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RENCONTRE Fahd Riachi, ou les difficultés de la vie d’artiste

Quel rapport y a-t-il entre des études de génie en informatique et communication et l’art du oud? Aucun sans nul doute, mais Fahd Riachi semble se retrouver parfaitement dans cette équation originale à plus d’une inconnue... Dix-neuf ans, grand et mince, les cheveux noirs annelés en bataille, un jean délavé, une veste baba cool, une longue écharpe, les yeux noirs rieurs et cette barbe naissante de quelques jours que les jeunes arborent si facilement. C’est clair, entre la science et l’art son cœur balance. « Si j’aime les formules mathématiques, j’aime tout autant les coulées d’un oud », dit-il malicieusement. Et de continuer : « Je sais que la musique n’est pas une carrière fiable, donc je mène de front des études universitaires bien sérieuses et mes explorations musicales… » Mais revenons à cette histoire d’amour qui le lie si passionnément, si viscéralement, au oud. Cela remonte à l’enfance où tout se joue bien entendu dans les choix d’une vie. Le oud pour ce jeune homme qui manie l’humour comme une arme d’élégance était la seule manière de se rapprocher de la musique arabe qui l’intéressait déjà. Bref, très bref séjour au Conservatoire de Beyrouth et le voilà sillonnant des chemins inconnus en solitaire. C’est ce qu’on appelle une formation autodidacte. Il découvre alors la beauté et les difficultés des choses en route. Cadré depuis plus d’un an et demi par la troupe Shahaddin ya baladna (Mendiants ô mon pays) révélée au grand public grâce au festival Shams du théâtre de Beyrouth, Fahd Riachi n’est pas encore un « soliste » car, précise-t-il, « je manque de disponibilité ». Mais il souligne que le public s’est agrandi et du « happy few » du début (les fervents de la musique de Sheikh Iman, Marcel Khalifé et Ziad Rahbani) le cercle s’est notablement élargi pour toucher toutes les franges de notre société. Entre études et vie de bohème S’imagine-t-il musicien à part entière dans le futur? Tout en gardant ses distances avec une carrière qui le séduit et l’effraye, surtout par ses aléas et sa précarité, Fahd Riachi confesse en toute humilité : « S’il m’était donné davantage (entendre temps et revenus financiers), j’aurai travaillé encore bien plus la musique... » Mais ce que ne dit pas ce jeune homme partagé entre études sérieuses et la vie de bohème, ce sont les multiples succès qui bordent déjà sa route. Accueil triomphal à Tunis où le public lui a présenté une belle ovation avec ses compères de scène, applaudissements nourris aux concerts donnés à Beyrouth, Saïda et les villages frontaliers, une méthodologie de l’enseignement du oud grâce aux nombreuses recherches déjà effectuées, et un CD en préparation. Pas mal pour dix-neuf printemps ! Admirateur de Mohamad el-Asbaji, Anwar Ibrahim, Mounir Jamil Bachir et Nasser Chammaa, écoutant avec plaisir le jazz d’Armstrong, Hunter et Miles Davis, avouant ne pas très bien comprendre la musique classique avec des préférences allant toutefois à Mozart et Rimsky-Korsakov, prêtant oreille attentive à la cithare de Ravi Shankar et aux cordes de Charbel Rouhana tout en goûtant Abdel-Wahab et Sayyed Darwiche, Fahd Riachi est convaincu que notre « auditoire réagit positivement quand on lui présente des choses bien ». Sa hantise est de ne pas céder à la facilité. Conscient de tous les écueils qui l’attendent, malgré talent et inspiration, c’est avec beaucoup de lucidité et une pointe d’humour métissée de quelque regret qu’il tire sa révérence à notre interview: « On doit être un peu fou quelque part pour être musicien... » E.D.
Quel rapport y a-t-il entre des études de génie en informatique et communication et l’art du oud? Aucun sans nul doute, mais Fahd Riachi semble se retrouver parfaitement dans cette équation originale à plus d’une inconnue... Dix-neuf ans, grand et mince, les cheveux noirs annelés en bataille, un jean délavé, une veste baba cool, une longue écharpe, les yeux noirs rieurs et...