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La nature démasque brusquement la précarité des travaux, des projets et des chantiers publics

Dans beaucoup de contrées, les intempéries, ou les calamités naturelles, causent des drames et des dégâts. Mais quand l’incurie et l’inconscience des services publics sont relevées, dans certains pays on voit tomber des têtes. Littéralement. En Asie, par exemple, il y a eu l’an dernier une république qui a procédé à des exécutions capitales. Chez nous, les circonstances aggravantes sont flagrantes : pendant que les gens plongent dans le malheur, beaucoup de cadres politiques ou autres continuent à barboter dans le marécage de leurs querelles d’intérêt ou d’influence. Et certains se pavanent en tête de leurs cortèges de 4x4 qui passent partout ou presque, sous le nez médusé de riverains inondés. C’est ce qui s’est passé en week-end dans la Békaa, morne plaine. Le constat y est brutal : des projets divers laissés sans contrôle, sans suivi technique. Et visiblement réalisés au mépris des standards de solidité, de fiabilité et de durabilité les plus élémentaires. Les spécifications exigées par les règlements en vigueur ne sont pas respectées. En outre, il ne faut pas l’occulter, les lois se trouvent détournées ou violées par nombre de particuliers qui bénéficient d’une étrange indulgence de la part de l’État. On s’aperçoit en effet que des constructions ont été érigées à proximité de cours d’eau ou sur des monticules friables, dans des zones classées inhabitables. La tempête et les pluies ont emporté ou inondé nombre de ces bâtis illégaux. La responsabilité est donc partagée, encore que c’est à l’État de faire respecter les lois. L’opinion ne manque pas de le relever. D’autant que malgré une certaine prise de conscience qui se traduit par des secours ou des mesures préventives (mieux vaut tard que jamais), les départements officiels se livrent au petit jeu des reproches réciproques. Chacun cherche à rejeter la faute sur le voisin. Ce que réprouve sévèrement la commission parlementaire des Travaux publics. Après une tournée dans la Békaa, son président, Mohammed Kabbani, a annoncé l’ouverture d’une enquête, pour demander des comptes aux responsables et faire exemple. Un politicien rappelle la tragédie du Beïdar dans les années quatre-vingt. Des voyageurs, bloqués par les neiges, avaient péri. Les autorités avaient alors limogé le mohafez de la Békaa et le directeur général des Forces de sécurité intérieure, tandis que d’autres cadres étaient traduits devant le conseil de discipline. Cette saison-ci, la Providence a épargné au pays un bilan trop lourd de victimes. Mais des régions entières sont sinistrées, inondées, des routes détruites et des ponts emportés comme fétus de paille. Lors d’une réunion au bureau de l’actuel mohafez de la Békaa, Antoine Sleiman, des présidents de municipalité ont vertement critiqué les ministres présents. Notamment au sujet du laisser-aller concernant la régulation des cours d’eau et les constructions illicites. Ces édiles ont souligné que les autorités ne peuvent prétendre avoir été prises de court puisque, depuis le début de l’hiver, la météo annonce des tempêtes et des pluies diluviennes. Or aucun plan, comme les autres pays en préparent toujours, n’a été élaboré pour parer au pire, limiter les dégâts, dégager les sites, aider la population, lui assurer un ravitaillement, des soins, des médicaments, des transports, un hébergement provisoire, une aide sociale. Il reste que sur instructions du président de la République, un comité d’urgence a été formé et des départements ont été mobilisés. Le chef de l’État a également prié le haut comité de secours d’assurer des fonds pour soutenir les régions sinistrées. Ce qui n’empêche pas des députés de répéter qu’ils vont réclamer des comptes à l’Exécutif. Philippe ABI-AKL
Dans beaucoup de contrées, les intempéries, ou les calamités naturelles, causent des drames et des dégâts. Mais quand l’incurie et l’inconscience des services publics sont relevées, dans certains pays on voit tomber des têtes. Littéralement. En Asie, par exemple, il y a eu l’an dernier une république qui a procédé à des exécutions capitales. Chez nous, les...