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Actualités - REPORTAGE

Violon d’Ingres * Le docteur Nabih Kheir nous fait encore son cinéma !(PHOTO)

La passion du docteur Nabih Kheir a un nom, une adresse, voire un univers et infiniment d’images. En un mot, notre médecin est un fou de cinéma, tellement qu’il se l’est approprié. Pour nous faire « son cinéma » avec un bonheur à chaque fois renouvelé, suivez donc le guide et son rituel. Wadi Chahrour. Quittez la route principale et rejoignez à gauche cette petite ruelle qui mène tout droit au paradis. « Attention cinéma ! » prévient une drôle de pancarte drôlement illustrée, comme une bande-annonce qui résume ce qui va suivre, ceci juste avant que n’apparaisse la maison du docteur Kheir, « adossée à la colline ». Ici aussi, on ne frappe pas, ceux qui y sont conviés les jeudi et dimanche soir empruntent allègrement l’incontournable Avenue Paradiso, baptisée ainsi par le maître des lieux. Car c’est à cette adresse que tout se passe, que notre hôte retrouve son bonheur, déposé la veille, après avoir rejoint le vrai monde et les couloirs des hôpitaux où il évolue depuis des années. « Vous voulez voir “ mon cinéma ” d’abord ? » Avant toute explication et pour tout comprendre, suivez donc le guide fier de vous mener droit vers l’essentiel et au cœur même de sa passion. Un rideau jaune en guise de porte vous invite à pénétrer le paradis pas secret de Nabih Kheir, gracieusement mis à la disposition des amis et des cinéphiles depuis le 29 avril 1992. Derrière ce rideau fort hospitalier, un univers bleu en attente s’offre généreusement au visiteur, intitulé « Cinéma Paradiso ». « Quand j’ai vu le film, j’ai décidé de donner ce nom à mon petit cinéma. » Outre les sièges bleus, modernes et confortables, « comme au cinéma », un grand écran et de très bonnes conditions techniques, toute la décoration a été faite par le docteur Kheir, qui précise : « Le plafond est inspiré du cinéma Dunia, les rideaux de ceux du Roxy et la scène, du cinéma Empire. » Sur les murs, des affiches rares de films cultes, Gilda, Citizen Kane, Godfather ou encore Casablanca et surtout, dix commandements « conçus par un ami pour les amis » et dont il faut retenir les suivants : « Tu respecteras ton voisin, tu respecteras les horaires et les jours, tu apprécieras le film qui t’a emporté au pays de tes rêves, tu en entreras avec l’amour dans ton cœur, tu en sortiras avec l’amitié dans ton esprit. » Septième art, septième ciel Alors qu’il tombait en amour pour le cinéma, « je ne ratais aucun film qui passait à la place des Canons », le jeune Nabih est entré au pays de la musique, son autre passion, en formant une troupe de « cinq exécutants dont j’étais le chef » puis en ouvrant avec son frère aîné le premier stéréo club, Harlem, en 1958, à Wadi Chahrour, dans la maison familiale. « Entre 1960 et 1963, poursuit-il, c’était une zone morte », des années difficiles en France, où le jeune étudiant se spécialise en endocrinologie, « je suis ensuite revenu et j’ai repris mon cinéma, cinq à six films par semaine jusqu’en 1975, la guerre et une autre zone morte. En 1978, lorsque la vidéo a fait son apparition, j’ai décidé de commencer une petite collection de films et de films anciens ». Le premier film digne d’en faire partie sera Gilda. « Je l’ai vu pour la première fois à 15 ans, dans un cinéma de montagne. Ce film est complet, il réunit l’amour, la vengeance, la musique, l’espionnage, des acteurs fabuleux et une belle histoire. J’ai dû le revoir quatre à cinq fois la même semaine. » Et plus de cinquante fois à ce jour ! Avec la complicité d’un ami également cinéphile, la collection s’agrandit, pour avoisiner les 6 000 titres, tous vus et revus par notre incorrigible cinéaste. « Y figurent en copies parfaites des films rares, tout ce qui me rappelle les films des années 40 à 60, l’âge d’or du cinéma, les films muets, du premier film de l’histoire du cinéma jusqu’au Seigneur des anneaux. » Et comme une vraie passion ça se partage, le docteur Kheir a débuté dans les années 80 et en comité réduit, six personnes, un mini ciné-club qui s’est officialisé en avril 92, pour réunir dans « son cinéma » les 7 à 77 ans qui aiment, comme lui et à la folie, ce septième art. « Il me fallait un lieu digne de ma collection ; chaque jeudi et dimanche c’est la fête ici, c’est comme un lieu saint. » Et comme un amour, c’est pour la vie, et qu’il est bon d’en parler, il poursuit : « J’ai acquis ma culture par le biais du cinéma. Même la décoration de ma maison est inspirée de films, Les Contes des 1 001 nuits, Le portrait de Dorian Gray, Madame Bovary… Ce moyen de culture m’a beaucoup appris et m’a permis de rêver. » « Avec le cinéma, conclut-il les yeux fixant le septième ciel, j’ai le sentiment de flirter avec la perfection et de toucher au sublime. » Carla HENOUD
La passion du docteur Nabih Kheir a un nom, une adresse, voire un univers et infiniment d’images. En un mot, notre médecin est un fou de cinéma, tellement qu’il se l’est approprié. Pour nous faire « son cinéma » avec un bonheur à chaque fois renouvelé, suivez donc le guide et son rituel. Wadi Chahrour. Quittez la route principale et rejoignez à gauche cette petite ruelle qui mène...