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Actualités - REPORTAGES

Correspondance La chirurgie esthétique, avant tout une histoire de nez (d'hommes) coupés (photo)

«Le nez de Cléopâtre, s’il eut été plus court, toute la face de la terre aurait changé». Si Cléopâtre avait vécu quelques milliers d’années plus tard et qu’elle ait voulu changer son nez, elle n’aurait pas pu le faire. Antoine aurait pu... Car, au départ, la chirurgie esthétique était le seul apanage des hommes : comme ils avaient souvent le visage défiguré par les duels et les combats, on s’était préoccupé de les leur remettre en forme. C’est ce que révèle une collection d’ouvrages rares sur l’origine et le développement de la chirurgie plastique qui sera mise en vente chez Christie’s à Los Angeles, le mercredi 9 février. Cette collection appartient à un grand ponte du bistouri de l’embellissement et de la restauration, le Dr Eugène H. Courtiss. Elle a d’autant plus de valeur qu’elle porte sur un sujet que, dans le temps, on évitait de coucher noir sur blanc. Et pour cause, la religion et les mœurs sociales prohibaient la chirurgie ayant trait à l’apparence du corps. L’un des ouvrages phares de cette collection s’intitule De curtorum chirurgica per insitionem. Il a été publié à Venise en 1597 et porte la signature de l’un des premiers spécialistes en la matière, Gaspare Tagliacozzi (1545-1599). Celui-ci avait inauguré la réparation chirurgicale du nez avec un lambeau cutané pris au bras. On estime qu’aujourd’hui son ouvrage, exposant les méthodes de réparation des nez et des oreilles, sera vendu entre 20 000 et 30 000 dollars. Avant Tagliacozzi, les barbiers-chirurgiens À noter qu’avant la publication de ce traité, les familles des barbiers-chirurgiens gardaient secrètes les méthodes opératoires qu’ils pratiquaient. Probablement par peur de s’attirer les foudres des ecclésiastiques. C’est pour cela que la majorité des écrits portant sur ce sujet a été détruite au cours des XVII et XVIIIes siècles. La sélection du Dr Courtiss compte des spécimens de ces siècles silencieux. Dans ce lot on retrouve notamment les titres suivants : «Compte rendu de deux opérations réussies de restauration de nez perdus», (Londres 1816) ; «La rhinoplastie» par Carl Ferdinand von Graefe, (Berlin, 1818). Avec la publication dans Gentelman’s Magazine, (1794), d’un exposé sur la méthode hindouiste de réparation des nez et des oreilles, portant la signature du mystérieux «BL» , on commence à assister en Europe au développement de la chirurgie plastique. Dix ans plus tard, il y a eu un traité-pionnier (par Baronio, 1804) sur la greffe de la peau. En 1816, Joseph Constatine Carpue fait revivre la méthode de rhinoplastie indienne telle que décrite par «BL» et publie en anglais la première étude sur la chirurgie plastique, une œuvre qui a toujours été considérée comme la plus importante du genre dans l’Angleterre du XIXe siècle. L’année suivante, Von Graefe traduit l’ouvrage de Carpue en allemand. Il avait fait une variation des techniques hindouiste, italienne et allemande. À partir de là, ce domaine a connu un rapide développement créatif, avec une pléiade d’hommes de science. Aujourd’hui, avec les implants, les injections de collagène, la liposuccion et autres liftings, plus que jamais on crie : «Beauté, beauté quand tu nous tiens !», sans se douter que le bistouri rectificateur et enjolivant avait commencé à s’activer depuis des siècles. À cette époque, le célèbre Tagliacozzi ne s’arrêtait pas uniquement à l’apparence. Il avait écrit : «Nous restaurons, nous reconstruisons, nous refaisons ce que la nature nous a donné et que le destin nous a enlevé, pas tellement pour le plaisir des yeux que pour hausser le moral de ceux qui sont affligés».
«Le nez de Cléopâtre, s’il eut été plus court, toute la face de la terre aurait changé». Si Cléopâtre avait vécu quelques milliers d’années plus tard et qu’elle ait voulu changer son nez, elle n’aurait pas pu le faire. Antoine aurait pu... Car, au départ, la chirurgie esthétique était le seul apanage des hommes : comme ils avaient souvent le visage défiguré par les duels...