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Actualités - INTERVIEWS

interview - Le porte-parole de l’Église orthodoxe de Jérusalem appelle les institutions chrétiennes du monde à soutenir le peuple palestinien - De 15 % en 1967, les chrétiens en Terre sainte - ne forment plus que 2 % de la population

«Nous ne sommes pas les descendants des Croisés et ce ne sont pas les Occidentaux qui nous ont christianisés à leur arrivée en Orient. Nous n’avons pas été importés en Palestine. Bien au contraire, nous faisons partie de l’histoire de cette terre et de l’histoire de l’Église». Dans une interview à L’Orient-Le Jour, l’archimandrite Atallah Hanna, porte-parole de l’Église grecque-orthodoxe de Jérusalem, ne mâche pas ses mots. La cinquantaine, Mgr Hanna est originaire d’un village du nord de la Palestine, région connue pour avoir été à un moment de l’histoire le fief des chrétiens de la région. Imposant, audacieux, presque révolutionnaire, le porte-parole de l’Église orthodoxe de Jérusalem, qui était l’un des grands amis du négociateur palestinien Fayçal Husseini, soutient avec acharnement l’intifada d’al-Aqsa, «qui est l’affaire de tous les Palestiniens, chrétiens et musulmans», souligne-t-il. Mais l’intifada, action de résistance, est aussi une souffrance vécue au quotidien. Mgr Hanna indique à ce sujet que «le peuple palestinien vit actuellement une situation tragique. Le bouclage des Territoires ne touche pas uniquement les êtres humains, mais aussi les biens de consommation, notamment la nourriture». «Se déplacer d’une localité à l’autre relève de la pure aventure», poursuit-il. Mais pour ce prélat en qui coule le sang de la résistance, «l’intifada n’est pas un but en soi, c’est une manière de résister à l’occupation, et la résistance est un droit». Et de souligner que «l’occupation israélienne ne fait pas la différence entre une église et une mosquée ». Tant que le peuple palestinien est privé de ses droits, les Israéliens ne se sentiront pas en sécurité», assure-t-il. Qualifiant la vie au quotidien à Jérusalem et dans les territoires autonomes de «catastrophique», le porte-parole de l’Église grecque-orthodoxe de Jérusalem s’interroge : «Où sont passées les ligues et les organisations qui protègent les droits de l’homme, quand les droits les plus élémentaires sont violés au quotidien, notamment le droit de se rendre à son lieu de travail ou à son lieu de culte ?». «Les Palestiniens de Ramallah, de Beit Jala, de Beit Séhour et de toutes les autres localités palestiniennes sont interdits d’entrer à Jérusalem, comme si la Ville sainte était l’exclusivité des juifs, dénonce-t-il. Et il est plus facile aux étrangers – qui viennent des États-Unis, d’Australie, et d’Europe – d’y arriver». Et Mgr Hanna de lancer un «appel aux Nations unies, et à toutes les consciences vives, aux ligues des droits de l’homme et aux autorités religieuses chrétiennes, dans le monde entier, à soutenir le peuple palestinien». Les autorités religieuses chrétiennes ne soutiennent-elles pas le peuple palestinien ? «Elles le font certes ; il existe à Jérusalem des organisations financées sur le plan international par des institutions chrétiennes qui offrent leur aide en matière de santé et d’éducation». Le prélat rappelle dans ce cadre «la position prise par le patriarche orthodoxe de Moscou, qui a refusé de recevoir le Premier ministre israélien en visite en Russie». « Les immixtions israéliennes » Les hommes de religion subissent-ils des pressions s’ils encouragent l’intifada ? Mgr Hanna est agacé par la question : «Nous n’encourageons pas l’intifada et nous ne sommes pas solidaires de l’intifada, nous faisons partie de l’intifada, nous sommes l’intifada», clame-t-il. Et à ceux qui voudraient faire la différence entre les chrétiens et les musulmans qui vivent en Terre sainte, il déclare : «Nous ne sommes pas solidaires du peuple palestinien, nous formons une partie du peuple palestinien, et nous ferons échec à toutes les tentatives douteuses, israéliennes ou occidentales, de déraciner les chrétiens de leur terre arabe». «Les chrétiens et leurs églises dérangent Israël. Il veut les pousser à l’exode», souligne le porte-parole de l’Église grecque-orthodoxe de Jérusalem. De plus, selon lui, «les ambassades des pays occidentaux encouragent ces départs massifs ; elles offrent des facilités pour l’octroi de visas d’émigration». Et le prélat de préciser, comme s’il se rendait à l’évidence : «Oui, Israël a réussi à réduire le nombre des chrétiens en Terre sainte. Nous formions 15 % de la population en 1967, nous ne sommes plus que 2 % de Palestiniens chrétiens à vivre à Jérusalem et dans les territoires occupés». Que fait l’Église dans ce cas ? «Elle vit au quotidien les malheurs du peuple palestinien, elle essaie, suivant les moyens mis à sa disposition, d’aider», dit-il, en relevant «qu’Israël agresse l’Église». Il cite un exemple : «Dernièrement, les Israéliens ont essayé d’intervenir dans l’élection du nouveau patriarche orthodoxe, mais nous avons réussi à faire échec à leur tentative ; nous avons élu la personne adéquate – de notre choix – qui sera sacrée patriarche le 15 septembre». «Les Israéliens tiennent à intervenir dans les affaires internes de l’Église», indique-t-il, en expliquant «qu’ils exercent diverses pressions sur l’Église à Jérusalem afin qu’elle prenne des positions moins bienveillantes envers les causes arabes». «Mais ils échoueront toujours car l’Église en Palestine fait partie de la civilisation, de l’histoire et de l’identité du pays», relève-t-il. Pour Mgr Hanna, «le sionisme est l’ennemi du christianisme : il déforme le contenu de certains versets de la Bible». «Les Israéliens devraient faire la différence entre la Terre promise et la Déclaration Balfour. Ils devraient réaliser qu’ils ont occupé notre terre grâce à cette promesse et non grâce à une promesse divine», souligne-t-il en conclusion
«Nous ne sommes pas les descendants des Croisés et ce ne sont pas les Occidentaux qui nous ont christianisés à leur arrivée en Orient. Nous n’avons pas été importés en Palestine. Bien au contraire, nous faisons partie de l’histoire de cette terre et de l’histoire de l’Église». Dans une interview à L’Orient-Le Jour, l’archimandrite Atallah Hanna, porte-parole de...