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Actualités - REPORTAGES

Organisations - Tournée du Pnud et de l'UE au Liban-Nord Vers un programme de développement socio-économique intégré au Akkar

255 mille habitants, 798 kilomètres carrés, la mohafazat du Akkar représente la région la plus pauvre du pays. Dans cette zone du Liban, 41 % de la population sont âgés de moins de 15 ans, 30,5 % des adultes sont illettrés, et la population active représente 55,9 %. Au Akkar, le revenu mensuel de 22,7 % de la population n’est que de 60 mille livres par habitant. Dans une famille de six membres, seule 1,4 personne travaille, notamment dans le secteur agricole (29,6 %) et dans les services publics (17,6 %) où l’armée a le plus la cote (13,4 %). Région délaissée par excellence, malgré ses richesses naturelles (eau, forêts, plaines agricoles...) et touristiques (ruines romaines, croisées...), le Akkar manque de tout. En octobre 1998, le Programme des nations unies pour le développement (Pnud) a entamé en collaboration avec le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) et le ministère des Affaires sociales un programme d’assistante préparatoire, qui a permis entre autres de mettre en place 11 micro-projets. Relatifs à l’agriculture, l’éducation et la formation professionnelle, ces projets ont touché environ 4 500 personnes de la région. Prochainement, le Akkar bénéficiera d’un programme de développement régional intégré. Préparé par le Pnud, il sera élaboré autour de cinq axes principaux : l’infrastructure et les travaux publics, les services sociaux (santé, éducation...), l’emploi, la protection de l’environnement et la bonne gouvernance. Vendredi dernier, une délégation du Pnud présidée par le coordinateur des Nations unies au Liban Yves de San, des représentants de la Commission européenne, notamment le conseiller de coopération Giorgio Ficarelli et des délégués du CDR et des ministères de l’Agriculture et des Affaires sociales ont effectué une tournée au Liban-Nord, où ils se sont réunis à Halba avec une quarantaine de responsables de la société civile afin d’évaluer les besoins de la région. Première étape de la tournée : Batroun, le Centre de formation du ministère de l’Agriculture qui bénéficie d’un soutien français (financement et savoir-faire). M. Ghattas Akl, directeur du département du développement rural et des ressources naturelles au sein du ministère a indiqué à L’Orient-Le Jour que «pour aider le centre de Batroun, le gouvernement français a accordé un don de 9 millions de francs et un crédit à long terme s’élevant à 14 millions de francs». Des ingénieurs libanais ont été formés dans l’Hexagone et des experts de l’ONG française l’Office national des forêts sont présents dans ce centre du Liban-Nord. Au programme : formation de gardes forestiers et lutte contre les incendies. Dans le cadre de cette coopération bilatérale, le Liban a reçu en juillet dernier 4 camions et 26 camionnettes de pompiers. Malgré les incendies qui ont ravagé la région l’été dernier, ils n’ont jamais été utilisés : comme toutes les procédures administratives, l’immatriculation des véhicules traîne. 1 500 naissances par mois Un centre relevant du ministère des Affaires sociales, à Bab el-Tabbaneh (Tripoli), formait la deuxième étape de la tournée. Grâce aux projets du Pnud et à l’apport financier de donateurs, dont l’Union européenne, des stages de formation ont été organisés. L’établissement bénéficie d’une garderie et d’une salle de consultation médicale. S’adressant à la délégation, la directrice du centre, Mme Ratiba Khatib, a indiqué que «depuis presque un an, à cause des suppressions budgétaires, le centre manque de seringues et ne parvient plus à assurer le petit déjeuner des enfants de la garderie». Évoquant les projets de l’UE au Liban-Nord, M. Ficarelli a déclaré à L’Orient-Le Jour que «l’Europe a financé entre autres des stages de formation professionnelle, ainsi que la reconstruction et la réhabilitation d’institutions scolaires». Dans ce cadre, une école à Kobeyate, présentant un coût d’un million d’euros, sera bientôt inaugurée. Il a noté que «prochainement un fonds de développement économique et social sera créé. Il permettra de mobiliser des aides de plusieurs origines». En janvier prochain, l’Europe mettra en place un nouveau programme à plusieurs volets. Les projets à venir seront relatifs notamment au coût social de la transformation économique et au développement rural et régional. L’UE soutiendra également le secteur industriel du pays. Dans ce cadre, un programme qui vise le secteur privé vient d’être approuvé à Bruxelles. Des services s’élevant à 11 millions d’euros seront directement livrés aux entreprises. Amélioration de l’exportation libanaise, développement technologique et accès aux crédits figurent sur l’agenda. Industries et commerces pourront ainsi bénéficier de crédits à long terme octroyés par la Banque européenne, qui consacrera 30 millions d’euros pour ce projet. Troisième étape, Halba, où la délégation a rencontré une trentaine de représentants de la société civile à l’École nationale orthodoxe. Des membres de conseils municipaux et d’organisations non-gouvernementales ainsi que des notables du Akkar ont présenté les besoins de la région. Le chef du projet pour l’amélioration des conditions de vie au sein du Pnud, Adib Néhmé, s’est adressée aux personnes présentes en indiquant que «la délégation effectue une tournée d’inspection afin de mettre en place une échelle des priorités pour les projets de la région». Considérant les richesses à exploiter, les habitants du Akkar ont souligné entre autres l’importance de préserver l’environnement, d’aménager un dépotoir d’ordures, d’encourager l’écotourisme, de mettre en valeur les richesses archéologiques, de développer l’infrastructure (réseaux routiers, d’irrigation et d’eau potable), de créer des industries agroalimentaires, de privilégier les activités des jeunes (sportives et culturelles), de mettre un terme au travail des mineurs, d’équiper des dispensaires ambulants, de renforcer les écoles... Certains délégués ont présenté des chiffres. Dans la région, il y a des familles qui comptent 25 enfants, le nombre des naissances atteint 1 500 par mois, en 5 ans on a traité 750 cas de tuberculose. Une maladie parmi d’autres endémiques au Akkar. S’adressant aux habitants de la région, M. de San a indiqué qu’un «cadre de travail sera prochainement mis en place. Les idées de projets pour le Akkar sont en cours de gestation». Prenant pour exemple la coopération de l’Unifem et de l’UE, le représentant du Pnud a souligné l’importance de «la coopération entre plusieurs parties pour une meilleure réussite des projets de développement». M. Ficarelli a pour sa part présenté les activités actuelles de l’UE au Akkar. D’autres projets verront certes le jour. La forêt de genévriers, de cèdres et de sapins de la région de Fneideq et qui figure avec Qammoua parmi les sites naturels à protéger constituait la dernière étape de la tournée. Ce site surplombe en temps clair le lac de Homs en Syrie ; en temps couvert, le visiteur a l’impression d’être au-dessus des nuages.
255 mille habitants, 798 kilomètres carrés, la mohafazat du Akkar représente la région la plus pauvre du pays. Dans cette zone du Liban, 41 % de la population sont âgés de moins de 15 ans, 30,5 % des adultes sont illettrés, et la population active représente 55,9 %. Au Akkar, le revenu mensuel de 22,7 % de la population n’est que de 60 mille livres par habitant. Dans une...