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Actualités - REPORTAGES

Correspondance "Et pourtant, elle tourne !" Dans l'orbite de Galilée, sa fille, soeur Maria Celesta

Tout le monde sait qu’il a laissé tomber un boulet de canon du haut de la tour de Pise, qu’il a mis au point le premier téléscope performant, qu’il a été condamné par le tribunal de l’Inquisition et jugé hérétique pour avoir déclaré que la terre tournait autour du soleil. Ce que l’on sait moins, c’est que Galileo Galilée avait trois enfants illégitimes (un garçon et deux filles) et qu’il était très proche de l’une de ses filles, sœur Maria Célesta. C’est ce que révèle un très intéressant ouvrage que vient de publier Dava Sobel sous le titre La fille de Galilée et qui raconte l’histoire de cette relation. L’auteur base son récit sur 124 lettres adressées par sœur Maria Célesta à son père. Elle les a toutes traduites en anglais et c’est la première fois qu’elles sont publiées dans cette langue. Quant aux lettres envoyées par Galilée à sa fille, elles ont toutes été détruites. Cette correspondance est un précieux document car elle braque les feux sur la vie familiale du savant, de même que sur la manière dont il a vécu son procès et sa condamnation et aussi sur l’Italie des Médicis. Dava Sobel en a fait une captivante biographie scientifique en tissant avec savoir-faire les fils de la réalité et ceux de l’art de conter. Trois enfants illégitimes Galileo Galilée avait eu trois enfants illégitimes (deux filles et un garçon) avec une Vénitienne de grande beauté. Les deux filles, qui ne pouvaient pas aspirer au mariage parce qu’elles étaient bâtardes, ont été envoyées dans un couvent du sud de la Florence, non loin de là où habitait Galilée. L’aînée, Virginie, qui était très proche de son père, avait choisi, en prenant le voile (à l’âge de 13 ans), de s’appeler Maria Célesta, marquée qu’elle était par les préoccupations cosmiques de son père. Elle tenait de lui son esprit brillant, sa diligence et son assiduité au travail. Malgré son enfermement dans un couvent clarisse, elle était restée omniprésente dans la vie du savant. Elle transcrivait ses écrits tout en effectuant des tâches diverses au sein de la communauté. Elle était une excellente boulangère doublée d’une couturière et d’une compétente apothicaire. Elle traitait son père qui souffrait de moult maux (la goutte, une hernie, une infection de l’œil, entre autres) par des pilules de sa préparation. Elle les lui envoyait toujours accompagnées de douceurs et de gâteaux. Décrite par Galilée comme «une femme à l’esprit fin et d’une grande tendresse», elle a été d’un grand soutien pour son père durant ses longues années de souffrance, lorsque taxé d’hérétique pour ses travaux scientifiques, il avait dû abjurer, vivre au ban de la société, tantôt exilé à Sienne, tantôt mis en résidence forcée à Florence. Il le lui rendait bien en ne coupant jamais le contact avec elle et en l’aidant à assurer l’entretien du couvent qui l’abritait. Elle lui vouait une grande admiration et s’adressait souvent à lui en ces termes : «mon père le bien-aimé et le plus illustre». Réconcilier les cieux divins et le ciel du téléscope Le récit de Sobel, qui fait une heureuse navette entre le monde clos de Maria Célesta et la vie publique et tumultueuse de Galilée, fait revivre la Florence des Médicis et la cour papale, à un moment où l’humanité découvrait avec quelque effroi qu’elle vivait sur une planète mouvante. Ces temps-là ont vu aussi deux grandes catastrophes, la dévastatrice épidémie de lèpre et la guerre de Trente Ans. Au milieu de ces tourments, un homme surnommé par Einstein «le père de la physique moderne» a voulu réconcilier les cieux divins qu’il vénérait en tant que catholique et le ciel qui lui avait révélé à travers son téléscope que ce n’était pas le soleil qui tournait autour de la terre, mais l’inverse. Sœur Maria Célesta est décédée très jeune, à l’âge de 33 ans. Sa mort à lui est survenue neuf ans après. Galilée s’est toujours efforcé de concilier son devoir d’homme de science avec les exigences de son âme. Et sœur Maria Célesta le suivait dans cette voie.
Tout le monde sait qu’il a laissé tomber un boulet de canon du haut de la tour de Pise, qu’il a mis au point le premier téléscope performant, qu’il a été condamné par le tribunal de l’Inquisition et jugé hérétique pour avoir déclaré que la terre tournait autour du soleil. Ce que l’on sait moins, c’est que Galileo Galilée avait trois enfants illégitimes (un garçon et...