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Tribune Est-ce que les religions divisent les hommes ou les unissent ?

Les religions sont tout à la fois des facteurs d’unification et de différenciation. Elles assurent la cohésion de la communauté tout en la distinguant de toutes les autres communautés par opposition. À cet égard, aucune religion n’est innocente et n’a de leçons à donner aux autres. Aucune religion n’est à l’abri des dérives. Chacune a produit ses libéraux et ses intégristes. Contrairement à ce qu’on croit ici et là, la religion n’est pas une affaire du passé ni un obstacle à la modernité. L’histoire des religions est fortement liée à la vie politique et de nombreux pays ont introduit dans leur fondement constitutionnel la religion comme une référence au niveau des valeurs et un code moral social. En Israël, le mariage civil n’existe pas, pas plus d’ailleurs que dans les pays arabes. Chaque communauté est régie par son statut personnel et familial. Le statut du sultanat d’Oman adopté en 1996 fait de l’islam la religion de l’État. La Constitution du Yémen adoptée en mai 1991 stipule que la charia islamique est la source de toutes les législations. L’Arabie saoudite s’est dotée par la première fois d’un statut fondamental en 1992 qui se réclame de l’islam et de l’arabisme. Sa Constitution est le Livre de Dieu et la sunna du prophète. Ces deux sources régissent les statuts et règlements de l’État. En Grèce, lors de l’adoption de la Constitution en juin 1975, il y eut un débat au Parlement sur la notion de religion dominante. L’orthodoxie occupe une place privilégiée dans la Constitution grecque. Le même débat se répète dans la Russie actuelle. La religion relève aujourd’hui de l’idéologie et peut devenir une stratégie politique de combat, un projet de société ou bien une source de compétition pour les pouvoirs. Toutes les religions sont concernées par ce phénomène. Cette nouvelle force mobilisatrice a recours à tous les moyens y compris la violence. Le 11 septembre 2001 le premier acte d’un nouveau monde a été posé dans l’horreur. Reste à savoir si ce nouvel ordre ou désordre tiendra compte de la frustration des peuples. Il faut dire que l’Occident qui plonge dans son universalisme abstrait n’est pas toujours attentif aux valeurs, à la culture des peuples ni à leur conception des droits et de la démocratie. En Occident on parle de « despotisme oriental », car le monde de l’idéologie reste imperméable au monde de la science. Depuis la tragédie du 11 septembre on s’aperçoit très vite que face à des sociétés orientales très mobilisées, la défense des valeurs incarnées par les démocraties occidentales paraît comme vulnérable. Deux tendances traversent le monde à l’heure actuelle : 1- Une tendance occidentale portée sur la limitation des libertés publiques et des droits de l’homme au profit de l’idéologie nationale et sécuritaire. 2- Une tendance orientale portée sur l’adhésion à des causes qui peuvent conduire au sacrifice de soi. Dans les pays d’Orient, les gens croient à un idéal qui dépasse l’ordre matériel et technique. Par-delà cette division, il faut noter que l’« autre » oriental réside aussi en Occident. Si on réprime le Kurde en Turquie, il se défoule en Allemagne. Les migrants peuvent vivre et prospérer en Occident sans trop s’intégrer et ceci est dû essentiellement aux techniques modernes de communication. Même la France, mère de la laïcité, en appelle aux autorités religieuses musulmanes pour calmer les banlieues. le modernisme européen a voulu régler très vite le problème religieux en l’évacuant de sa sphère publique en le réduisant à une simple croyance qui relève seulement du domaine privé de l’individu. Le modernisme a réussi à arracher l’homme à son tissu communautaire et religieux, mais il ne s’agit pas là d’un fait irréversible. Le nationalisme arabe défendu au début du siècle dernier par des chrétiens et des musulmans est menacé aujourd’hui par l’irruption du facteur islamique qui risque de substituer à la notion de la « oumma » arabe celle de la « oumma » musulmane. Le fondamentalisme islamique contrairement au nationalisme arabe réfléchit en termes d’Arabe musulman et d’Arabe non musulman. Face à un climat d’insécurité croissant, les chrétiens d’Orient se posent la question de leur avenir dans la région, d’autant plus que le développement de l’intégrisme musulman est lié à la crise économique, au conflit israélo-arabe et à l’instabilité politique des régimes de la région. En outre un événement dans un pays peut avoir un effet d’entraînement dans un pays voisin. Le Liban va-t-il échapper à ce cycle de violence ? L’État libanais, occupé à régler des conflits mafieux, est-il en mesure de fournir les réponses rassurantes aux questions brûlantes posées par les Libanais ? Le régime syrien, qui a réprimé l’intégrisme et que les Libanais sont encouragés par l’État à considérer comme un modèle, peut-il calmer les peurs et les appréhensions ? La seule protection valable à long terme réside dans l’émergence d’un courant national qui revendiquerait un État de droit et l’émergence au niveau régional : 1 – d’une démocratie arabe qui prenne en considération les lacunes du modèle occidental, qui commence à voir le jour dans cette partie du monde, comme l’a bien montré l’incident de la New TV. 2 – d’une nouvelle vision de l’arabité, où les Libanais seraient des vecteurs de modernisation. Les chrétiens du Liban se trouvent confrontés à une situation difficile : continuer à être tout juste tolérés par un régime qui tend à abolir leur liberté, ou bien être les précurseurs d’une vision du monde arabe qui assurait la réconciliation de cette partie du monde avec le reste de la planète. Farès SOUHAID Député
Les religions sont tout à la fois des facteurs d’unification et de différenciation. Elles assurent la cohésion de la communauté tout en la distinguant de toutes les autres communautés par opposition. À cet égard, aucune religion n’est innocente et n’a de leçons à donner aux autres. Aucune religion n’est à l’abri des dérives. Chacune a produit ses libéraux et ses...