manque de la pleine lune. » Quelle honte c’eut été pour le monde, quel déshonneur pour l’humanité, si la voix de l’Église et celle de sa fille aînée ne s’étaient pas élevées pour dénoncer ce crime contre l’humanité, qui est en train d’être commis au nom de principes, qui sont précisément balayés par ce crime, foulés aux pieds, répudiés à jamais par ceux-là mêmes qui prétendent les défendre. Quelle ironie du sort ? Quel étrange destin, qui veut qu’aujourd’hui Saddam Hussein soit présenté comme le nouveau Satan, le seul vrai danger pour toute l’humanité, alors qu’en voulant le déloger, c’est l’Onu qu’on assassine et qu’on fait sombrer, comme la défunte SDN, qui n’a pas résisté au choc de la Deuxième Guerre mondiale. Que dans le concert des nations il n’y ait plus que la France et le Vatican pour faire entendre la voix du droit, de la justice et de la vérité, voilà qui inquiète mais qui rassure en même temps, puisque le monde croit et espère que jamais de telles voix ne se tairont et qu’il se trouvera toujours des héros pour défendre le droit et la justice, de l’Orient à l’Occident, de l’Irak à la Palestine, de Marianne à la Chaire de Pierre. À quoi sert-il d’analyser les motifs invoqués, pour en prouver la fausseté, de démasquer les vrais motifs, pour en confirmer la véracité ? Une seule réalité est là, c’est qu’une folie démoniaque vient de se déchaîner et que les disciples du Christ et de Mahomet doivent être la main dans la main, comme ils ne l’ont jamais fait jusqu’à présent, pour la dénoncer. Mais si la voix de l’Église et de la France se font entendre haut et fort, on voudrait voir les Arabes et l’islam se mettre au même diapason, crier leur indignation, rejeter l’hégémonie de la civilisation, des jeans, du chewing-gum et des fast-foods et cesser de pécher par omission, par acceptation tacite, par compromission. De l’audace, a-t-on envie de leur crier, comme Danton, de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et votre cause sera entendue, votre dignité sauvegardée, votre civilisation épargnée et votre religion respectée. Alors les portes de l’enfer ne prévaudront plus contre elles. Mais si vous ne secouez pas votre torpeur, si vous ne vous réveillez pas, avant qu’il ne soit définitivement trop tard, alors il ne resterait plus qu’à vous souhaiter de reposer en paix du sommeil éternel. Bravo l’Église, bravo la France, qui, malgré tous les risques de représailles éventuelles, n’ont pas hésité à clamer leur indignation. Quoi de plus fort que cette mise en garde du pape à Bush : « Vous assumerez la responsabilité de vos actes devant Dieu, devant votre conscience, devant l’histoire. » Semonce terrible de l’homme en blanc, qui même non écouté demeure la vraie voix du Seigneur. Staline avait bien ricané au sujet des mises en garde de Pie XII. « Combien de divisions blindées a-t-il ? » avait-il demandé moqueur. Qu’est-il advenu de la mémoire de Staline aujourd’hui, alors que Pie XII est sur le point d’être canonisé. Ce sont les grandes crises qui font les grands hommes et qui permettent de démystifier les faux prophètes. Jean-Paul II, Chirac et de Villepin viennent de gagner leur ticket d’entrée dans l’histoire, alors que Bush, Blair et Aznar y seront marqués d’opprobre, comme la prophétie de l’ange de l’Apocalypse à l’église de Laodicée. Que cette sale guerre va apporter de grands malheurs, c’est certain ! Mais pourvu que grâce à ces merveilleux hommes de bonne volonté, à l’Église, à la France, l’esprit vive et que si, à Dieu ne plaise, tout devait être perdu, qu’il le soit comme la mort du Christ sur la Croix, scandale pour les juifs, folie pour les gentils mais ferment du salut de l’humanité. Au-delà des vociférations d’une foule versatile atteinte tout à coup d’un delirium tremens et hurlant à tue-tête : crucifie-le, de grands prêtres véreux, d’un Hérode psychopathe et d’un Ponce-Pilate lâche qui n’écoute même pas les conseils de sa propre femme : Ne touche pas à cet Homme ! Le Christ crucifié a sauvé le monde. Puissent aujourd’hui le Christ recrucifié dans la chair des peuples meurtris d’Irak, de Palestine et d’ailleurs, et le courage de ceux qui dénoncent l’agression servir à faire naître un monde nouveau et n’avoir pas été des sacrifices pour rien et des voix qui auront crié dans le désert. Que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent...
Par Georges KHADIGE Au moment où je rédigeais ces quelques lignes, je pressentais qu’il était peut-être déjà trop tard. Maintenant que la machine infernale américaine est déjà en marche, flanquée de ses deux acolytes de fortune, « la perfide Albion » et « la naufragée armada », il est certainement trop tard. Mais je rédige quand même et je publie pour la gloire,...