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Actualités - CHRONOLOGIE

À l’heure de mettre sous presse, aucun consensus sur le successeur de Boutros-Ghali Le huis clos et la déclaration pleinement consacrés aux affaires (politiques) de famille

Le politique s’installait avant-hier vendredi dans la francophonie. À travers les discours de six chefs d’État représentant les quatre coins du globe. La bonne nouvelle, c’est que cela s’est confirmé, s’est concrétisé en partie, hier, dans les sous-sols du Phoenicia : pour la première fois ou presque, l’institution francophone s’est penchée sur les dossiers politiques des États membres. La moins bonne, c’est qu’elle s’est arrêtée là, en décidant d’occulter, dans sa Déclaration de Beyrouth, tout ce qui touche au politique non francophone. Concrètement : la situation africaine a occupé la très grande majeure du huis clos politique hier, et la planète francophone appuiera sans réserve l’initiative arabe de paix, adoptée lors du Sommet de Beyrouth, en mars 2001 (chose qui n’aurait pas eu lieu si le Liban, l’Égypte, la Tunisie, entre autres, n’avaient pas été présents). Les États membres sont donc contents. En revanche, aucune allusion ne sera faite, dans le communiqué d’aujourd’hui, au terrorisme, ni – et c’est là que ça risque de faire couler pas mal d’encre, entre les pour et les contre – à l’Irak. Qui n’a, d’ailleurs, jamais été évoqué comme pouvant être au cœur de la déclaration. Pourquoi aucune allusion à ces deux dossiers ? Deux hypothèses. Soit l’entité francophone n’a pas voulu se consacrer, par la volonté de la majorité de ses membres, à autre chose qu’aux affaires (politiques) de famille (l’Irak et encore moins les États-Unis sont membres), soit les pressions de certains États proaméricains ont empêché la présence de l’Irak dans la déclaration finale. De même que l’absence d’une définition commune aux cinquante-cinq pays membres à propos du terrorisme. Une certitude : c’est la première fois que l’on discute, entre dirigeants, de la situation sur la scène internationale. Les parties concernées par le terrorisme et par l’Irak (Washington, Londres, Bagdad...) n’étant pas présents, c’est l’Afrique qui a, tout naturellement, accaparé les débats. La situation des Grands Lacs d’abord, avec ses trois millions de morts, a servi de fil rouge à des débats africano-africains particulièrement animés, notamment entre le RDCongo, le Burundi, le Rwanda, la Belgique. Et la crise en Côte d’Ivoire, notamment. Des altercations très vives ont eu lieu entre le Sénégal et le Togo. Même la lecture de l’événement en Côte d’Ivoire a laissé à désirer, puisque concomitamment au sommet, des signatures de paix avaient lieu dans deux villes différentes, mais sans que l’on sache trop à quoi elles auraient abouti. La grosse surprise du jour est que ces tensions plus ou moins électriques entre certains pays africains se sont cristallisées dans l’absence totale – contrairement à ce qui était prévu – de consensus autour du nom du successeur de Boutros Boutros-Ghali. Les pays non africains ayant laissé au continent noir toute latitude dans la désignation du nouveau secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie, à l’expresse condition qu’il y ait ce fameux consensus. Auquel on n’avait pas abouti hier, à l’heure d’aller sous presse. Anecdote significative : au moment où les chefs d’État devaient aller continuer leur huis clos en déjeunant à l’Eau-de-Vie, le n° 1 béninois, Mathieu Kérékou, a pris la place d’Émile Lahoud, invitant tous les représentants des pays africains à rester dans la salle des débats. Ainsi, la politisation, certes séléctive, de la francophonie a réussi. Il aurait été heureux et bénéfique que la mutation soit complète, que l’institution marque de son empreinte, fût-ce par une déclaration finale (qui n’est, somme toute, que des mots sur du papier) l’actualité internationale. On se consolera, objectivement, en se souvenant que le mieux est parfois l’ennemi du bien. Ziyad MAKHOUL
Le politique s’installait avant-hier vendredi dans la francophonie. À travers les discours de six chefs d’État représentant les quatre coins du globe. La bonne nouvelle, c’est que cela s’est confirmé, s’est concrétisé en partie, hier, dans les sous-sols du Phoenicia : pour la première fois ou presque, l’institution francophone s’est penchée sur les dossiers...