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Actualités - BIOGRAPHIES

Néda Wardé Guy - et « le temps des cathédrales »

éda a toujours eu une fascination pour les matières, à toucher, sentir, créer, reproduire. Son premier «contact physique» avec les tissus a sans doute eu lieu très tôt, un patrimoine familial, une ambiance dans laquelle elle grandit avec bonheur. Après avoir débuté dans l’architecture d’intérieur, transité quelques années dans l’entreprise Wardé, puis atterri au Canada, où elle collabore dans une revue de décoration en tant que styliste, Néda rejoint Paris et décide d’y suivre une formation intensive d’un an en «peinture décorative». «C’est un travail manuel, et en fait ce que j’ai toujours voulu faire. J’aime travailler avec mes mains, c’est ainsi qu’on voit les choses se construire. Les belles choses se touchent, se créent, se fabriquent. J’avais surtout besoin de m’exprimer quelque part, mettre mes mains dans la matière». Des mains qu’elle a pourtant et heureusement bien fines et qui réussissent à créer des effets de matières, s’immiscant dans les plus petits recoins afin d’y glisser des motifs, des effets ou encore de la feuille d’or, sa matière de prédilection. «La peinture décorative, poursuit-elle, permet des effets de la matière, peu importe le support. Des effets de patines, tout genre de patine, des décors ornementaux, des trompe l’œil et bien sûr la dorure à l’ancienne». Le mot magique est lancé. Et Néda sourit, timidement mais sûrement. «Ce sont des métiers qui se perdent, car ils demandent beaucoup de temps et de minutie et coûtent beaucoup plus cher. J’aime travailler avec des gens qui connaissent la valeur de ces choses, de la matière et du patrimoine». En 1994, elle retrouve le pays et prend des projets personnels, «des petits chantiers et des maisons particulières, des restaurations de peintures décoratives», et enfin des meubles, des objets, qu’elle récupère, remet à neuf et habille. «J’ai toujours choisi de travailler seule». Le seul projet qu’elle entreprendra en équipe sera celui de la cathédrale Saint-Georges. «J’avais un cahier des charges et des conditions assez strictes ; pour un projet aussi professionnel, il me fallait une équipe de 10 personnes monopolisées à plein temps». Vu d’en bas En mai 1999, Néda est donc contactée par l’architecte Pierre el-Khoury, en charge du projet. Sa mission, refaire le plafond de la cathédrale à la feuille d’or, en s’inspirant – à la demande de M. el-Khoury qui a lui-même choisi le dessin – du plafond de la cathédrale Sainte-Marie-Majeur de Rome. En collaboration avec Nada el-Khoury, chargée de l’aspect administratif du projet, Néda se met au travail – monumental –, un plafond de 18 mètres de haut par 600 mètres carrés environ, entièrement ravagé par les affres de la guerre. «Le plus dur était sans doute de travailler sur des éléments à 30 centimètres, alors qu’ils allaient former un tout, vu de très bas. Nous avions fait de nombreux essais, à l’horizontal et jamais posés si haut !». Le travail de Néda et son équipe va nécessiter trois mois de travail intensif, en atelier ; au total, 192 caissons, 400 rosaces et quelque 500 feuillures entourant le bois seront executés à la feuille ou la poudre d’or. «Le travail a été fait comme s’il devait être vu à 30 centimètres. Je suis très satisfaite du résultat, même si tous les détails ne sont pas vus de si loin. Je sais le travail que j’ai fait !». Un travail impressionnant et qui donne au «ciel» de la cathédrale un relief particulier et à Néda des ailes pour l’atteindre. «C’était également un travail physique assez contraignant. Transporter et travailler les éléments n’a pas toujours été facile». Le plafond sera achevé le 30 septembre 1999, à bout de bras, de mains, d’yeux ; reste une envie, «j’aurais aimé avoir plus de temps pour fignoler certains détails dans les ornements», et une autre, sans doute logique, «restaurer les murs de certains endroits afin de véritablement sauver le patrimoine», et laisser à l’avenir incertain la trace d’un passé qui nous manque.
éda a toujours eu une fascination pour les matières, à toucher, sentir, créer, reproduire. Son premier «contact physique» avec les tissus a sans doute eu lieu très tôt, un patrimoine familial, une ambiance dans laquelle elle grandit avec bonheur. Après avoir débuté dans l’architecture d’intérieur, transité quelques années dans l’entreprise Wardé, puis atterri au Canada, où...