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CORRESPONDANCE Du 21 février au 5 mars, à Nice Sa Majesté Carnaval aux prises avec les médias (photo)

PARIS – de Mirèse AKAR Voici venir le temps des carnavals, et s’ils sont nombreux en France à se jauger, se toiser, rivaliser d’invention et d’audace, aucun ne fait vraiment le poids face à celui de Nice qui constitue d’ailleurs la plus importante manifestation de la Côte d’Azur en hiver et la première industrie de la ville, avec des retombées économiques estimées à 40 millions d’euros. Son budget est évidemment en conséquence – pas moins de 5,3 millions d’euros – et l’Office de tourisme de Nice, qui s’est vu confier son organisation en 1996, a donc largement les moyens de déléguer à Paris quelques-uns de ses membres pour présenter les nouveautés de l’année. « Jours gras » et abstinence C’est l’occasion de faire aussi un peu d’histoire et de remonter jusqu’à la première mention, en 1294, par Charles d’Anjou, comte de Provence, des réjouissances carnavalesques locales. Spectacle de bateleurs, bals et mascarades, qui permettaient de se moquer impunément de personnages protégés par leur déguisement, précédaient alors durant les « jours gras » les quarante jours d’abstinence du Carême. Une période débridée qu’au XVIIe siècle, le clergé se mêla de censurer quelque peu en chargeant les « abbés des fous » de canaliser certains débordements. Les grands soubresauts politiques, à commencer par la Révolution de 1789 ou, plus près de nous, les deux guerres mondiales et, en 1991, celle du Golfe, ont empêché le carnaval de Nice de se tenir, parfois durant plusieurs années. Des interruptions dont les carnavaleux frustrés donnaient ensuite l’impression de vouloir se revancher. Batailles de fleurs C’est en 1830 que le premier cortège – à l’époque en l’honneur des souverains de Piémont-Sardaigne – défila dans la ville, préfigurant la scénographie de l’actuelle manifestation. En 1873, Carnaval 1er arriva place Masséna et, en 1876, un certain Andriot Saëtone imagina la première bataille de fleurs sur la promenade des Anglais, cela pour divertir les touristes, alors presque tous membres du gotha européen. Avaient précédé ce rituel, en 1830, des batailles à coups de bonbons qui, revenant alors trop cher, furent successivement remplacés par des œufs, des haricots ou des pois chiches jusqu’à l’apparition des confettis en plâtre – passablement dangereux –, remplacés en 1955 par des confettis en papier : il en pleut 15 tonnes chaque année, accompagnés de 50 000 bombes-spaghetti. Mais ce qu’on retient surtout, c’est le spectacle chatoyant de ces 80 000 à 100 000 fleurs dont 90 % produites localement – mimosas, glaïeuls, gerbéras, marguerites, roses, œillets... – lancées à partir des 20 chars en parade par des mannequins outrageusement maquillés, revêtus de costumes à strass et paillettes et coiffés de chapeaux extravagants. Railler les médias Regroupés dans une sorte de corporation, les « carnavaliers » continuent de recourir à des techniques ancestrales pour fabriquer les 240 « grosses têtes » en carton-pâte et ces 20 chars dont chacun nécessite 2 tonnes de fer, 20 kg de clous, une tonne de papier, 250 kg de peinture, 5 000 lampes et... 4 000 heures de travail. Après avoir salué l’avènement du troisième millénaire, puis celui de l’euro, le carnaval de Nice, qui change de thème chaque année, a choisi de railler, dans son édition 2003, l’essor exponentiel des médias, avec ce que celui-ci peut comporter de dérisoire, et quelquefois de bouffon. Sa Majesté Carnaval sera donc roi de la .comMedi@, petit clin d’œil au passage à la commedia dell’arte. Concepteur d’événements spectaculaires comme la transformation des Champs-Élysées en champs de blé ou le grand pique-nique sur la Méridienne verte, Gad Weil, qui assure la direction artistique du carnaval, promet une mise en scène percutante, et cela d’autant plus que la manifestation a été densifiée puisqu’elle se déroulera du 21 février au 5 mars au lieu de s’étaler sur trois semaines. Comme d’habitude, quelque 400 journalistes de la presse internationale y sont attendus. Prêts à en prendre pour leur grade.
PARIS – de Mirèse AKAR Voici venir le temps des carnavals, et s’ils sont nombreux en France à se jauger, se toiser, rivaliser d’invention et d’audace, aucun ne fait vraiment le poids face à celui de Nice qui constitue d’ailleurs la plus importante manifestation de la Côte d’Azur en hiver et la première industrie de la ville, avec des retombées économiques estimées à 40...