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Actualités - CHRONOLOGIES

Syrie - Bachar el-Assad donne le ton, Jean-Paul II la réplique - D’emblée, la visite du pape - placée sur le terrain politique

Le conflit du Proche-Orient a brutalement surgi dans l’étape syrienne de la tournée pastorale de Jean-Paul II. C’est le président syrien Bachar el-Assad qui, d’emblée, a placé son intervention sur ce terrain. Le pape lui a donné la réplique. Dans un sens plutôt favorable à la Syrie. Une visite historique, pastorale aussi sur les traces de saint Paul, mais qui, dès le départ, a pris une tournure politique. C’est Bachar el-Assad qui en a donné le ton : Jean-Paul II doit soutenir les Arabes contre Israël. Dans un discours de bienvenue, prononcé en arabe et traduit au fur et à mesure en anglais, il n’a pas mâché ses mots et dénoncé d’emblée l’«oppression» israélienne. Manifestement, le jeune président syrien voulait s’écarter des généralités diplomatiques. Se plaçant dans une optique régionale, il a évoqué le Golan syrien bien sûr, mais aussi les souffrances des Palestiniens et des Libanais. «Nous sentons que, dans vos prières, vous allez vous rappeler qu’il y a des peuples, au Liban, dans le Golan et en Palestine, qui souffrent et qui sont opprimés. Nous nous attendons à ce que vous les souteniez contre l’oppression, pour qu’ils recouvrent ce qui leur a été injustement volé», a affirmé le chef de l’État syrien. «La justice signifie le recouvrement des droits et des territoires de la Syrie, de la Palestine et du Liban par leurs habitants, et le retour des réfugiés palestiniens sur leur terre», a-t-il poursuivi. Malgré la précision de ses attaques, Bachar el-Assad n’a nommé Israël à aucun moment, se contentant de dénoncer les «parties qui font souffrir et assassinent nos frères en Palestine et qui violent la justice en spoliant et occupant des territoires au Liban, au Golan et en Palestine». Il a réaffirmé la volonté de son pays d’une «paix juste et durable, qui restituera la terre, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu» sur le conflit israélo-arabe. Le président syrien n’a pas manqué de rappeler à son hôte que «le christianisme s’était propagé dans le monde à partir de la Syrie, à travers l’apôtre Paul», affirmant que son pays avait donné «huit papes au Vatican» depuis 2 000 ans et que «trois Églises d’Orient (grecque-catholique, grecque-orthodoxe et syriaque-orthodoxe) ont leur patriarcat à Damas». Bachar el-Assad a fini sur une phrase lourde de sens : «Israël veut assassiner les principes de toutes les religions, tout comme les juifs avaient trahi Jésus et essayé de tuer le prophète Mahomet». Les idées-forces de Damas Abandonnant lui aussi les termes généraux, Jean-Paul II a plaidé pour une «paix juste et globale au Proche-Orient, le droit des peuples de la région à disposer de leur avenir et le respect des résolutions de l’Onu». Un message de paix qui a de grandes chances de rester sans écho. Il a aussi dénoncé l’acquisition de territoires par la force, rejoignant en cela, et à la plus grande satisfaction du chef de l’État syrien, les principales idées-forces de la diplomatie de Damas. «Nous savons que la paix véritable ne peut être atteinte sans une attitude nouvelle de compréhension et de respect entre les peuples de cette région, entre les fidèles des trois religions liées à Abraham», a dit le souverain pontife, qui semblait soudain revigoré par l’accueil chaleureux préparé par les autorités syriennes. «Il est temps de retourner aux principes de la légalité internationale : interdiction de l’acquisition des territoires par la force, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, respect des résolutions de l’Organisation des Nations unies et des conventions de Genève», a-t-il affirmé. S’adressant à Bachar el-Assad, Jean-Paul II s’est enfin félicité qu’il ait «sagement confirmé qu’une paix juste et globale est dans l’intérêt même de la Syrie». Pour cette première journée syrienne de Jean-Paul II, la politique a donc pris le pas sur le caractère pastoral de la visite. Mais pouvait-il en être autrement chez un homme qui n’avait pas hésité, il y a une vingtaine d’année, à soutenir la révolte des chantiers navals polonais.
Le conflit du Proche-Orient a brutalement surgi dans l’étape syrienne de la tournée pastorale de Jean-Paul II. C’est le président syrien Bachar el-Assad qui, d’emblée, a placé son intervention sur ce terrain. Le pape lui a donné la réplique. Dans un sens plutôt favorable à la Syrie. Une visite historique, pastorale aussi sur les traces de saint Paul, mais qui, dès le...