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Actualités - ANALYSE

LOI ÉLECTORALE - La campagne démarrerait huit mois avant l'échéance constitutionnelle Le mohafazat a le vent en poupe

Nombre d’observateurs estiment que la nouvelle loi électorale sera au centre des préoccupations de l’Assemblée nationale dès l’ouverture de la session ordinaire, au mois d’octobre prochain. Ces mêmes milieux prévoient à cette occasion une exacerbation des différends et des divisions entre les divers courants politiques au moment où le pays doit resserrer les rangs en vue d’une relance du processus de paix dans la région. En octobre, le gouvernement aura sans doute fait la synthèse de tous les projets de loi qui ont été présentés à la commission ministérielle chargée du dossier. Si le projet définitif est approuvé par la Chambre, la campagne électorale pourrait ainsi démarrer huit mois avant l’échéance constitutionnelle. Le président de la République, le général Émile Lahoud, s’attend naturellement à l’élaboration d’un projet de loi électorale équitable garantissant la liberté de l’électeur et l’intégrité du scrutin. Si ces conditions ne sont pas assurées, le chef de l’État n’hésiterait pas, selon ses proches, à émettre des idées susceptibles de rectifier le tir, concernant en particulier le découpage des circonscriptions. Nul ne doit être privilégié dans ce cadre. Le général Lahoud l’a déjà dit et redit à maintes reprises. En d’autres termes, il suffit qu’un seul mohafazat soit divisé en deux pour que tous les autres le soient aussi, y compris celui de Beyrouth. Dans ce contexte, contrairement aux mohafazats du Mont-Liban, du Nord et de la Békaa, ceux du Sud et la capitale poseraient problème. De fait, les leaderships de Beyrouth sont unanimes à rejeter un découpage de la capitale en deux ou plusieurs circonscriptions. Tel est l’avis de l’ancien chef du gouvernement Rafic Hariri, du Premier ministre Sélim Hoss, du député Tammam Salam et du ministre Mohammed Youssef Beydoun. Ce dernier rappelle ainsi que la circonscription unique a toujours été adoptée à Beyrouth depuis l’indépendance jusqu’à l’accession de Camille Chamoun à la tête de l’État. Avec le président Chamoun, c’est le principe de la petite circonscription qui a prévalu, non seulement à Beyrouth mais aussi dans toutes les autres régions du Liban. Cette politique a naturellement alimenté les tendances confessionnelles dans le pays. M. Beydoun se souvient ensuite qu’à Taëf, en 1989, les députés ont tous estimé que le mohafazat constituait la meilleure formule du moment. Et d’ajouter : «Je ne cèderai jamais sur le principe de la circonscription unique à Beyrouth». Selon lui, la représentation ne serait nullement faussée dans un tel cas de figure. Il en veut pour preuve les municipales qui avaient eu lieu l’an dernier dans la capitale. Il considère ainsi que l’équilibre confessionnel avait été préservé malgré l’adoption de la circonscription unique. Pour le président de l’Assemblée nationale, Nabih Berry, ce qui vaut pour Beyrouth vaut à plus forte raison pour le Sud dans la mesure où une partie de ce mohafazat reste occupée par Israël. Le chef du Parlement lie ainsi le découpage du Sud à celui de la capitale. En fait, les observateurs susmentionnés estiment que la formule la plus acceptable pour la majorité des factions serait celle du mohafazat. Seul le député Walid Joumblatt serait de toute évidence lésé par l’application d’une telle loi. Mais son cas n’est pas vraiment problématique dans la mesure où il sera toujours possible de constituer – en accord avec lui et avec les autres pôles de la montagne – une liste préservant sa part. De toute évidence, les ténors de la scène politique locale verraient donc d’un bon œil un découpage électoral basé sur la circonscription du mohafazat. Une telle formule permettrait en effet d’intégrer aux listes fortes des candidats faibles qui leur seraient pratiquement soumis. Dans ce cas, il sera inutile de former un gouvernement neutre, le rôle du Cabinet se limitant du coup à garantir les moyens logistiques de l’opération électorale. De fait, l’adoption du mohafazat permettrait de connaître les résultats du scrutin à l’avance dès la constitution des listes dans laquelle interviennent les parties influentes aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Liban.
Nombre d’observateurs estiment que la nouvelle loi électorale sera au centre des préoccupations de l’Assemblée nationale dès l’ouverture de la session ordinaire, au mois d’octobre prochain. Ces mêmes milieux prévoient à cette occasion une exacerbation des différends et des divisions entre les divers courants politiques au moment où le pays doit resserrer les rangs en...