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Actualités - REPORTAGES

PATRIMOINE - Un exemple à suivre - Le vieux souk de Choueifat revit grâce à un festival

Au cours des dernières années, et dans de multiples villes et villages du Liban, la restauration et la réhabilitation des vieux souks sont devenues une pratique courante. En effet, plusieurs municipalités et organisations non gouvernementales se sont mises à cette forme de la promotion du patrimoine historique et architectural d’une région. Ce scénario se répète à Choueifat depuis quelques mois. Le conseil municipal de cette ville, dont la superficie dépasse celle de la capitale, met les vieilles ruelles et les anciens ateliers artisanaux en relief en les aménageant et en créant des activités. Au cours de l’été passé, le festival du vieux souk a attiré plus de 25 000 visiteurs en l’espace de trois jours. Les souks de Choueifat sont, du point de vue de l’aménagement urbain, très particuliers. Ils s’étalent en fait dans une forme semi-circulaire avec des ruelles et des escaliers reliant l’ensemble des magasins. Ainsi, après avoir effectué le tour des ruelles, on retourne au point de départ. Des maisons à cour à ciel ouvert sont construites, derrière les étroites échoppes. Les arbres et les fleurs plantés dans leurs patios égaient énormément ces anciennes demeures. Et si, aujourd’hui, elles n’ont plus un aspect délabré, c’est bien grâce aux efforts déployés par les membres du conseil municipal. «Deux semaines durant, nos ouvriers ont travaillé à nettoyer le vieux Choueifat et à préparer les ruelles pour le festival, explique M. Elias Karam, responsable des médias au conseil municipal de cette ville. Et l’opération était coûteuse, la municipalité a investi 20 000$ pour réhabiliter les vieux quartiers. Mais l’objectif a été atteint, «ces ruelles ont revécu au cours des journées et des nuits du festival», poursuit-il. Des artisans de tout le Liban s’y sont donné rendez-vous et chacun a étalé ses produits dans un des magasins centenaires ou sur un stand monté dans la ruelle. Les gens affluaient, ils avaient hâte de voir tous ces objets traditionnels», note l’organisateur du festival. Toujours dans l’objectif de faire participer tout le monde à cette festivité tout en la modernisant, de jeunes talents ont été invités à décorer les ruelles. Certains d’entre eux ont alors utilisé la technique du trompe-l’œil, pour cacher l’état délabré de quelques murs, en dessinant dessus des blocs de pierre, des bouquets de fleurs ou des représentations d’un groupe des filles en habits traditionnels puisant l’eau de la source. Et les nuits du festival étaient animées par une organisation non gouvernementale culturelle de Choueifat qui avait monté des pièces de théâtres et des danses folkloriques. Des forêts d’oliviers Le souk de Choueifat qui date de la fin du XIXe siècle illustre une partie du passé de ce grand bourg situé à mi-chemin entre Beyrouth et Saïda. En fait, son nom même est puisé d’une réalité géographique. «Choueifat signifie colline en syriaque, et notre ville s’étend de la mer aux trois collines, al-Amroussieh, al-Oumara et al-Kouba, situées à proximité», note M. Karam. Et il assure que, selon certaines références historiques, Choueifat est vieille de plus de huit siècles. «Elle était le lieu de séjour des émirs Arslane au XIIe siècle, mais elle n’a connu la gloire qu’à partir du XVIIe siècle, suite à la culture des oliviers», continue-t-il. En fait, la grande production d’huiles d’olives et de savons était à l’origine de la renommée du village, à l’échelle nationale et régionale. D’ailleurs, les commerçants d’Alep venaient s’y approvisionner tous les ans. De plus, architecturalement parlant, cette production industrielle d’olives est attestée par le nombre impressionnant de presses à huile. Leurs bâtiments, encore imposants, abritent toujours les meules des pressoirs à huile qui étaient tractées par des ânes pour écraser les olives. Ces «fabriques» sont édifiées toutes entre les maisons du village et les magasins, de telle sorte que Choueifat tout entier devait sentir l’huile pressée durant la saison de la cueillette. Au XIXe siècle, cette ville est devenue le siège du tribunal ottoman de Aley. Le grand bâtiment construit à l’époque est sauvegardé, il trône à l’entrée de la vieille ville et surplombe les souks. Il compte en fait parmi les plus beaux édifices de la région. «Dans le futur, nous comptons réaménager et restaurer cette demeure et tout le vieux souk», souligne M. Karam. Nous espérons en fait pouvoir le faire revivre d’une façon continue afin que ces vestiges du patrimoine ne soient pas animés uniquement quelques jours de l’an, continue-t-il. Mais, pour cela, il faut réaliser des études sur les méthodes de l’aménagement de l’espace et les techniques à suivre dans la restauration de la pierre. Et ces études doivent être menées à long terme pour éliminer tout risque de la perte de l’identité de la ville. Car ces ruelles, escaliers et échoppes ont un charme particulier et un intérêt historique qui leur est propre. Ainsi, si la restauration est bien faite, les gens du village pourront s’approprier ce patrimoine qui sera aussi rentable grâce au tourisme culturel. La vie du vieux Choueifat ne dépendra pas alors de la durée d’un festival.
Au cours des dernières années, et dans de multiples villes et villages du Liban, la restauration et la réhabilitation des vieux souks sont devenues une pratique courante. En effet, plusieurs municipalités et organisations non gouvernementales se sont mises à cette forme de la promotion du patrimoine historique et architectural d’une région. Ce scénario se répète à Choueifat depuis...