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Afrique - Le bilan des victimes des pillages s’élève à 13 morts et plusieurs dizaines de blessés La vie reprend à Bangui, l’Union africaine condamne le coup d’État

Le nouvel homme fort de la Centrafrique, le général François Bozizé, imposait peu à peu son pouvoir hier à Bangui, où les pillages ont cessé dimanche soir à la faveur du couvre-feu, deux jours après un putsch condamné dimanche par toutes les instances africaines. Le général Bozizé, qui s’est autoproclamé dimanche « président de la République » à la place du chef de l’État élu, Ange-Félix Patassé, réfugié au Cameroun, a annoncé dimanche soir la suspension de la Constitution, la dissolution de l’Assemblée nationale et le limogeage du gouvernement. Dans une allocution solennelle à la nation lue à la radio nationale, le chef de la rébellion centrafricaine s’est posé en garant d’une transition « consensuelle » associant les partis politiques et les forces vives de la nation, et de la continuité de l’État. La capitale a retrouvé un semblant de calme dès dimanche soir, à la faveur du couvre-feu à effet immédiat décrété dans la journée pour mettre fin aux pillages généralisés constatés depuis samedi. Ce couvre-feu, imposé de 19h00 à 06h00 du matin pour dix jours, a été respecté. Quelques rares tirs de sommation ont été entendus dans la nuit. Le centre de Bangui offrait hier matin un spectacle de désolation. Presque tous les édifices publics, commerces et entreprises avaient été systématiquement pillés, parfois saccagés, tout comme des ministères. Quelques rebelles auraient participé avec la population à ces pillages, qui ont également visé de nombreux domiciles particuliers, selon des témoins. Le général Bozizé a annoncé hier des « perquisitions à grande échelle » pour « démasquer » les pillards. On notait dans la matinée une timide reprise de la circulation, notamment des taxis. Le travail n’a pu reprendre dans les bureaux administratifs pillés. Le bilan des victimes des pillages semble s’être alourdi. Selon des sources hospitalières, 13 corps et plusieurs dizaines de blessés par balles ont été conduits dans les hôpitaux. Le président sud-africain Thabo Mbeki, président en exercice de l’Union africaine (UA), a exprimé sa condamnation « sans équivoque » du coup d’État de l’ancien chef d’état-major centrafricain. Celui du Niger, Mamadou Tandja, a appelé au « rétablissement de l’ordre constitutionnel ». Après celle de la France, ancienne puissance coloniale, dès samedi, les condamnations de principe du putsch se sont multipliées dimanche à travers le continent africain. La Communauté économique des États sahélo-sahariens (Censad), la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cémac) et le Gabon ont dénoncé une violation des résolutions de l’UA qui condamnent « toute prise de pouvoir par des voies non constitutionnelles ». Le Gabon a averti le nouveau régime que toute nouvelle atteinte à la force de paix de la Cémac à Bangui, dont trois éléments congolais ont été tués samedi, serait considérée comme une « agression délibérée » contre ses États membres. Il a souligné qu’il envisageait le retrait de cette force. Dans ce concert de réprobations, peu d’allusions toutefois au président élu Patassé, surpris par le putsch alors qu’il se trouvait au Niger. M. Patassé, qui dirigeait la Centrafrique depuis 1993, était toujours réfugié hier dans la capitale camerounaise, Yaoundé, en attendant de trouver un pays d’acceuil. Le Gabon et la Libye étaient évoqués par des sources diplomatiques africaines. Le général Bozizé a répondu implicitement à ces condamnations en lançant une vive diatribe contre les « 10 ans d’errements démocratiques » du régime Patassé, accusé d’avoir livré le pays à la ruine et au népotisme. « Est-il nécessaire de rappeler que le régime défunt n’avait de démocratique que l’onction légalitaire au nom de laquelle tous les travers étaient permis ? », a-t-il lancé dans son allocution, alors que ses partisans sont accueillis à Bangui comme des libérateurs par une grande partie de la population. Quatre-vingts personnes, dont 60 Français, qui souhaitaient quitter Bangui, ont été évacuées dimanche vers Libreville (Gabon) par des Transall de l’armée française, a annoncé Paris dimanche soir.
Le nouvel homme fort de la Centrafrique, le général François Bozizé, imposait peu à peu son pouvoir hier à Bangui, où les pillages ont cessé dimanche soir à la faveur du couvre-feu, deux jours après un putsch condamné dimanche par toutes les instances africaines. Le général Bozizé, qui s’est autoproclamé dimanche « président de la République » à la place du chef de l’État...