Rechercher
Rechercher

Actualités

Transports - Perturbations du trafic aérien, départs massifs du Koweït La longue nuit de ceux qui ont voyagé à quelques heures de l’expiration de l’ultimatum(photo)

Depuis la fin des événements du Liban, l’AIB n’a jamais été aussi déserté, les vols aussi perturbés. Hier, six compagnies dont la British Airways et la Lufthansa ont annulé (pour la journée de jeudi uniquement) leurs vols vers Beyrouth. L’Olympic Airways (grecque), elle, a annoncé la suspension sine die de ses vols vers la capitale libanaise, Dubaï et Alexandrie. Dans les jours à venir, d’autres compagnies aériennes suivront probablement... L’AIB, jeudi 01h30, à quelques heures de l’expiration de l’ultimatum. Le hall d’arrivée est désert. Un seul vol, à moitié vide, en provenance de Prague, a atterri. D’autres ont été annulés ou retardés de plusieurs heures. Et à voir les écrans d’affichage, beaucoup réalisent que la guerre est imminente : le vol Ankara-Beyrouth a 7 heures de retard, celui qui relie la Grèce à la capitale libanaise prendra lui une heure de retard... À l’instar de la Cyprus Airways, les compagnies aériennes turques et grecques ont refusé de prendre le chemin de Beyrouth la nuit de l’ultimatum. À 01h30, l’on ignorait encore si les avions qui relient les Émirats arabes unis et le Koweït au Liban allaient décoller des capitales du Golfe. Les écrans affichaient certes l’heure d’arrivée (avec le retard enregistré) mais quelques dizaines de personnes inquiètes, l’oreille collée à leur téléphone portable, savaient que leurs proches et parents n’avaient pas encore décollé des villes et capitales arabes. Peu avant deux heures du matin, le vol MEA en provenance de Ryad arrive à Beyrouth. L’avion était attendu mercredi à 22h30. « On a été retardé en Arabie saoudite, le trajet du vol (qui prend normalement 1 heure 50 minutes) a été modifié. Nous avons passé un peu moins de quatre heures en avion. Et avant d’arriver au-dessus de l’Égypte, le pilote a dû négocier son entrée dans le territoire aérien égyptien durant une vingtaine de minutes », explique un voyageur libanais qui a décidé d’abréger son séjour en Arabie saoudite. C’est désormais le couloir de la mer Rouge et de la Méditerranée qui sera utilisé par les compagnies d’aviation desservant le Golfe et le Moyen-Orient... Ce trajet passe notamment au-dessus du Soudan, de l’Égypte et de Chypre pour arriver à Beyrouth. Depuis mardi dernier, les avions commerciaux ne survolent plus des zones de pays limitrophes à l’Irak (Koweït, Jordanie et Syrie). Mais jeudi à l’aube à l’aéroport de Beyrouth, les voyageurs et leurs familles ignoraient que de telles mesures avaient été prises. Et la nuit de ceux qui attendaient dans l’inquiétude, à l’AIB, s’annonçait bien longue. Ils sont venus de tout le Liban, notamment de Tripoli, du Akkar, de Jezzine, de Zahlé, du Chouf, de Beyrouth et de sa banlieue pour accueillir leurs proches qui avaient décidé de quitter le Koweït et qui avaient décidé de prendre un vol direct de Koweït City à Beyrouth (vol supplémentaire MEA dont l’arrivée était initialement prévue à 02h40 et qui a atterri à l’AIB à 07h10), alors que d’autres Libanais avaient décidé de se rendre en avion de la capitale koweïtienne à Dubaï ou à Abou Dhabi pour prendre un vol vers Beyrouth. Ces derniers ont passé environ 20 heures à voyager, entre divers vols annulés, escales imprévues et changement de couloirs aériens. Parmi ceux qui attendaient hier à l’AIB donc, certains ont fait le trajet de leurs domiciles vers l’AIB à trois ou quatre reprises... D’autres ont décidé de passer la nuit sur place, dormant sur les bancs, se promenant entre la cafétéria déserte ou le hall d’entrée, et liant conversation avec d’autres personnes qui attendaient et qui s’inquiétaient, tout à fait comme eux. « Il n’y aura que des femmes et des enfants à bord de l’avion, les hommes ont décidé de rester pour préserver leurs emplois », indique une élégante dame tripolitaine qui attendait sa bru. Mais des jeunes hommes devaient également emprunter le vol supplémentaire de la MEA. Madeleine qui a fait à deux reprises le trajet Jezzine-Beyrouth attendait son fils. « Il n’a pas accepté de rentrer plus tôt », explique-t-elle. Najah de Bhamdoun attend sa fille. Son fils et ses gendres resteront au Koweït. Elle s’inquiète pour eux. « Mon fils est parti parce qu’il ne trouvait pas d’emploi au Liban. Pourquoi faut-il toujours que les Libanais paient le prix d’erreurs qu’ils n’ont pas commises », demande-t-elle. Trois heures du matin, la fin de l’ultimatum. Beaucoup de personnes qui poireautent à l’AIB s’approchent des écrans géants qui diffusent en direct les informations de la LBC. À 05h35, les premiers obus américains s’écrasent sur Bagdad... Et la fatigue sur les visages qui ont encore des êtres chers au Koweït devient plus prononcée, plus visible. Leurs yeux plus rouges, bouffis. Ils pensent aux parents et aux proches qui n’ont pas pris le vol supplémentaire de la MEA, qui n’arriveront pas à 7h10 mn... 6h45, Dora est venue avec son époux de Tripoli pour attendre son fils aîné. Son benjamin, âgé de 13 ans, devrait aller à l’école. Elle lui téléphone pour vérifier qu’il a pris son petit déjeuner et pour l’informer que la famille est toujours à Beyrouth. Roland, qui a emprunté hier trois fois le trajet Jounieh-AIB, tue le temps en jouant avec ses lunettes de soleil. Il attend son frère. Ses oncles ont décidé, eux, de ne pas quitter le Koweït. « J’ai passé ma nuit sur les routes et à 9h30 je dois être à l’université ; quand je pense à mes oncles j’ai envie de pleurer », raconte-t-il. 7h20 mn, les passagers du vol supplémentaire MEA Koweït City-Beyrouth commencent à franchir la porte d’arrivée. Pâles et fatigués, la plupart éclatent en sanglots au moment où ils croisent le regard des membres de leur famille qui attendent. La pagaille qui régnait à l’aéroport de Koweït et le vol qui a pris quatre heures au lieu de 2 heures 45 ont eu raison de leurs nerfs. « Il y avait des dizaines de milliers de personnes de toutes les nationalités qui attendaient avec nous à l’aéroport koweïtien. Pour faire le check-in, nous avons attendu un minimum de deux heures... des machines sont tombées en panne », raconte une Tripolitaine qui a fait le voyage avec ses six enfants, dont le plus jeune est âgé de six mois. D’autres s’insurgent contre l’attitude du gouvernement libanais : « Nous avons téléphoné à l’ambassade, ils nous ont simplement demandé de nous informer auprès d’autres chancelleries », relève un jeune ingénieur. « Comme il n’y avait pas assez d’avions disponibles, nous avons envisagé de venir par voie terrestre... Mais les Libanais doivent attendre 40 jours pour l’octroi d’un visa jordanien », renchérit un employé de banque. Hier matin certains voyageurs libanais n’ont pas retrouvé leurs bagages à leur arrivée à Beyrouth... Au départ de Koweït City, 182 passagers ont pris l’Airbus A 321 de la MEA... Un avion qui possède une capacité de 170 passagers. Certains ont pris place sur les sièges réservés à l’équipage, d’autres plus jeunes ont passé la nuit sur les genoux de leur mère. Pourquoi ont-ils décidé de quitter le Koweït à la dernière minute ? Ils n’avaient tout simplement pas cru à la guerre... Hier en soirée le vol régulier de la Koweït Airlines est arrivé, en retard, à Beyrouth. Dans les jours à venir, la Middle East pourrait organiser d’autres vols supplémentaires. Patricia KHODER
Depuis la fin des événements du Liban, l’AIB n’a jamais été aussi déserté, les vols aussi perturbés. Hier, six compagnies dont la British Airways et la Lufthansa ont annulé (pour la journée de jeudi uniquement) leurs vols vers Beyrouth. L’Olympic Airways (grecque), elle, a annoncé la suspension sine die de ses vols vers la capitale libanaise, Dubaï et Alexandrie. Dans...