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Actualités - OPINION

Opinion Un peu de décence...

par Bassam TOURBAH * Je ne comprends pas cette façon que nous avons, nous Libanais, de vouloir saper, chaque fois que l’occasion se présente, l’image de marque de notre pays. Les avez-vous entendus, ces Libanais de mauvais augure, se croyant intelligents et instruits, disserter dans un dîner en ville, devant un ambassadeur étranger ou un homme d’affaires en visite dans notre pays, sur notre pouvoir spolié et nos hommes politiques vendus, sur notre économie en ruine menant à la faillite de l’État et à la catastrophe imminente, sur le Libanais pourri capable de vendre son pays et son honneur pour la bonne grâce de l’étranger ? Que vous jouissiez de la liberté de pensée et de parole au Liban, soit. C’est un fait acquis, reconnu par la Constitution et ancré profondément dans notre être. Que vous clamiez haut et fort que vous vous opposez au gouvernement et à sa politique, c’est votre droit le plus absolu. Que vous critiquiez avec force, quelquefois à raison, quelquefois injustement ou d’une façon insolente, le pouvoir en place, que vous exprimiez cet état de pensée par des manifestations ou même des grèves, c’est la preuve que la démocratie est réelle chez nous. Que vous alliez jusqu’à qualifier les dirigeants de marionnettes, de valeurs, d’incapables, de stipendiés, de tous les noms qui auraient constitué, ailleurs, des crimes d’État et punis comme tels, passe encore ! Mais que vous usiez de cette liberté devant des étrangers pour étaler sur la place internationale votre haine à l’égard du pouvoir dans votre pays et annoncer publiquement la faillite du système et la mort de la démocratie au Liban, voilà qui est impardonnable, surtout pendant cette période particulièrement sensible que traverse le pays. Que dire alors si vous êtes ministre ou député, ancien ou en exercice, convié à vous adresser à un parterre de personnalités de haut niveau politique et économique, et que vous vous lanciez dans une diatribe acerbe contre le pouvoir que vous représentez ? Il est malheureux, terriblement déprimant, de constater que la guerre de 17 ans qui a tout dévasté sur son passage ne nous ait rien appris. Quoi ? Ne sommes-nous pas capables de gérer notre lopin de terre ? De tirer profit de notre richesse naturelle, tant louée ailleurs, de notre position géographique et géopolitique, pour pouvoir, dans ces moments exceptionnels que vit la planète après le 11 septembre, jouer notre rôle naturel de pont entre l’Orient et l’Occident ? Il est scandaleux, immoral même, de dilapider ces richesses pour nous perdre dans des dédales intérieurs de basses manœuvres au lieu de nous élever au niveau d’un Liban que nous nous flattons de qualifier de berceau des civilisations, de pont entre l’Orient et l’Occident, bien assis sur ses six mille ans d’ouverture vers le monde. Ces six mille ans de tolérance, d’ouverture sur les autres civilisations, d’hospitalité légendaire. Quoi ? Sommes-nous à ce point mineurs, incapables de gérer convenablement une superficie de quelques milliers de kilomètres carrés, dotée de ces richesses que le monde nous envie ? C’est que le civisme pour nous est un mot creux, complètement étranger à notre entendement. Il est individualisme, égoïsme coupable, mercantilisme mesquin et criminel. Quoi, ne voyez-vous pas que vous poussez votre pays à la dérive et que si le Liban sombre dans le chaos, point de salut pour vous, point d’avenir pour votre descendance ? Dépoussiérez donc votre cœur, frottez-vous bien les yeux, tendez-moi la main pour que nous fassions du Liban un havre de paix. Redonnons à notre pays la place que Dieu lui a destinée en le créant. C’est-à-dire un coin de paradis vers lequel se tournent les regards pour que nous en fassions un modèle de convivialité dans ce monde de haine et d’injustice. Défendez-le, bec et ongles, même s’il a tort. Défendez même son insolence... même sa folie. * Ancien diplomate
par Bassam TOURBAH * Je ne comprends pas cette façon que nous avons, nous Libanais, de vouloir saper, chaque fois que l’occasion se présente, l’image de marque de notre pays. Les avez-vous entendus, ces Libanais de mauvais augure, se croyant intelligents et instruits, disserter dans un dîner en ville, devant un ambassadeur étranger ou un homme d’affaires en visite dans notre pays, sur...