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Vie politique - L’unité nationale, aboutissement d’une recherche constante d’un compromis Quelle souveraineté pour le Liban et les Libanais ?

Une causerie qui a réuni récemment députés et hommes politiques d’orientations différentes a été l’occasion de se poser la question suivante : Quel avenir pour la souveraineté, l’indépendance et la libre décision libanaises en présence des forces syriennes ou après le retrait de ces dernières ? De l’avis de certains, il serait très difficile pour le Liban de retrouver pleinement sa souveraineté, son indépendance et sa libre décision. D’autant plus que cela fait 25 ans qu’il a perdu ces trois éléments fondateurs de l’État et que les Libanais se sont habitués à cet état de fait qu’il leur est fort difficile de modifier. D’où la nécessité pour eux de recourir constamment à un tuteur pour les aider à gérer leurs affaires. Les partisans de ce point de vue vont même jusqu’à dire, non sans crainte, que la majorité des hommes politiques libanais pourrait progressivement se désintéresser de la question de la souveraineté et de l’indépendance, dans le sens où son intérêt convergerait vers la perpétuation de la situation actuelle. Une perspective effarante, puisque le fait que le Liban ne puisse pas gérer ses propres affaires aurait, à long terme, un impact très dangereux sur l’unité interne. On ne le dira jamais assez: le Liban est le pays du consensus, obnubilé par la recherche permanente d’un véritable équilibre au niveau du pouvoir, capable d’assurer une représentation équitable de la réalité politique libanaise. Laquelle est à son tour la condition garantissant l’unité des institutions étatiques. Il serait nécessaire, pour rétablir la souveraineté, de réunir tous ces ingrédients, de mener une politique étrangère réaliste et couronnée de succès, d’assurer une présence libanaise sur la scène mondiale et de réaliser un règlement historique avec la Syrie mettant en exergue les limites entre les exigences des liens stratégiques et les intérêts nationaux. Mais, renchériront certains, tout cela nécessite l’existence de personnalités politiques ayant l’envergure d’hommes d’État, ce qui, actuellement, fait cruellement défaut au pays. Par conséquent, concluent les tenants de cette analyse, le Liban n’a que très peu d’espoir de rétablir sa souveraineté, son indépendance et sa libre décision. Un événement qui, s’il venait à se produire, mettrait un terme au rôle de plusieurs personnalités politiques. Un consensus se dégage par ailleurs entre toutes les parties pour ce qui est de l’association et de l’interdépendance entre souveraineté et unité nationale. À contrario, la souveraineté cesse d’exister si la société retourne à l’état anarchique de la guerre de tous contre tous. L’unité nationale ne saurait être imposée par une partie à une autre, mais constitue l’aboutissement d’une constante recherche d’un compromis fondé sur la justice et l’équilibre. Par suite, toute brisure de cette unité interlibanaise provoquerait une chaîne de scissions à l’intérieur de chaque communauté. Un problème d’ordre conceptuel Mais le conflit interlibanais sur la souveraineté est aussi et surtout d’ordre conceptuel et relève de la terminologie politique. Il est donc essentiel de se mettre d’accord sur le sens à donner à la souveraineté et à l’indépendance. Dans le cas contraire, l’unité interne serait condamnée à rester précaire, et les bases de la vie commune fragiles. En 1943, les Libanais s’étaient entendus sur le fait que la souveraineté ne serait pas totale sans le retrait de toutes les armées étrangères du Liban. L’irruption du mouvement nassérien sur la scène interne vers la fin des années 50 a ainsi provoqué un conflit entre les Libanais : une partie estima que la présence de cette force constituait une ingérence dans les affaires libanaises et une atteinte à la souveraineté, à l’indépendance et à la libre décision. La même situation se présenta quelques années plus tard avec le déploiement des forces armées palestiniennes dans plusieurs régions libanaises, jugé à son tour comme portant atteinte à la souveraineté et à l’indépendance du pays. Le conflit se reporta ensuite sur la présence de l’armée syrienne au Liban, dans lequel certains voient une nécessité pour le maintien de la sécurité, la réalisation de la paix civile et même la protection de la souveraineté, de l’indépendance et de l’unité interne. Pour d’autres, les forces syriennes sont là pour aider les autorités libanaises à assumer leurs responsabilités au plan sécuritaire dans le cadre d’une période déterminée – et non pas ad vitam aeternam – pour apprendre aux Libanais à vivre en paix et à gérer leurs propres affaires. Une troisième partie considère la Syrie comme une force d’occupation. La question se pose d’elle-même : qu’adviendrait-il, sur la scène interne, si les forces syriennes se retiraient du Liban ? Certains répondent à cette question, pour justifier et perpétuer cette présence ainsi que pour leurs intérêts personnels, que le pays replongerait dans la violence et le chaos. Toujours est-il que les Libanais, dans leurs diversités multiples, devraient s’entendre sur une conception commune capable de concilier entre la souveraineté et les intérêts stratégiques de la Syrie pour renforcer la scène interne. L’ambassadeur américain au Liban, Vincent Battle, s’est exprimé il y a deux semaines en faveur du retrait de toutes les forces étrangères du Liban, y compris l’armée syrienne, évoquant l’attachement de son pays à la souveraineté du Liban. Le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Colin Powell, insiste pour sa part dans ses discours sur le remodelage de la région. Reste à définir la souveraineté à laquelle est attaché l’ambassadeur américain et à savoir si le Liban fait partie des pays englobés par le plan américain de remodelage et dans quel sens. Est-ce pour y améliorer la pratique démocratique et y agrandir l’espace de libertés ou pour le morceler, le transformer en fédération et y implanter les Palestiniens ? M. Battle n’est pas le premier responsable américain à parler de l’attachement des États-Unis à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Liban et à rejeter tout règlement pacifique qui se ferait au détriment de ce pays. Mais aucune de ces déclarations n’a été suivie d’effet. Et les Libanais continuent à se demander quel Liban ont en tête les États-Unis, Israël, la Syrie et la France pour que le pays revienne enfin à ses habitants. Émile KHOURY
Une causerie qui a réuni récemment députés et hommes politiques d’orientations différentes a été l’occasion de se poser la question suivante : Quel avenir pour la souveraineté, l’indépendance et la libre décision libanaises en présence des forces syriennes ou après le retrait de ces dernières ? De l’avis de certains, il serait très difficile pour le Liban de...