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Actualités - OPINION

A bout portant Le crime fondateur

– Toute guerre inévitable est juste. Bonaparte. – On n’a rien fondé que par le sabre. Napoléon. Bonjour. Dans les supermarchés c’est la valse des étiquettes. Mais même les petites bonnes qui font si joliment valser l’anse du panier, ne parlent que du Kosovo. Un conflit confus. Presque toutes les conversations commencent par : est-ce que les Américains ont le droit de frapper comme ils le font ? Le droit, la morale, l’humanitaire, la politique, au centre de discussions passionnées. Chez nous comme partout. Parce que tout le monde se sent obscurément menacé. Strasbourg, dimanche dernier. La marche pascale annuelle pour la paix. Une pancarte simple. Trois traits de craie sur ardoise : 1914-1918. 1939-1945. 1999- ? Deux guerres mondiales durant ce siècle qui meurt. Et le cœur de l’Europe chaque fois au centre du déluge de fer, de feu et de sang. Cinquante-quatre ans après la fin de la der des der, huit ans après l’effondrement du système bipolaire coïncidant avec l’avènement du virtuel et de l’internet, nous voici en pleine refondation. C’est de cela qu’il s’agit. De structuration d’un système ou si l’on préfère user de termes dépassés, d’un empire et d’un ordre nouveaux. La forêt de violences cache un peu trop l’arbre central. Qui a pour nom-clé Contrôle, dans le code génétique en train de se mettre en place. Et pour sous-nom Remote-control. En gestation, quand on passe au mode enfantement, tout doit s’asservir à l’éclosion de la vie nouvelle. Le droit, la morale, la politique, la guerre, la paix, l’humanitaire, tous ces paramètres conventionnels variables, se retrouvent sur la touche durant toute phase fondatrice. Il n’est d’ailleurs pas sûr que par la suite ils gardent le même sens, le même contenu. Ce qui compte, qui conditionne tout, c’est la configuration d’un système. Qui se met en place à l’aide d’un plan assisté par ordinateurs. Ce que l’on voit donc en action c’est une Amérique volontariste. Qui tenant désormais seule la balance, réalise que la stabilité, et la sécurité se trouvent le plus dangereusement menacées par un fléau central appelé Europe. Le défi est dès lors simple et décisif pour les Américains. Comme un maître de classe en début d’année, ils doivent imposer à tous leur autorité dans le seul domaine où il ne peut y avoir qu’un décideur, la sécurité-stabilité. Ils pensent à tort ou à raison, être qualifiés pour assumer comme ils disent un leadership mondial. Encore une expression obsolète, car le computer n’admet que le mot de passe Contrôle. Les Américains s’installent donc résolument au dispatching. Leurs atouts : la suprématie militaire et une avance difficilement rattrapable tant sur le plan technologique que sur celui de la prospective. C’est-à-dire de la pensée projetée en avant. Leurs motivations : l’incapacité avouée de l’Europe à garantir sa propre paix, élément qui explique d’ailleurs l’existence même de l’Otan. Et la volonté paradoxale d’imposer, au besoin par la force, la démocratie. D’où trois conclusions : – Mis à part l’impératif de laisser la sécurité-stabilité du monde en leurs seules mains, les Américains laissent le jeu économique, culturel ou même de politique ordinaire se dérouler suivant les règles de la compétition démocratique. Par exemple que le pape ou un ministre français se rendent chez Castro les agace sûrement, mais pas au point de taper du poing sur la table. – Si Milosevic n’avait pas existé, les Américains l’auraient volontiers inventé. Pour le briser et faire exemple. – Leur action contre la Yougoslavie, et même peut-on dire contre les Albanais du Kosovo qu’ils forcent à un rôle de victimes expiatoires, viole la loi et le sens humain. Tout comme aux origines la liquidation d’Abel par son frère Caïn. Que les structuralistes désignent comme le Crime fondateur. – Au revoir, portez-vous bien.
– Toute guerre inévitable est juste. Bonaparte. – On n’a rien fondé que par le sabre. Napoléon. Bonjour. Dans les supermarchés c’est la valse des étiquettes. Mais même les petites bonnes qui font si joliment valser l’anse du panier, ne parlent que du Kosovo. Un conflit confus. Presque toutes les conversations commencent par : est-ce que les Américains ont le droit de...