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Actualités - COMMUNICATIONS ET DECLARATIONS

JMG Le Clézio : « Il est temps que les Français deviennent francophones »

Jean-Marie-Gustave Le Clézio fait partie de l’écrin très particulier des écrivains français aussi talentueux qu’inclassables. Depuis le prix Renaudot qu’il a obtenu en 1963 (il avait 23 ans) pour Le Procès-verbal, chacun de ses livres est attendu pour la justesse de leur ton, la teneur des thèmes et la qualité de leur écriture. JMG Le Clézio a cependant le succès discret : il partage sa vie entre Nice et, depuis 1996, Albuquerque, au Nouveau-Mexique et ses apparitions dans le milieu littéraro-mondain sont comptées. De passage à Beyrouth pour rejoindre les autres membres du jury du prix des Cinq continents, il explique à L’Orient-Le Jour son attachement à la francophonie qui l’a décidé, pour la première fois, à se rendre à un Salon du livre, celui de Beyrouth. La capitale libanaise n’est pas, elle non plus, étrangère à ce choix : «Dans les années 60, il y a eu un nombre important de juifs libanais, entre autres, qui sont venus s’installer à Paris, fuyant les premiers accrochages et que j’ai rencontrés au lycée, raconte-t-il. Ils nous racontaient la vie merveilleuse qu’ils avaient délaissée, ce qui m’a marqué autant que la sensation de choc qu’ils avaient tous vécue.» JMG Le Clézio découvre la littérature libanaise, Amine Maalouf en particulier, et se souvient d’une coïncidence étrange survenue à Nice, une journée de l’été 1982 : «La mer était entièrement grise parce que les forêts des alentours avaient pris feu et les cendres s’étaient déposées sur l’eau. Et à peu près au même moment, de l’autre côté, Beyrouth subissait l’invasion israélienne et ses habitants s’en échappaient à bord de bateaux qui les déposaient sur les côtes françaises. Cet événement m’a marqué». Du Liban dont il a suivi l’histoire récente, il a tenu, avant tout autre lieu touristique, à voir Tyr pour son statut de cité maritime et pour son hippodrome où, dans des temps plus sombres, des Palestiniens avaient été séquestrés. Beyrouth ? «Une ville lourde, adulte», qui l’a moins enthousiasmé que Tripoli, «pleine d’enfants, de vieux quartiers, de mouvements.» Le choix délibéré d’une langue non maternelle Quant à la francophonie, «c’est elle qui répare l’égocentrisme de la France, ajoute-t-il en souriant. Il est temps que les Français deviennent francophones et fassent partie de cet espace multiforme qu’elle représente.» C’est donc en francophone convaincu que JMG Le Clézio a accepté, pour la deuxième fois dans son parcours d’écrivain, de participer à un jury littéraire (le premier était celui du prix littéraire mauricien Jean-Fanchette, remis tous les deux ans) : «C’est une lourde responsabilité que de faire partie d’un tel groupe, avoue-t-il, mais qui ne gâche pas le plaisir d’avoir accès à des manuscrits». Pour les 14 lauréats du prix des Cinq continents, cela n’a pas été la cas puisque tous étaient déjà publiés chez de grands éditeurs français. M. Le Clézio, comme ses collègues, a reçu au mois d’août les 14 ouvrages et est arrivé à Beyrouth pour le vote à main levée, quatre jours avant la remise du prix : «Je suis admiratif du choix délibéré que la plupart des auteurs qui composent ce jury ont effectué, à savoir celui d’une langue non maternelle, poursuit-il. Et j’ai été intéressé par les nuances et la profondeur de la pratique de la langue». Un auteur à la curiosité et à la tolérance confondantes, qualités qui sont la chasse réservée des grands talents.
Jean-Marie-Gustave Le Clézio fait partie de l’écrin très particulier des écrivains français aussi talentueux qu’inclassables. Depuis le prix Renaudot qu’il a obtenu en 1963 (il avait 23 ans) pour Le Procès-verbal, chacun de ses livres est attendu pour la justesse de leur ton, la teneur des thèmes et la qualité de leur écriture. JMG Le Clézio a cependant le succès discret : il...