EXPOSITIONS « Les caprices de Goya » à l’institut Cervantès(photos)

L’institut Cervantès (Instituto Cervantès, rue Maarad, centre-ville) présente, jusqu’au 21 février, une exposition exceptionnelle de 80 estampes, tirées de la 11e édition des gravures originales réalisées par le célèbre peintre, dessinateur et graveur espagnol du XVIIIe siècle Francisco de Goya. À l’eau-forte, l’aquatinte, la pointe sèche et le burin, ces planches de petite dimension (21,5 x 15 cm) font partie de la série intitulée « Los Caprichos » (Les caprices), réalisée entre 1797 et 1799, et qui dépeint les défauts et les vices humains. Peintre de la cour espagnole, Goya, parallèlement aux portraits d’apparat et œuvres de commande, mû par un sens critique développé – renforcé par la fréquentation des milieux libéraux et intellectuels – continuait à réaliser un travail personnel. Sombres et fortes, ses peintures, ses dessins, ses gravures attaquaient la superstition, la bêtise, la cruauté, dépeignaient la misère et exprimaient son dégoût du vice et de la folie humaine. Maître dans les techniques de la gravure et de l’eau-forte, il utilisa cette expression artistique, dans « Les Caprices », pour dénoncer, entre autres, la vanité de la noblesse, la gloutonnerie des moines, la corruption des juges, la stupidité de la foi fanatique, la luxure dans les relations humaines et la prédominance de la superstition. Évidemment, l’Inquisition les jugea suspectes, d’autant qu’il y fait une large place aux scènes fantastiques et de sorcellerie, et les quatre-vingts gravures furent subitement retirées de la publication. Alors, pour préserver son travail, l’artiste les offrit au roi Charles IV d’Espagne. C’est grâce à cette astuce que « Les Caprices » de Goya ont pu acquérir une large audience. Et arriver jusqu’à nous. Une exposition à ne pas rater, d’une œuvre plusieurs fois centenaire, mais au thème plus que jamais d’actualité.