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Actualités - REPORTAGES

Associations - Collaboration entre les spéléologues et l’armée libanaise - Une équipe de spéléo-secours - désormais à pied d’œuvre

Le monde souterrain est source de curiosité et d’imagination depuis l’aube des temps. Tous les mythes parlent de ces grottes habitées par les démons. Mais on ne croit plus en ces légendes, car la spéléologie a détruit ce rêve. Depuis le début du XXe siècle, les études concernant le sous-sol se poursuivent. Petit à petit, grottes et gouffres ont livré tous leurs secrets. Les spéléologues découvrent les recoins les plus mystérieux du ventre de la terre et leur travail est si développé qu’un secourisme particulier a été créé à leur intention. Il s’agit du spéléo-secours, qui consiste à sauver la personne en détresse du fond de la grotte ou du gouffre sans qu’elle soit mise en danger. Au Liban, en 1999, l’Association libanaise d’études spéléologiques (ALES) a lancé un stage de spéléo-secours à l’échelle nationale, stage auquel ont été conviés tous les clubs spéléologiques du pays. Une équipe a été formée, et un suivi mensuel de son entraînement est assuré. Sa première opération a eu lieu dans la nuit de la Saint-Sylvestre. La chambre des opérations de l’armée libanaise a contacté des membres de l’ALES spécialistes en spéléo-secours pour la récupération d’un squelette découvert dans une grotte à Qelhat-Balamand. Huit spéléologues membres du club ont été dépêchés sur les lieux. Deux éclaireurs, dont l’un est archéologue, se sont enfoncés dans l’étroit boyau du gouffre. «Si notre premier éclaireur était archéologue, c’est dans un objectif bien précis : prélever le squelette sans l’endommager, car nous ne savions pas de quelle époque il datait. Il ne fallait pas prendre le risque de perdre des informations concernant le squelette», explique Badr Jabbour-Gédéon, présidente de l’ALES. Mais au fond du gouffre, l’équipe a réalisé que les ossements appartenaient à un adulte mort récemment. «Un passeport libanais, ainsi que des semelles, une ceinture et des boutons se trouvaient à proximité du squelette», souligne M Fadi Beaïno, archéologue-spéléologue membre du club. Et comme pour éterniser l’heure de la mort, les aiguilles de la montre repérée à côté des ossements marquaient 10h30 du 21 d’un mois quelconque. Une première Des méthodes scientifiques ont été appliquées pour la récupération de ce squelette. «Une documentation photographique et topographique détaillée des lieux et des restes humains disloqués a été réalisée. Nous avons prélevé les ossements en évitant de les effriter», explique M Beaïno. «Ensuite nous les avons remis aux Forces de l’ordre, et le médecin légiste les a examinés», poursuit-il. Selon le rapport du médecin légiste, le squelette appartient à un individu dans la trentaine, décédé depuis plus de cinq ans. Toutefois, ce n’est pas la découverte du squelette qui marque «l’événement» mais la méthode de sa récupération. C’est une première au Liban qu’un club spéléologique retire des ossements d’un gouffre suite à la demande de l’armée. «Après le stage de spéléo-secours effectué en été 1999, nous nous sommes entendu avec l’armée libanaise, la Défense civile et la Croix-Rouge pour assurer les secours dans le sous-sol libanais. C’est notre première opération avec eux», souligne Mme Gédéon. Il est important de préciser que cette «première» a été réalisée d’une façon méticuleuse, ce qui a permis d’émettre des hypothèses sur les causes de la présence de ces ossements dans un gouffre. Ce dernier a cinq mètres de profondeur et est constitué à sa base d’une salle rectangulaire. Le squelette gisait, complètement disloqué, sur un éboulis. Quoique le crâne se trouvait à une cinquantaine de centimètres des restes du corps, aucune fracture n’a été constatée. «Il se peut que cet adulte ait été tué et jeté par la suite dans la cavité, note M. Beaïno. Ses ossements se trouvent, en effet, dans l’axe vertical de l’unique entrée, par ailleurs fort étroite, du gouffre. Par conséquent, cet homme n’a pas bougé. Or, nombreux sont les squelettes découverts dans les gouffres et ils sont en majorité adossés à la paroi ou du moins loin des entrées». Si aujourd’hui le squelette a été enterré dans une tombe collective et que l’affaire est considérée close par l’État libanais, il n’en est pas de même pour les membres de l’équipe du spéléo-secours. Cette première expérience de récupération est minutieusement étudiée. Pour eux, il s’agit d’une mission à portée scientifique. Un rapport sur les méthodes de travail dans le gouffre, incluant les photos des ossements, est actuellement préparé par les membres de l’équipe. Le résultat de leur travail sera soumis aux autorités concernées et publié dans le bulletin annuel Spéléorient.
Le monde souterrain est source de curiosité et d’imagination depuis l’aube des temps. Tous les mythes parlent de ces grottes habitées par les démons. Mais on ne croit plus en ces légendes, car la spéléologie a détruit ce rêve. Depuis le début du XXe siècle, les études concernant le sous-sol se poursuivent. Petit à petit, grottes et gouffres ont livré tous leurs secrets. Les...