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BUDGET - L’impôt sur les intérêts pourrait rapporter bien plus de 100 milliards de livres La nouvelle taxe ne touche que très marginalement les petits déposants

Les banquiers ont fait contre mauvaise fortune bon cœur hier, au lendemain de la décision du Conseil des ministres d’appliquer une taxe de 5 % sur les intérêts des capitaux. Ils étaient très peu nombreux à accepter d’être cités, si ce n’est le président de la Byblos Bank, François Bassile, qui s’est prononcé en faveur de cette taxe « qui existe partout dans le monde » et qui est « l’alternative la plus plausible pour compenser l’effet des amendements » adoptés en commission des Finances. Ces amendements auraient eu pour effet d’augmenter le déficit budgétaire prévu pour 2003. Le président de l’Association des banques, Joseph Torbey, a de son côté critiqué de façon implicite la manière dont a été annoncée la nouvelle, sans concertation préalable avec les banques. Il a aussi déploré que la nouvelle taxe ait été adoptée pour compenser l’annulation d’autres mesures fiscales donnant l’impression d’une absence de stratégie fiscale cohérente. La plupart des banquiers interrogés par L’Orient-Le Jour ont expliqué qu’ils auraient « préféré éviter cette taxe » qui réduit les marges versées à leurs déposants et donc, par ricochet, leurs bénéfices car les profits sont plus aisés en période d’augmentation des marges que l’inverse. Mais ils ont aussi convenu que le nouvel impôt n’affecte ni le secret bancaire ni la capacité du Liban à attirer des capitaux étrangers. De fait, malgré la baisse des taux d’intérêt et l’introduction de la nouvelle taxe, la rémunération des capitaux offerte au Liban reste largement supérieure à ce qu’offrent d’autres places financières. « Il n’y a pas de crainte à avoir à ce sujet », a expliqué l’un d’entre eux, faisant valoir que « l’immunité du marché est actuellement à un niveau record ». Les réserves en devises de la Banque centrale s’élèvent à sept milliards de dollars et elles couvrent plus de 60 % de tous les dépôts en livres, dit-il, ajoutant que les réserves représentent 14 mois d’importation, soit son niveau le plus haut depuis la fin de la guerre. De fait, les marchés n’ont pas été affectés hier par la nouvelle et la Banque centrale a continué à acheter les dollars offerts sur le marché des changes. Un banquier s’est toutefois prononcé contre la décision, disant que le principe de la taxe étant acquis, rien n’empêchera désormais le gouvernement d’augmenter par la suite le taux de 5 % qui est relativement bas par rapport aux taux pratiqués ailleurs. En Suisse par exemple, l’impôt sur les revenus du capital est supérieur à 30 %. L’idée plairait justement à ceux qui pensent qu’il est temps de mettre fin à l’inégalité fiscale qui consistait à exempter de tout impôt une part importante du revenu national. Cette exemption contribuait à encourager la rente au détriment de l’investissement productif. À cet égard, les petits déposants sont très marginalement touchés par la nouvelle mesure fiscale. Il suffit, pour s’en convaincre, de savoir que près de 60 % des déposants détiennent tous ensemble à peine 2 % de la valeur des dépôts qui s’élèvent à plus de 41 milliards de dollars, selon des chiffres confidentiels obtenus par L’Orient-Le Jour. À l’inverse, un peu plus de 2 % des déposants détiennent près de 60 % des dépôts. Cette concentration extrême des dépôts témoigne de l’énorme disparité des revenus qui caractérise la population libanaise. En choisissant de ponctionner une partie de ces revenus, le ministère des Finances puise tout à fait logiquement dans la poche des contribuables les plus riches. Il a annoncé attendre des recettes de 100 milliards de livres en 2003, mais cette prévision paraît largement sous-évaluée. En 2001, le montant total des inétérêts versés par les banques à leurs déposants (hors bons du Trésor) s’élevait à trois milliards de dollars. En tenant compte de la baisse des taux d’intérêt survenue depuis cette date, il est probable que la recette de la taxe sur les intérêts sera d’au moins 140 à 150 milliards de livres en 2003. La méthode n’est pas nouvelle : lors de l’introduction de la TVA, les recettes annoncées avaient été chiffrées à 800 milliards de livres et l’objectif a été largement dépassé en 2002. Sibylle RIZK
Les banquiers ont fait contre mauvaise fortune bon cœur hier, au lendemain de la décision du Conseil des ministres d’appliquer une taxe de 5 % sur les intérêts des capitaux. Ils étaient très peu nombreux à accepter d’être cités, si ce n’est le président de la Byblos Bank, François Bassile, qui s’est prononcé en faveur de cette taxe « qui existe partout dans le monde » et qui...