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Actualités - CHRONOLOGIES

COMMERCE - Inauguration de la 2e foire des produits irakiens à Beyrouth - Fleyhane : « Il n’y a plus d’obstacles - à la signature d’un protocole avec Bagdad »

Le ministre de l’Économie et du Commerce, Bassel Fleyhane, a annoncé hier que les gouvernements libanais et irakien s’étaient mis d’accord sur le texte d’un protocole pour la création d’une zone de libre-échange entre les deux pays. «Nous sommes d’accord sur tous les points du texte», a-t-il dit. «Il n’y a plus d’obstacles à la signature d’un protocole avec Bagdad, il nous reste juste à mettre au point les derniers détails diplomatiques pour organiser la signature», a poursuivi le ministre à l’occasion de l’inauguration, hier, de la deuxième foire des produits irakiens au Liban. Organisée jusqu’au 28 juillet au Beirut Hall, à Sin el-Fil, par Imaco (International Marketing Company), la foire est destinée à présenter au public libanais quelques-unes des productions irakiennes, ou du moins celles qui ont réussi à survivre malgré plus de dix ans d’embargo. Tapis, peintures et douceurs irakiennes tiennent notamment la vedette de l’exposition. L’objectif est surtout de manifester au peuple irakien le soutien des Libanais, a expliqué Farès Saad, président d’Imaco. Au-delà de la solidarité qu’éprouvent les Libanais envers les Irakiens, ce sont aussi des intérêts économiques bien réels qui les poussent à participer à l’événement. Les principaux représentants du secteur privé avaient fait le déplacement hier, pour l’inauguration de la foire. Jacques Sarraf, président de l’Association des industriels, Nadim Assi, président de l’Association des commerçants, Mohammad Lamaa, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie (qui représentait le président de la CCIB, Adnan Kassar), ont tous insisté sur l’importance pour le Liban des relations commerciales avec l’Irak qui constituait avant-guerre le principal débouché des exportations libanaises. C’est fort de cette histoire commune que le secteur privé a tenté dès 1997 d’ouvrir à nouveau les portes du marché irakien à une époque où Bagdad était encore boycotté par l’ensemble des pays arabes. Mais depuis, tous ou presque ont signé des accords de libre-échange avec l’Irak, qui réussit par ce moyen à contourner l’embargo qui lui est imposé depuis 1990, alors que le Liban attend toujours une part du gâteau. «Nous avons exporté pour 400 millions de dollars vers l’Irak au cours des quatre dernières années, c’est beaucoup au regard de l’ensemble des exportations libanaises, mais c’est très peu par rapport à nos ambitions», a déclaré Jacques Sarraf. Un potentiel énorme Il suffit, pour en juger, d’observer les entreprises libanaises qui ont réussi à percer sur le marché irakien. L’assembleur de moteurs Ghaddar en est un exemple. Poussée par les débouchés irakiens, l’activité de la société a presque doublé en trois ans : son chiffre d’affaires est passé de 12 millions de dollars à 22 millions de dollars. Sur les 12 millions, 20 % étaient destinés à l’exportation, contre une part de 60 % trois ans plus tard, explique Mohammad Ghaddar. «L’Irak représente 40 % de nos exportations. Pour satisfaire cette demande, nous avons déjà réalisé des investissements pour 1,5 million de dollars et nous prévoyons 750 000 à un million de dollars d’investissements supplémentaires pour nous tourner vers d’autres marchés, américains et européens notamment». L’importance du marché irakien n’est plus à démontrer, que ce soit pour Ghaddar ou pour d’autres. Mais les Libanais sont désormais confrontés à une concurrence de plus en plus sévère, puisqu’ils ne peuvent commercialiser leurs produits que dans le cadre du protocole de l’Onu, pétrole contre nourriture, tandis que les pays qui ont signé des accords bilatéraux disposent de conditions beaucoup plus favorables. Le protocole consiste en effet à payer le pétrole irakien avec des marchandises libanaises (moyennant une remise de 20 %). Dans ces conditions, la concurrence s’exerce seulement entre Libanais, ce qui représente un avantage indiscutable dans un pays qui souffre de retards de compétitivité. Tous appellent donc le protocole de leurs vœux. Bien qu’encourageants, les propos du ministre ne rassurent toutefois pas tout le monde. «Je ne suis pas sûr du tout que Taha Yassine Ramadan, le vice-président irakien, viendra de sitôt signer un protocole avec le Liban», dit un fin connaisseur du dossier. Bagdad attend des engagements fermes de la part de Beyrouth, poursuit-il. Aucun ministre ne s’est rendu au Liban pour l’inauguration de la foire. Le ministre de l’Économie et du commerce Mohammad Mehdi Saleh était attendu, et était censé effectuer cette visite en transit sur son chemin vers la Libye. Le voyage libyen ayant été annulé, le ministre ne s’est pas déplacé, a expliqué l’ambassadeur à Beyrouth, Nabil al-Janabi. Comment comprendre les hésitations du Liban si ce n’est par les «calculs politiques auxquels Beyrouth est en permanence contraint», interroge un industriel. Les autorités libanaises ont choisi de ne pas contrarier les Nations unies de peur de déclencher des mesures de représailles. La compagnie cargo libanaise TMA en fait l’expérience toutes les semaines. Pour chacun de ses vols, programmés tous les mardis, elle est obligée de demander l’autorisation de décollage à l’Onu. «C’est la décision des autorités libanaises», explique son président Fadi Saab. D’autres pays estiment que les sanctions imposées à l’Irak ne s’appliquent pas aux vols commerciaux (ils font valoir qu’il n’y a pas de différence entre un transport terrestre, maritime ou aérien pour les marchandises) et effectuent des liaisons aériennes avec Bagdad sans demander d’autorisation préalable. «Pour l’instant nous ne transportons pas plus de cinq tonnes à chaque fois, mais nous maintenons cette ligne dans l’espoir d’augmenter le volume d’ici peu», poursuit M. Saab.
Le ministre de l’Économie et du Commerce, Bassel Fleyhane, a annoncé hier que les gouvernements libanais et irakien s’étaient mis d’accord sur le texte d’un protocole pour la création d’une zone de libre-échange entre les deux pays. «Nous sommes d’accord sur tous les points du texte», a-t-il dit. «Il n’y a plus d’obstacles à la signature d’un protocole avec Bagdad, il...