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Actualités - REPORTAGES

Correspondance Le mime Marceau 77 ans, en excellente forme et bavard aux USA(photo)

Qu’était-il devenu, pouvait-on se demander ? Et bien, il se porte à merveille, il est en excellente forme artistique et il a attiré les foules aux USA où il est actuellement en tournée. Sur scène, il continue à parler magnifiquement avec ses mains, ses yeux, son visage et son corps et hors scène sa voix est aussi éloquente… À 77 ans, Marcel Marceau est tel qu’en lui-même, un Bip tout en humour, réflexion et poésie. L’Amérique, qui ne l’avait pas revu depuis une quinzaine d’années, lui a réservé un accueil des plus chaleureux. Il a fait rire, pleurer, soupirer et languir son auditoire qui l’a partout ovationné en le voyant créer tout un monde par un battement de cils, un mouvement de bras ou un sourire en coin. Son argus de presse américain regorge d’impressions dithyrambiques : «Marcel Marceau est un miracle», (San Fransico Chronicle) ; «Ceci est génial, ceci est Marcel Marceau» ( New York Post). L’explication de son succès est judicieusement donnée par Anna Kisselgoff, la célèbre critique du New York Times : «À un moment où deux générations de mime se sont rebellées contre sa facture classique, M. Marceau demeure un modèle et non un fossile. Ceux qui n’ont jamais vu l’essentiel de son programme devraient se ruer sur ses spectacles». « Le procès » Washington, Marceau a offert une œuvre spéciale intitulée Le Procès, la capitale fédérale étant une ville politique par excellence. Cette pantomime brosse les portraits détaillés d’un homme accusé d’avoir poignardé un homme, d’un procureur général farouchement porté sur la peine de mort, d’un huissier zélé et d’un juge souffrant de migraine. Le ton est caricatural mais la fin tient du réalisme. Lors d’une réception donnée en son honneur, l’artiste évoque ainsi sa création : «A-t-il tué ou pas, nous ne le saurons jamais. Il y a, certes, de la comédie dans cette pièce qui, cependant, se termine sur une note tragique». Quelques jours plus tard, répondant à l’invitation du club de Tocqueville (qui regroupe les correspondants de presse francophones), il raconte sa mémorable rencontre avec Charlie Chaplin. Cela se passait en 1940 à l’aéroport de Genève. Charlot, qui était là en compagnie de son épouse et de toute sa famille, vient à lui et lui dit : «Vous êtes bien Marcel Marceau, je vous ai reconnu bien que vous n’ayez pas votre visage grimé». Bip (la quarantaine à l’époque et en plein succès) en a été d’autant plus touché que Chaplin, lui, était en fin de carrière. Des précédents célèbres Rappelons que Charlie Chaplin, Buster Keaton, Laurel et Hardy et tous les grands du cinéma muet ont été eux aussi, chacun à sa manière, des mimes. Né à Strasbourg en 1923, de son vrai nom Marcel Mangel, il avait commencé par faire des études d’art dramatique à Paris avec Étienne Decroux qui lui avait confié le rôle d’Arlequin dans la pantomime intitulée Baptiste. Ce fut un succès qui l’avait encouragé à monter son premier mimodrame, Praxitel et le poisson doré. En 1947, il crée son célèbre personnage Bip, avec son chapeau haut-de-forme et son pull marin, qui deviendra son alter ego et qui relatera sur scène ses diverses aventures et mésaventures : de la chasse au papillon à la chasse au lion, dans la rue, les trains, les restaurants, au parc. Rien mieux que le silence de Bip pour dire une vie grouillante, bruyante et aux multiples résonances. Marcel Marceau venait de révolutionner l’art de la pantomime, en faisant le porte-parole du quotidien.
Qu’était-il devenu, pouvait-on se demander ? Et bien, il se porte à merveille, il est en excellente forme artistique et il a attiré les foules aux USA où il est actuellement en tournée. Sur scène, il continue à parler magnifiquement avec ses mains, ses yeux, son visage et son corps et hors scène sa voix est aussi éloquente… À 77 ans, Marcel Marceau est tel qu’en lui-même, un Bip...