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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Francophonie - Neuf auteurs en écriture à Jbeil pour un mois "Ecrits nomades", une expérience-évasion sur le thème des frontières (photos)

Neuf dramaturges francophones de neuf pays différents sont au Liban depuis quelques jours, pour un séjour d’un mois, dans le cadre d’un projet d’écriture intitulé Écrits nomades. Ils résideront dans la ville de Jbeil, rencontreront des auteurs, des metteurs en scène et des intellectuels libanais et élaboreront chacun un texte sur la thématique des frontières. Initié par le Festival international des francophonies en Limousin, –représenté par Mme Monique Blin – et par le Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, cet événement a pour principaux partenaires au Liban le Centre culturel français de Beyrouth et la ville de Byblos. Il a été présenté hier, au cours d’une conférence de presse au CCF, rue de Damas. Monique Blin, qui n’en est pas à sa première visite au Liban, a dirigé pendant 16 ans le Festival des francophonies en Limousin qui accueille également des auteurs en résidence, «parce que le théâtre, c’est d’abord l’écriture», insiste-t-elle. Ainsi, en l’espace de 10 ans, 80 auteurs ont été accueillis à Limoges, pour une période de trois mois. L’an dernier, à l’occasion de la commémoration des 150 ans de l’abolition de l’esclavage, les organisateurs ont choisi comme thème l’esclavage. «Les auteurs ont donc axé leurs écrits sur l’esclavage, qui n’est pas aboli aujourd’hui mais qui continue sous d’autres formes», a ajouté Mme Blin. Cette année, ce travail d’écriture se poursuit au Liban, avec Eric Durnez (Wallonie-Bruxelles), Carole Fréchette (Canada, Québec), Mohamed Kacimi (Algérie), Koffi Kwahulé (Côte-d’Ivoire), Yves Laplace (Suisse), Robert Marinier (Canada, Ontario), Jean-Yves Picq (France), Florent Couao-Zotti (Bénin) et Joseph Kodeih (Liban). Le thème à traiter sera «les frontières», qu’elles soient politiques, géographiques, psychologiques ou autres… Directeur du Centre culturel français de Beyrouth, Jean-Claude Voisin a souligné l’importance des rencontres qui seront organisées entre les neuf écrivains francophones et les intellectuels libanais. «Nous avons voulu que des structures locales s’emparent de cet événement et saisissent cette occasion d’un enrichissement mutuel, autour d’un certain nombre de valeurs communes que nous défendons», a-t-il indiqué. Le théâtre Monnot, le théâtre al-Madina et le théâtre de Beyrouth recevront notamment les invités des Écrits nomades pour des débats et des lectures de leurs textes. «En un peu moins d’un mois, les auteurs ne pourront pas écrire un manuscrit, mais plutôt ramasser des impressions», a précisé Monique Blin. «Ils nous remettront leurs textes au mois de septembre, et nous pourrons alors les diffuser sous forme de lectures dans leurs pays d’origine». Ces œuvres seront également éditées, peut-être en version bilingue, français/arabe. Enfin, en 2001, un ou plusieurs textes seront sélectionnés pour une création théâtrale, à laquelle participeront peut-être des comédiens libanais. Ce spectacle circulera ensuite dans les pays d’origine des auteurs des Écrits nomades. Neuf plumes, neuf visions Écrits nomades, c’est avant tout neuf plumes, neuf visions, avec une même langue pour dénominateur commun. –Yves Laplace (Suisse, Genève) écrit pour le théâtre depuis une quinzaine d’années. Il est également romancier, essayiste, critique de théâtre et journaliste à ses heures perdues. Il a publié à ce jour 16 romans et récits, parus pour la plupart aux éditions Le Seuil, à Paris. Yves Laplace travaille avec Hervé Loichemol, un metteur en scène français, né en Algérie, qui a monté plusieurs de ses pièces, à Paris et à Genève. – Pour Eric Durnez (Wallonie-Bruxelles), auteur, metteur en scène et comédien, «c’est une sensation étrange de se trouver dans un pays encore plus petit, en superficie, que la Belgique». Durnez écrit essentiellement pour le théâtre et, parfois, pour le jeune public. Il a quitté la Belgique depuis quelques mois pour s’installer dans le sud-ouest de la France. – Mohamed Kacimi (Algérie) vit en France depuis 20 ans et souligne donc sa double appartenance, «dans les langues et dans l’espace». Après avoir traduit des poèmes de l’arabe au français et vice versa, il s’est attaqué aux romans et aux essais. «Un de mes essais, Arabe, vous avez dit Arabe (1992) a d’ailleurs été traduit à Beyrouth , à mon insu, il y a un an», relève-t-il dans un sourire. «Mais c’était une très bonne traduction». Kacimi a également publié des pièces de théâtre, ainsi que plusieurs ouvrages pour la jeunesse. Son Encyclopédie du monde arabe pour les enfants, (une nouveauté), sortira aux Éditions Milan au mois de septembre. – Koffi Kwahulé (Côte-d’Ivoire) est installé depuis près de 20 ans à Paris. Comédien de formation, il a été «saisi par la démangeaison d’écrire» et aujourd’hui, il est surtout considéré comme un écrivain. Il n’écrit que du théâtre, «ou alors des ouvrages sur le théâtre, dit-il, car le théâtre correspond le mieux à ma personnalité». – Jean-Yves Picq (France) est né en Alsace, sans toutefois en être originaire. Là, il est confronté dès ses premières années à un problème de langue ; car l’Administration française ne tolérait pas que les enfants parlent alsacien à l’école. Depuis 1985, Jean-Yves Picq se consacre à l’écriture. Il n’a toujours écrit que du théâtre, «sans doute à cause de cette nécessité de passer par l’oralité, explique-t-il, d’où mon immense intérêt pour les chansons de gestes, les épopées et les textes anciens comme Gilgamesh». – Carole Fréchette (Canada, Québec) vit à Montréal. Comédienne de formation, elle est venue tout naturellement à l’écriture. Depuis une douzaine d’années, elle a publié quatre pièces, ainsi que deux romans pour adolescents. «C’est mon premier séjour au Moyen-Orient, et pour moi, Nord- Américaine, Beyrouth est un choc», dit-elle. «Je trouve cela fascinant». De 1994 à 1999, Carole Fréchette a été présidente du «Centre des auteurs dramatiques» (Cead), une association d’auteurs de théâtre, fondée en 1965 au Québec, et qui s’occupe de promouvoir l’écriture théâtrale contemporaine. – Robert Marinier (Ontario-Canada) est né à Sudburry. «Je suis imparfaitement bilingue, je parle l’anglais aussi mal que le français», plaisante-t-il avec un accent très prononcé. Marinier est venu à l’écriture «par obligation, parce qu’à Sudburry, dit-il, on ne comprenait pas les pièces qui nous venaient de France ; on était obligé d’écrire des pièces dans notre langue qui est un français cassé». – Florent Couao-Zotti (Bénin) est auteur, scénariste de bande dessinée et chroniqueur culturel. Il a publié des nouvelles, des romans, des romans pour jeunes et des pièces de théâtre. – Enfin, Joseph (Joe) Kodeih (Liban) est auteur, acteur et metteur en scène. Il n’a pas encore publié de pièce à ce jour. Adaptation du mythe de l’enlèvement d’Europe par Zeus, sa pièce Europa (1999) a été présentée en Italie et à Marseille. Il est également l’auteur et le metteur en scène de la pièce al-Takht (Le lit), qui se joue actuellement au théâtre Monnot. Durant toute la durée de leur séjour, les neuf «écrivains nomades» seront suivis de près par Valérie Frey (Suisse), photographe et enseignante de français. En avril 1997, Frey avait accompagné, en tournée en Bosnie-Herzégovine, le spectacle Hamlet-machine de Heiner Müller, mis en scène par Hervé Loichemol. De ce voyage, elle a rapporté une masse de belles photographies. «Ma tâche aujourd’hui est d’illustrer le regard que chacun des auteurs va porter sur les frontières à Beyrouth», explique-t-elle. Une tâche ardue, «mais passionnante». Les clichés devraient ensuite faire l’objet d’une exposition. Rappelant que toute personne intéressée de rencontrer les auteurs francophones des Écrits nomades est la bienvenue à Jbeil, Jean-Claude Voisin a remercié la ville pour son accueil, et pour sa prise en charge de l’organisation de «cette lourde opération». Coordonateur du projet auprès de cette même ville, Roland Barbar a salué à son tour l’équipe municipale de Jbeil, «très active, volontariste, ouverte à tout projet, et désireuse de faire de Jbeil un espace d’échanges. Ce projet, a-t-il ajouté, va nous permettre, à notre tour, de donner au monde une image exacte du Liban, à travers nos invités. En échange, ces derniers nous donnerons un point de vue sur leurs réalités, leurs francophonies, leurs problèmes aussi, peut-être. Et c’est cette interactivité qui est formidable».
Neuf dramaturges francophones de neuf pays différents sont au Liban depuis quelques jours, pour un séjour d’un mois, dans le cadre d’un projet d’écriture intitulé Écrits nomades. Ils résideront dans la ville de Jbeil, rencontreront des auteurs, des metteurs en scène et des intellectuels libanais et élaboreront chacun un texte sur la thématique des frontières. Initié par le...