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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Industrie - Quatrième conférence sur les résultats de la recherche industrielle Saïdi : le Liban a besoin d'une révolution administrative (photo)

«Le malheur, c’est que le temps passe». L’expression d’un industriel, à l’issue de la conférence du ministre Nasser Saïdi hier, reflète mieux que tous les discours le sentiment d’un secteur à l’heure où il faut commencer à dresser le bilan du gouvernement Hoss. «Le plan d’action du ministre est excellent, il reprend les propositions de l’Association des industriels. Le problème consiste à l’appliquer en commençant par certaines mesures urgentes», dit Fadi Gemayel, fabricant de carton. Certaines d’entre elles ont déjà été adoptées, comme la baisse des tarifs douaniers sur les matières premières ou la libéralisation toute récente des importations de fuel, mais d’autres attendent encore. «Chaque jour qui passe à essayer de régler les problèmes libano-libanais est un jour perdu sur le front de la conquête des marchés extérieurs», renchérit Jacques Sarraf, président de l’Association des industriels, à l’occasion de la quatrième conférence sur les résultats de la recherche industrielle, organisée au palais de l’Unesco. Invité à présenter les réalisations de son ministère, Nasser Saïdi tient des propos curieusement similaires. Une fois n’est pas coutume, il a laissé de côté sa réserve habituelle pour s’adresser aux industriels «comme un partenaire responsable davantage qu’un ministre». Plus d’un an et demi d’exercice du pouvoir lui a permis de mesurer les limites, justement, de ce pouvoir, en raison de l’archaïsme des lois libanaises et de l’administration. «Je cherche en vain, depuis six mois, à créer une unité informatique et une unité consacrée à la recherche économique au sein du ministère», a expliqué M. Saïdi comme exemple du blocage du système. «L’absence de cadre légal et politique clair a peut-être fait davantage de tort au Liban, en termes économiques, que son voisin du Sud», a commenté le représentant résident de la Banque mondiale à Beyrouth, Hari Prasad. «Un environnement favorable attirera beaucoup plus d’aides et d’investissements dans ce pays qui, faute de quoi, risque de ne jamais rien concrétiser malgré un fort potentiel». Révolution administrative Pour le ministre Saïdi, les solutions aux problèmes libanais sont connues. Que ce soit en matière industrielle ou pour l’économie de façon générale. Car tout est lié. Un industriel libanais ne peut concurrencer son voisin qui paie beaucoup moins cher l’eau, l’électricité et le téléphone et n’a pas à supporter de taxes douanières. «Les privatisations sont le remède, j’en suis convaincu depuis mon arrivée au ministère». Énoncer les solutions ne suffit pas, il faut trouver un consensus, or celui-ci n’existe toujours pas, a constaté le ministre qui assume aussi le portefeuille de l’Économie et du Commerce. «Ce n’est pas d’une réforme administrative dont nous avons besoin, mais d’une révolution». Et de citer l’exemple du projet de création d’un centre de promotion des exportations. Le texte est actuellement entre les mains du Conseil des ministres. Le projet doit être soutenu par les ambassadeurs du Liban à l’étranger, a expliqué M. Saïdi, or seuls le fax et le téléphone les relient au ministère des Affaires étrangères. «Il n’est pas normal, qu’à l’heure d’Internet, nous en soyons encore là. Le rôle des ambassadeurs aujourd’hui est avant tout de promouvoir les entreprises de leurs pays. Il faut qu’ils soient connectés par réseau au ministère des Affaires étrangères où ils trouveront toutes les données nécessaires». «Le Liban a les ressources humaines et les moyens financiers de s’en sortir. Il sait quel chemin prendre. Il ne lui reste plus qu’à passer à l’acte». La constatation du ministre, deux mois avant la fin du mandat de son gouvernement, sonne comme un aveu d’impuissance. Pourtant, «je ne suis pas de ceux qui baissent les bras», a-t-il ajouté. Et les initiatives du ministère de l’Industrie sont nombreuses et concrètes, malgré la faiblesse de ses moyens. «Il compte 25 employés au total, régions comprises, la moitié, basée à Beyrouth, s’occupant de l’autre moitié». Recensement industriel pour constituer une base de données sur le secteur ; définition de plus de 300 normes par l’institut Libnor pour aider les entreprises libanaises à produire selon les standards internationaux ; lancement avec l’Unido d’un programme de 11 millions d’euros afin d’aider quelque 200 entreprises à se moderniser ; préparation d’un projet de 30 millions d’euros financé par l’Union européenne à destination des petites et moyennes industries ; informatisation du port de Beyrouth pour faciliter l’ensemble des opérations d’import-export, avec la possibilité à l’avenir d’éviter tout type de paperasserie lorsque sera adopté le projet de loi sur la signature électronique ;… La liste des chantiers (entamés ou terminés) énumérée par Nasser Saïdi est trop longue pour être reproduite. En un peu plus d’un an et demi, le ministère a voulu s’attaquer tant aux problèmes structurels qu’aux difficultés ponctuelles de l’industrie libanaise qui doit absolument se moderniser et accroître sa compétitivité pour relever le double défi de l’ouverture des frontières et de l’innovation technologique, a expliqué M. Saïdi pour résumer le travail entrepris. Et Jacques Sarraf de conclure par un souhait : Que les deux mois qui nous séparent des législatives servent à prendre un maximum d’initiatives et à démentir l’idée selon laquelle il s’agirait d’une période paralysée par les échéances.
«Le malheur, c’est que le temps passe». L’expression d’un industriel, à l’issue de la conférence du ministre Nasser Saïdi hier, reflète mieux que tous les discours le sentiment d’un secteur à l’heure où il faut commencer à dresser le bilan du gouvernement Hoss. «Le plan d’action du ministre est excellent, il reprend les propositions de l’Association des industriels. Le...