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Actualités - REPORTAGES

Recherche scientifique - La coopération entre les centres universitaires et l'industrie fait encore défaut Les laboratoires de biologie à 'AUB couvrent un large éventail de disciplines(photos)

Les travaux de recherche scientifique en cours dans les différents centres universitaires du pays couvrent un large éventail de domaines et de disciplines, mais restent peu connus du grand public. Dans le but d’informer les lecteurs de la situation actuelle de la recherche scientifique au Liban, «L’Orient-Le Jour» mène une enquête axée non seulement sur la nature des travaux entrepris sur ce plan, mais également sur les difficultés et les contraintes auxquelles sont confrontés les chercheurs libanais dans les circonstances présentes que traverse le pays. Nous avons interrogé dans ce cadre le Dr Rabih Talhouk, chef du département de biologie à l’Université américaine de Beyrouth. M. Talhouk indique d’emblée que sur les 17 professeurs du département de biologie et de science à la faculté de médecine de l’AUB, quatorze font actuellement de la recherche. Les travaux dans ce domaine sont assez vastes. Ils s’étendent de l’environnement à la biologie moléculaire, en passant par la biologie cellulaire et la génétique. À titre d’exemple, M. Talhouk et son équipe travaillent actuellement au fonctionnement de la cellule in vivo afin de comprendre et, éventuellement, traiter les anomalies cellulaires. Pour M. Talhouk, gouvernement, centres universitaires et industries sont (ou devraient être) intimement liés dans la recherche. Au Liban, le gouvernement fait de son mieux pour financer la recherche, dans le cadre des moyens disponibles. Une fois par an, le Centre national pour la recherche scientifique (CNRS, organisation gouvernementale) tient une réunion d’évaluation avec les représentants des universités afin de faire le point de la situation au niveau de la recherche scientifique et jeter les bases des projets susceptibles d’être mis en chantier. Quant à la coopération avec les industries, elle paraît quasi inexistante. «Les industries doivent prendre conscience du fait que la recherche peut leur rendre d’inestimables services, souligne M. Talhouk. Elle constitue un facteur important pour le développement économique d’un pays. Grâce à la recherche, par exemple, les Libanais pourraient produire eux-mêmes des articles biotechnologiques (matériel pour les hôpitaux ou équipement pour améliorer la production agricole) au lieu d’en importer». M. Talhouk souligne à ce propos que le gouvernement devrait créer des liens entre les centres de recherche universitaires et les pôles industriels, de même qu’il devrait, parallèlement, encourager les compagnies travaillant dans le domaine de la biotechnique à s’installer au Liban. Des fonds insuffisants De l’avis de M. Talhouk (et de plusieurs autres professeurs), la recherche à l’AUB est confrontée au traditionnel problème de l’insuffisance des fonds, sans compter le manque de personnel qualifié nécessaire pour assister le chercheur dans ses travaux de laboratoire. Mais au-delà de ces considérations «de routine», la majorité des chercheurs de l’AUB – qui jouissent, pour la plupart, d’une solide expérience acquise à l’étranger – seraient plus motivés s’ils bénéficiaient d’un environnement de recherche plus stimulant au niveau national. Il reste que, de l’aveu même de M. Talhouk, on note de plus en plus un intérêt croissant pour la recherche libanaise, notamment de la part d’organisations occidentales qui financent généralement les travaux de recherche dans le monde. C’est le cas, plus particulièrement, du Cedre (projet français) de l’Union européenne, de la «Third World Academy of Science». L’AUB elle-même fait un effort considérable pour encourager la recherche dans différents domaines. Elle recrute ainsi des professeurs expérimentés et s’apprête à équiper ses laboratoires de matériel sophistiqué et moderne. Gelée pendant les longues années de guerre, la recherche à l’AUB connaît des progrès sensibles, comme le prouve l’accroissement du nombre de publications des professeurs de l’AUB : de six en 1992, le nombre de publications est passé à 26 en 1999. La coopération interuniversitaire En ce qui concerne la coopération entre les universités locales, M. Talhouk souligne qu’elle se manifeste à différents niveaux, d’autant, précise-t-il, que l’Université libanaise, à titre d’exemple, déploie des efforts louables pour renforcer ses centres de recherche. M. Talhouk indique, en outre, que la recherche à l’Université Saint-Joseph est en plein essor. Cependant, souligne M. Talhouk, il est nécessaire, pour un rendement plus efficace, que les diverses universités du pays s’entendent sur un objectif commun et spécifique, tout en suivant de près l’évolution des travaux de recherche à l’échelle internationale. Force est de constater, pour être quelque peu réaliste, que la recherche au Liban ne saurait être comparée à celle d’autres pays, sur les plans tant qualitatif que quantitatif. «Compte tenu du nombre restreint d’habitants dans le pays, souligne M. Talhouk, le nombre de chercheurs au Liban demeure restreint. De surcroît, les ressources dont nous disposons sont très limitées par rapport aux pays étrangers, notamment occidentaux». Pour M. Talhouk, la recherche au Liban reste à un stade embryonnaire. Toutefois, il se montre, malgré tout, relativement optimiste quant à son évolution. Comparé à d’autres pays de la région, le Liban bénéficie dans ce domaine d’une position tout à fait acceptable. Il est même en mesure de devenir un centre de recherche à vocation régionale, d’autant que les Libanais ont beaucoup de compétences dans ce domaine. La seule condition – fondamentale – qui devrait être satisfaite est la stabilité régionale afin d’aboutir à une continuité au niveau des travaux de recherche. À la lumière de l’ensemble des considérations susmentionnées, M. Talhouk conseillerait-il à une jeune Libanais de se lancer dans une carrière de chercheur au Liban ? «Partout dans le monde, précise-t-il à ce propos, la recherche est en développement exponentiel et, dans ce cadre, notre pays a besoin de nous. Il est évident qu’il est beaucoup plus difficile de travailler dans ce domaine au Liban que dans les grands pays industrialisés. Mais, en définitive, l’important est de faire ce qu’on aime et ce qui nous intéresse. En ce qui me concerne, je trouve que la recherche est un métier passionnant».
Les travaux de recherche scientifique en cours dans les différents centres universitaires du pays couvrent un large éventail de domaines et de disciplines, mais restent peu connus du grand public. Dans le but d’informer les lecteurs de la situation actuelle de la recherche scientifique au Liban, «L’Orient-Le Jour» mène une enquête axée non seulement sur la nature des travaux...