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Participation, démocratie, solidarité, trois mots-clés selon l’archevêque maronite de Beyrouth Matar : « Le Liban a besoin d’affermir sa légitimité de paix »

L’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a affirmé hier que le Liban « a besoin d’affermir sa légitimité de paix qui mettrait un terme aux séquelles de la guerre et redonnerait aux pays la place qu’il mérite dans le concert des nations ». « Cette légitimité ne peut-être renforcée que par les urnes et grâce à des scrutins populaires organisés sur base d’une loi électorale saine inspirée par la Constitution et fondée sur une représentation réelle et une interaction nationale », a-t-il indiqué, dans son homélie. Mgr Matar a célébré l’office en l’église Saint-Maron à Gemmayzé, à l’occasion de la fête de la Saint-Maron. Étaient présents à la cérémonie : le ministre d’État Pierre Hélou, représentant le président de la République, le général Émile Lahoud, le député Yassine Jaber, représentant le président de la Chambre, Nabih Berry, le ministre d’État Bahige Tabbarah, représentant le Premier ministre, Rafic Hariri, Mgr Roland Abou Jaoudé, représentant le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, le nonce apostolique, Mgr Luigi Gatti, l’ancien président de la République, Amine Gemayel, l’ancien président de la Chambre, Hussein Husseini, l’ancien Premier ministre, Rachid el-Solh, le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, ainsi qu’une pléthore de personnalités politiques, religieuses, militaires, syndicales et diplomatiques. Nous reproduisons ci-dessous de larges extraits de l’homélie de Mgr Matar : ...« Les deux derniers siècles ont été spécialement témoins de l’aspiration des peuples à établir la paix et à sauver la civilisation. Ils ont à cet effet préconisé la collaboration entre les États, le recours à la logique et à la justice pour régler leurs problèmes. Ils ont refusé les risques graves de voir des puissances imposer leur hégémonie à d’autres, considérant que toute unanimité internationale rend plus proche du droit et garantit les intérêts supérieurs de l’humanité. (...) Mais que se passe-t-il aujourd’hui sous nos yeux ? Est-il devenu impossible au monde de gérer une crise, si grave soit-elle, dans le respect des lois internationales qu’il a lui-même adoptées ? Les États peuvent-ils ignorer leur devoir sacré de préserver l’acquis des générations précédentes et de ne pas exposer la civilisation à la secousse alors qu’il leur incombe de la protéger en vue d’assurer un meilleur avenir pour l’humanité ? Et si l’on croit que le recours à la force va au-delà du droit de légitime défense et qu’il vise le bien de tous les peuples, pourquoi ne pas en prendre la décision au sein même des Nations unies et dans le cadre de la légitimité internationale ? Faute de quoi, ce ne sont plus les résolutions de la grande institution internationale qui sont mises en cause, mais l’existence même de cette institution comme garante de la paix mondiale et de son avenir. Le monde plongerait alors à nouveau dans l’inconnu. Pour toutes ces raisons, et pour d’autres, le siège apostolique a élevé la voix pour mettre en garde contre la tournure que les événements imminents pourraient prendre en se transformant en conflit des civilisations, portant atteinte aux religions et à la dignité de leurs fidèles. Et c’est pour les mêmes raisons qu’il importe de mettre les choses à leur juste place, de donner jusqu’au bout toutes les chances possibles aux solutions politiques de la crise, et de s’assurer du bien-fondé de toute mesure internationale avant de la prendre, parce que l’injustice et l’oppression gratuites provoquent des inimitiés difficiles à effacer. Cela dit, nous avons, au contraire, un besoin urgent d’inculquer la conviction que c’est la collaboration à l’échelle du monde entier entre le christianisme et l’islam qui ouvre la porte à un avenir unifié et une paix véritable. La politique à elle seule n’est pas capable de faire face aux crises du monde, ni la force matérielle, ni l’économie. C’est l’esprit qui est le fondement. Celui qui ne ménage pas à l’esprit un espace dans la conduite du monde court à la perte des chances du futur et à une faillite certaine. Et nous, au Liban, face aux grands défis mondiaux d’empêcher les conflits des civilisations, de faire triompher la collaboration entre elles et de promouvoir la rencontre et le dialogue entre les nations, nous nous sentons, en notre for intérieur, concernés au plus haut point par les événements qui se déroulent dans notre région. En fait, cette occasion nous est précieuse, nous chrétiens, pour proclamer une fois de plus notre solidarité avec les musulmans dans notre pays et dans le monde en vue de faire valoir le droit et de lever les injustices qui frappent les peuples d’Irak, de Palestine et tout autre peuple, qui serait bafoué dans ses droits et sa dignité. Nous sommes bien fiers de voir de nouveau notre patrie se dresser comme un modèle de civilisation et un message international de coexistence et de reconnaissance de l’autre dans un esprit d’ouverture et de collaboration créatrice. Il y a là pour nous un appel à dissiper les doutes quant à notre lendemain et à accomplir un acte de foi inébranlable dans l’avenir de notre pays au milieu des défis qu’affronte l’avenir humain dans son ensemble. Il va sans dire que les valeurs supérieures que le Liban incarne méritent que nous mobilisions pour elles toutes les énergies et que nous consentions tous les sacrifices. Le Liban-message demande de la part de ses serviteurs un esprit d’apostolat. Puissent les élus et les saints nous inspirer à l’occasion de leurs fêtes plus de sérénité d’âme et de pureté d’intention pour que nous prenions conscience de nos responsabilités vis-à-vis de la patrie et que nous répondions à son appel. Peut-être trois mots résumeraient-ils ce que le Liban réclame de nous dans les conjonctures actuelles. D’abord la participation. Le Liban est une image en miniature de l’Orient et du monde, tout accaparement unilatéral de son destin affaiblit le corps entier de la patrie. Le Liban dans sa genèse même est un acte de rencontre, non de séparation. Voilà pourquoi il faut toujours unir ses enfants autour des constantes qui le consolident et le font croître. Aussi devons-nous nous engager tous à poursuivre notre marche sur le chemin de l’entente et à y rallier tout le monde dans un climat de réconciliation générale et vraie de manière à clore définitivement ce dossier. Ensuite la démocratie. Celle-ci ne saurait se réaliser en dehors de la pleine liberté et de la raison à la fois. À cet égard, ce dont le pays a besoin c’est d’affermir sa légitimité de paix qui mettrait un terme aux séquelles de la guerre et redonnerait au pays la place qu’il mérite dans le concert des nations. Or, cette légitimité ne peut être renforcée que par les urnes et grâce à des scrutins populaires organisés sur la base d’une saine loi électorale inspirée par la Constitution et fondée sur une représentation réelle et une interaction nationale, sachant que cette interaction et cette représentation sont corrélatives, l’une ne pouvant avoir lieu sans l’autre. À cet effet, ne craignons pas l’extrémisme de quelque côté qu’il vienne. La France a donné la preuve aux dernières élections présidentielles qu’un peuple évolué est capable de brider l’extrémisme par sa tempérance même et par un sens patriotique sincère qui ne manque pas au Liban et aux Libanais. Le dernier mot enfin c’est la solidarité, il s’agit de resserrer les rangs dans cette période difficile que traverse notre économie avec ses implications internationales. Lorsque le monde avec ses grandes puissances réunies à Paris a été unanime à nous aider à surmonter l’épreuve qui nous paralyse, il n’est pas permis que nous nous enfoncions dans nos désaccords. Mais bien au contraire, nous joignons nos efforts par le débat et la libre opinion pour tenter de ramener le pays à sa situation normale et de lui restituer sa gloire et sa prospérité d’antan. »
L’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a affirmé hier que le Liban « a besoin d’affermir sa légitimité de paix qui mettrait un terme aux séquelles de la guerre et redonnerait aux pays la place qu’il mérite dans le concert des nations ». « Cette légitimité ne peut-être renforcée que par les urnes et grâce à des scrutins populaires organisés sur base...